Herbes folles et thanatopraxie

A chaque siècle ses cimetières. Chaque époque leur imprime sa marque : sarcophages, gisants, inhumations dans les églises de préférence sous le banc familial pour être en lien avec le défunt, caveaux de taille et d’importance, simples pierres tombales, urnes dans le carré du souvenir…. La liste est longue d’une évolution qui s’accomplit en douceur et reflète l’évolution de la société. Parce qu’elle occupe avec juste raison les esprits et transforme nos habitudes, ce début de 21ème siècle a introduit l’écologie dans ces lieux pas comme les autres.

La loi Labbé du 6 février 2014 interdisant l’usage des produits phytosanitaires dans les espaces publics et chez les particuliers a prévu des dérogations pour les cimetières « classiques » ce qui n’a pas empêché des municipalités d’étendre à leurs cimetières la « démarche zéro-phyto » en vigueur dans le reste de la commune.

Malgré leur conscience professionnelle les jardiniers municipaux surchargés d’herbes folles ne parviennent pas à les éradiquer toutes dans l’ensemble de l’espace public et donc des cimetières. Stupeur chez les proches des défunts qui interpellent les ouvriers d’entretien.

A tous ceux, nombreux en cette période de Toussaint, qui sont surpris de ne plus trouver le cimetière auquel ils sont habitués avec ses allées de sable et de gravillons entre des tombes bien alignées, les paysagistes répondent qu’on « peut faire évoluer le cimetière contemporain par une réponse adaptée à chacun avec des plantes qui n’excèdent pas 10 cm, en un mot de substituer la végétalisation intelligente au désherbage manuel ». Grand changement qui va demander du temps et de la patience. Mais qu’importe face à l’éternité !

Même dans la mort l’écologie a son importance

La Toussaint suivie du Jour des Morts sont des jours de recueillement auxquels les familles sont, en très grande majorité, attachées, des jours pendant lesquels nous pensons à nos morts même si nous sommes empêchés de nous rendre sur leurs tombes. Une application nouvelle permet d’ailleurs depuis cette année de leur faire livrer des fleurs quel que soit le cimetière et l’emplacement de la tombe.

En ces journées nous repensons à la façon dont nos morts sont partis, aux soins qu’on leur a apportés pour les garder encore un peu et les préparer pour leur grand voyage. Bien souvent on a eu recours à la thanatopraxie, cette science, cet art qui permet de préserver les corps ou de retarder leur décomposition, naturelle. Soins qui ont un coût, qui présentent des risques pour les thanatopracteurs et peuvent avoir des conséquences néfastes pour l’environnement. Dans un rapport de juin 2019, le sénateur socialiste du Loiret, Jean Pierre Sueur, démontre que même dans la mort l’écologie a son importance. Aussi en plus de 57 propositions concernant la transparence des prix de ces interventions il préconise « un programme public de recherche sur les produits de substitution au formaldéhyde, produit cancérigène injecté dans le corps des défunts et donc dangereux pour les thanatopracteurs. Ses conséquences pour l’environnement sont également néfastes en raison des déchets à détruire après chaque intervention ».

C’est vrai, même dans la mort, l’écologie a sa place !

Françoise Cariès

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