Cannes 1939, carnet d’un festivalier

La journée a commencé très fort avec un Howard Hawks sombre et perdu dans le brouillard, “Seuls les anges ont des ailes“. Dans un port improbable coincé entre mer et très hauts sommets débarque une danseuse de cabaret de caractère, jouée par Jean Arthur. Elle va se retrouver au milieu d’une équipe de pilotes d’avion qui assure la livraison du courrier au delà de la sierra. Tous les clichés sont là, les deux copains pilotes de base, leur chef (Cary Grant), un dur et qui a beaucoup vécu. Et va débarquer celui qui a fauté, qui va être obligé d’affronter les plus grands dangers pour être réhabilité, accompagnée de sa nouvelle femme (Rita Hayworth qui crève l’écran dans ses quelques scènes), jeune mais au passé un peu chargé !

La blonde Jean Arthur

C’est très gros, mais ça marche. On les suit tous avec ravissement, et même grande émotion lorsque Cary Grant, enfin, vous savez…. Howard Hawks et ses scénaristes ont su donner une épaisseur à leurs personnages.

Les clichés sont bien là, mais sont habités, pour construire un film d’hommes, de vrais, et de femmes de rien mais totalement intègres. Un film touchant, un film d’anges d’une certaine manière.

Tourisme et tragédie espagnole

L’après-midi en salle Touchard a été assez touristique. Un film suédois, Nous deux, de Schamyl Bauman, n’aurait certainement pas eu la palme en 39. Trip insipide et sans intérêt.

Et puis une visite au Luxembourg avec deux documentaires de René Leclère. Le premier, La chanson de l’eau, véritablement touristique. Le deuxième, Circulez, sur les dangers de la circulation en ville. Peu d’intérêt, sinon celui de la découverte !

Et puis l’Espagne, mais tragique, ce film là. Espoir, Sierra de Terruel, le film qu’André Malraux a tiré de son récit romancé du même nom publié en 1937. Malraux s’était engagé dans les brigades internationales comme aviateur auprès des Républicains espagnols. C’est la trame de son récit. En 1938, il décide de faire un film à partir de certains morceaux de son récit écrit. Le tournage est incroyablement difficile dans les studios de Tarragone, alors que la guerre les entoure. Il parviendra à le finir tant bien que mal. Jean Zay, qui le voit et l’admire, décide de la programmer pour Cannes 39. La guerre repoussera sa sortie en 45.

Magnifiques images et récit prenant, séquences périlleuses d’aviation, beaucoup de visages de paysans et de militaires républicains, incroyables difficultés que rencontrent ces pauvres gens démunis de tout mais que la ferveur politique motive. Mais surtout, le film est absolument enlevé par sa dernière grande séquence d’un lyrisme poignant, ces paysans qui portent les blessés et les morts sur le flanc de la sierra de Teruel. On est, en image, à la hauteur du discours qu’il fera sur Jean Moulin.

Il était aussi important, dans ce festival 39, de faire le lien avec le front Populaire français, qui avait porté Jean Zay au gouvernement.

BC

Festival de Cannes 39 à Orléans

Du 12 au 17 novembre

Projections au Théatre et au cinéma Les Carmes

Programme détaillé et grille des projections sur le site www.festivalcannes1939.com

Pass à acheter en ligne : www.festivalcannes1939.com ou aux points de vente Office de tourisme, Auchan, Carrefour, FNAC, Leclerc.

Aucun pass vendu au Théatre ou aux Carmes.

Soirée d’ouverture mardi 12 novembre au Théatre

Remise des prix samedi 16 novembre à 19h30 au Théatre

Commentaires

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  1. “Seuls les Anges ont des ailes” semble réunir tous les suffrages, tant le film d’Howard Hawks ne souffre d’aucun défaut, un film culte et des acteurs/actrices au sommet.

    On m’avait prévenu, il devait y avoir des navets dans la programmation qui n’était pas une sélection comme aujourd’hui. “Nous deux” fait partie de ces choses bonnes à jeter. Sur ce thème (deux couples de la petite bourgeoisie qui hésitent sur leur avenir), Bergman réalisait des chefs d’oeuvre.

    En avant-première aux Carmes, Jeanne Balibar présentait “Merveilles à Montfermeil”. Ou comment traiter le cas de cette ville qui ploie sous le système Dassault. Balibar opte pour le cinéma de l’absurde. Pourquoi pas ! Cela débute très fort, mais le film s’enlise jusqu’au naufrage final. La sauce ne prend pas, pourtant les ingrédients sont là, acteurs pros et habitants des cités. Dommage ! Il sortira en janvier.

    Après ces deux ratés, je me suis offert “une Bête humaine”. de Renoir. Au moins, on est sûr d’apprécier.

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