Rajeunissement, réconciliation et représentation des territoires. Christian Jacob le nouveau patron des Républicains a construit la nouvelle direction du parti autour de ces trois pôles. Alors que LR connaît une crise existentielle, dos au mur, le chef des Républicains, a choisi de frapper fort et de renouveler autant que possible les équipes dirigeantes de la droite française.
Guillaume Peltier vice-président délégué de LR
Dans un souci de réconciliation et de rajeunissement Christian Jacob a choisi Guillaume Peltier qui avait renoncé à se présenter contre lui à la présidence du parti. À 43 ans, ce sarkozyste, député du Loir-et-Cher, occupe désormais le poste de vice-président délégué autrement dit de numéro 2. Il n’était que numéro 3 dans l’ancienne équipe. C’est lui qui prendrait la présidence du parti en cas de vacance du pouvoir. À ses côtés, il pourra compter sur le jeune député du Lot Aurélien Pradié, valeur montante à droite, qui occupe la fonction stratégique de secrétaire général. Ce duo incarne une droite populaire qui ne craint pas de s’emparer de thèmes sociaux, comme le pouvoir d’achat et le handicap, « des marqueurs politiques qui s’éloignent de la seule obsession régalienne et identitaire », dit-on à LR.
François Baroin le retour
Cherchant par-dessus tout à rassembler Christian Jacob a donné des gages à ceux qui avaient pris leurs distances avec la famille. François Baroin, le maire de Troyes sur qui d’aucun chez les LR placent leurs espoirs pour les élections présidentielles de 2022, fait ainsi son grand retour au sein d’un comité stratégique qui se réunira tous les quinze jours. Il y côtoiera Gérard Larcher, président du sénat, Renaud Muselier, tout nouveau patron des régions de France, les présidents de groupes parlementaires ainsi que Julien Aubert et Guillaume Larrivé, les deux rivaux malheureux dans la course à la présidence.
François Baroin voit sa position confortée avec l’installation à ses côtés de la députée de Troyes, Valérie Bazin-Malgras, une proche. Elle est l’une des six vice-présidents aux côtés des sarkozystes Frédéric Péchenard, Gilles Platret, Virgine Duby-Muller, de Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, proche de Bruno Retailleau, et de Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne. La présence de ce dernier est loin d’être fortuite, cet élu a été longtemps perçu comme Macron-compatible. Des signaux sont également adressés à Xavier Bertrand, pourtant parti de LR depuis deux ans. Deux de ses proches, le député Julien Dive et la vice-présidente de Normandie Sophie Gaugain, intègrent la direction. Rien à priori en direction de Valérie Pécresse..
Une ex-filloniste à la tête du « Parlement du parti »
Les instances évoluent également. Chacune des treize régions sera représentée par un secrétaire général régional, une nouveauté dans un parti qui par tradition comptait essentiellement sur ses parlementaires. La fin du cumul des mandats est passée par là et beaucoup de nouveaux dirigeants sont des élus locaux. Le conseil national, le « Parlement du parti », est désormais présidé par Annie Genevard , députée du Doubs, une ex-filloniste. Christian Jacob a souligné combien il tenait à l’ancrage local. « On nous a beaucoup reproché une gestion trop parisienne. L’idée c’est de déconcentrer et on a pratiquement parité », dit-il et près de 50% de l’équipe dirigeante est composée d’élus des territoires
« Une fois l’équipe installée, son premier grand chantier sera de bâtir un logiciel idéologique », dit Christian Jacob. Dans ce but, une Fondation politique, inédite à droite, doit être installée. Présidée par Jean Leonetti, elle sera un laboratoire d’idées comme l’est depuis longtemps pour le PS la Fondation Jean-Jaurès. Autre nouveauté, le jeune député Pierre-Henri Dumont doit s’atteler à bâtir un nouveau mouvement de jeunesse autonome. Une priorité pour un parti vieillissant. Il lui reviendra d’organiser la prochaine rentrée politique de septembre. Depuis plusieurs années, la droite faisait sa rentrée éparpillée entre La Baule, Le Touquet, Bordeaux etc. Cette fois, un nouveau lieu, unique, doit être trouvé. Un lieu comme un symbole.
Les anciens caciques n’ont pas été oubliés : Nadine Morano, Rachida Dati, Renaud Muselier seront toujours conseillers politiques.
Pour mener à bien la recomposition de son parti, Christian Jacob a déjà fixé deux grands rendez-vous, un conseil national avant la fin de l’année pour entériner les investitures aux municipales et un congrès avant l’été proclamé « grand rendez-vous des idées ».
F.C.