Il y a eu d’abord de la guitare mixée en direct dans le soundarium, comme la veille le piano. De la musique pure. Mais ensuite, salle Vitez, une danse incantatoire a primé sur le son pour une version d’Ariane abandonnée par Thésée exprimée par le corps. Puis des poèmes du grand Rimbaud, rehaussés d’éclats de batterie et rajeunis par deux diseurs.
cl Marie Line Bonneau
Tragôdia ou Thésée moi !
Elle est déjà là, sur scène, quand le public s’installe. Elle répartit les serpentins dorés qui vont servir d’écrin à la femme qu’elle devient devant nous pour commencer son show. Une femme et son cheval de bois, une femme abandonnée comme une enfant avec son jouet, une femme qui vit avec le souvenir de son plaisir qui monte comme un orage et qui jaillit comme une fusée de feu d’artifice. Corps perdu dans une mer de paillettes, Ariane abandonnée répète à l’infini le nom de son amour, jusqu’à l’absurde, jusqu’à la folie insupportable. Et casquée d’antique, drapée de blanc, elle finit debout sur son cheval dans une pose aussi pathétique que ridicule.
Voyage dans l’expression du corps
Etonnante performance de Marlène Rostaing, qui joue mieux de son corps que de sa voix. La bande son de Didier Préaudat, un peu banale, remplit son rôle et permet à la performeuse de passer du tragique à l’ironique, du grossier au solennel, et d’exécuter ce voyage dans l’improvisation corporelle, objet du spectacle. On est pris ou on reste à l’écart, mais l’exercice est impressionnant !
L’homme aux semelles de vent
Finies les paillettes dorées. Un cercle de terre rouge se distingue dans le sombre. Une batterie au bord. Et Cécile Messinéo commence à dire Rimbaud. De longs poêmes comme on sait qu’il en écrivait, des images souvent ancrées dans la face sombre de la vie, la dureté, le malheur, la mort. Mais aussi l’énergie, comme le souligne Valentin Boraud qui prend le relais. L’énergie qui est la joie et la vie, l’énergie que Florian Satche fait monter jusqu’à la fureur sur ses tambours. Arthur Rimbaud voulait rénover la poésie, la sortir de son carcan. Tous trois sortent Arthur Rimbaud de la gangue scolaire et de la vision archétypée dans laquelle les années l’ont enfermé.
cl Marie Line Bonneau
Très bel effort qui entre en plein dans l’optique des Rami : allier les mots et les sons pour improviser une autre vision de la transmission.
BC
Soundarium
Guitare Cédric Perras
Mise en son: Terence Briand
Tragôdia ou thésée moi !
Danse et performance vocale Marlène Rostaing
Création sonore Didier Préaudat
Création lumière Patrick Cunha
L’homme aux semelles de vent
Jeu et mise en scène Cécile Messinéo
Jeu Valentin Boraud
Batterie Florian Satche
Attention: il reste des places pour le concert événement de Brigitte Fontaine dimanche à 17 h 30: pour réserver
Merci de ne pas utiliser les photos sans l’autorisation de l’auteur de celles-ci.