Akagera, un trio qui serpente dans le jazz

Le vinyle Akagera, sorti en 1982, signé Humair, Texier et Jeanneau, était déjà formidablement africain. Le trio orléanais Benoit Lavollée, Stéphane Montigny et David Georgelet fait un clin d’œil à ses pères. Les lions de la pochette sont devenus peau de zèbre sur le cd qui vient de sortir pour un voyage un peu différent. Mais africain, lui aussi.

Drôle de trio, tout à fait inhabituel dans l’univers du jazz. Et pourtant ! Les dix morceaux qu’il propose sont complètement ancrés dans leurs origines. Le vibraphone et le marimba de Benoit se rapprochent des instruments africains, des balafons par exemple ; il sait en jouer avec finesse.

Et lorsque la batterie rehausse le son du marimba, on atteint une profondeur impressionnante de précision et d’écoute réciproque. Mais le vibraphone sait aussi se faire mélodique. Msafara, plage très dansante, marie une magnifique mélodie à un rythme endiablé scandé par le trombone de Stéphane et la batterie de David.

Un trombone basse époustouflant

Avec son large spectre, le trombone basse offre à Stéphane une expression qui va de la complainte à la rage en passant par l’émotion pure. Serpente, le morceau qui donne son nom au cd, nous fait suivre sa magnifique ligne mélodique, soulignée par le vibraphone, qui par moments prend le dessus, puis les deux repartent à égalité, répètent et accumulent de la puissance dans un moment d’attente poussé par la batterie pour éclater dans un mélange à trois puissant et libérateur.

Un jazz assumé

Certaines plages plus calmes mettent en avant les racines jazz de ces trois musiciens qui s’entendent à merveille, ce qui leur permet, au sein d’une musique très collective, de fouiller les possibilités de leur instrument. Leur inspiration africaine est très présente. D’ailleurs Famoudou Konaté, maître percussionniste malinké originaire de Guinée, est invité sur un morceau.

Mais le jazz est toujours au coin de la portée. Bayou par exemple nous évoque plus la Nouvelle Orléans que l’Afrique noire. Akagera revendique tout le parcours, toute l’histoire, de l’Afrique aux Etats Unis puis à Europe ! Mais le plaisir, la joie qu’ils trouvent dans la musique africaine les fait rester longtemps sur les origines.

BC