Le public d’habitués de l’Astrolabe est arrivé en douceur pour démarrer la soirée de ce samedi sur un rock assez dur venu de Nantes. De la musique continue expérimentale a pris le relais dans la grande salle, et un couple suisse a terminé sur des complaintes visant l’esprit par les paroles et le corps par le rythme. Un bel échantillon de musiques d’aujourd’hui.
Tachycardie
La soirée a commencé avec Speltrini, groupe nantais. Trois guitaristes, dont un bassiste, et un batteur. Sur un continuum de synthé, batterie et guitares marquent un rythme répétitif. Effets de larsens recherchés et soutenus, l’ensemble est fort, très fort. Un fond de musique planante contrariée par le hachis des guitares, donc qui ne décolle pas. Un peu fastidieux et fatigant !
Tachycardie, pour que le cœur batte tous les temps
Et puis dans la grande salle de l’Astro, le tourangeau Jean-Baptiste Geoffroy et les dix musiciens invités autour de lui, dont beaucoup d’Orléanais, ont lancé leur Tachycardie. Ca bat effectivement un peu plus vite que le cœur. La percussion donne le ton, et les autres, trois soufflants, deux violons, accordéon, guitare et vibraphone, d’abord à l’unisson, développent ensuite chacun, avec de légers décalages, leur propre ligne.
On est dans la musique répétitive, assez proche d’un Terry Riley. L’enjeu est bien sûr le temps, puisque le cœur ne doit cesser de battre. Mais il y a plusieurs perceptions, la mélodie de trois notes, sa variation par rapport au musicien voisin, son évolution sur dix, vingt mesures, et l’évolution de l’ensemble des dix musiciens qui n’est pas forcément la même. Musique exigeante mais accaparante, musique hypnotique, musique fascinante. En père possessif, la percu de Jean-Baptiste domine un peu trop l’ensemble, mais le set est vraiment prenant.
Des chansons engagées et très musicales
Et la soirée s’est terminée sur les complaintes krautrock des Suisses Hypercultes. Vincent Bertholet à la contrebasse et au chant, Simone Aubert à la batterie, au chant et au synthé. Poésie des textes, précision des instruments. L’ambiance est assez berlinoise, belle tenue et évocations très riches. La culture germanophile reste très musicale, même dans ses recherches, et on frise la musique contemporaine, tout en restant dans un rock qui se souvient du garage. Les paroles en français majoritairement ont aussi quelque chose de Brigitte Fontaine, d’ailleurs déclaré, dans l’inspiration. Un son intéressant mêlant musique savante et ressenti immédiat, donc. Intéressant.
BC