Cannes 1939, le festival retrouvé

Orléans va renouer avec le cinéma: oubliées les Journées Cinématographiques ou la Biennale du Cinéma Japonais, c’est avec un événement d’envergure que la ville va fêter du 12 au 17 novembre prochain, le cinéma, avec une étonnante reconstitution du premier Festival de Cannes de 1939, celui qui, pour cause de guerre, n’eut pas lieu. Evénement cinématographique mais aussi hommage à celui qui conçut ce projet devenu réalité après la guerre, Jean Zay, député du Loiret puis ministre de l’Education Nationale et des Beaux Arts en 1936 avec le Front Populaire.

Le Magicien d’Oz avec Judy Garland

Un festival à l’échelle de la ville

Le projet de ce festival est parti d’une idée un peu irréaliste, une sorte d’uchronie, le pari de reconstituer ce festival disparu en septembre 1939 pour cause de mobilisation suite à l’agression de la Pologne par l’Allemagne nazie. D’autant que ce festival n’était pas qu’un projet, tout était prêt pour l’ouverture: la sélection des films de tous les pays participants (y compris la Tchécoslovaquie qui entre temps avait été envahie par l’Allemagne), le jury était constitué, et les stars américaines étaient déjà sur le paquebot qui devait les amener en France: la fête pouvait commencer !

Une tâche colossale

Le Cercle Jean Zay s’est donc attelé à une tâche colossale il y a trois ans pour ne pas manquer ce rendez vous du quatre vingtième anniversaire, et c’est à une reconstitution grand format qu’il convie les Orléanais en novembre, avec bien sûr tapis rouge et cérémonie d’ouverture (au théâtre, avec le comédien Alex Lutz en maître de cérémonie), vieilles voitures et costumes d’époque, mais aussi pratiquement tous les films présentés en compétition, un jury de professionnels du cinéma, des séances non-stop au cinéma des Carmes, des projections scolaires, le tout accompagné de conférences sur le cinéma et l’histoire.

Jean Zay ministre du cinéma

Ce festival de Cannes 1939 voulu et concrétisé par Jean Zay n’était pas qu’une réplique à la Biennale de Venise alors dominée par l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie. Ce festival non seulement s’inscrivait dans une volonté de résistance à la montée des périls en Europe, mais était le résultat aussi de l’action menée par Jean Zay depuis quatre ans en faveur du cinéma français.

Car jean Zay convaincu de l’importance de l’art cinématographique comme vecteur de valeurs humanistes s’est, dès les premiers mois de son action ministérielle, employé à sortir le cinéma français du marasme qu’avait provoqué l’apparition du parlant quelques années plutôt. L’économie du cinéma français était alors malade et Jean Zay réussit à mettre sur pied une réforme de la filière de production qui satisfaisait créateurs, producteurs et syndicats: c’est cette réforme qui permit la création du CNC (Centre National du Cinéma) organisme qui aujourd’hui encore garantit au cinéma français son dynamisme et sa créativité.

Un programme copieux

Et le programme des films sera copieux avec en soirée d’ouverture l’un des plus grands chefs d’œuvre esthétique du cinéma mondial Alexandre Newski sur une musique de Prokofiev, film du réalisateur soviétique Sergeï Eisenstein dont tant de cinéastes continuent de s’inspirer, mais aussi des trésors du cinéma américain avec l’inoubliable “Magicien d’Oz”, proposé avec un programme de Walt Disney ou cet ardent plaidoyer pour la démocratie de “M. Smith au Sénat” (Franck Capra).

Alexandre Nevski Sergeï Eisenstein

Des curiosités comme cette comédie musicale soviétique dans un kolkhoz “Les tractoristes”, un Hitchcock anglais “La taverne de la Jamaïque”, histoire de sinistres naufrageurs, et le cinéma français ne sera pas en reste avec “L’enfer des anges“, drame social de l’enfance ou “La charrette fantôme” de Julien Duvivier et bien d’autres grands noms de l’histoire du cinéma que l’on pourra croiser lors de ce festival posthume: Cécil B. DeMille, Howard Hawks, Leo McCarey, Jacques Feyder, Jacques de Baroncelli, Mikhaîl Romm et d’autres moins connus qui eurent l’honneur de faire partie de cette sélection du premier festival de Cannes.

Et de nombreux événements

Pour éclairer notre regard seront projetés une vingtaine de films documentaires sur l’époque, des leçons de cinéma avec les professionnels présents au jury, un jury lycéen portera aussi son regard sur les films, un concours d’éloquence avec les Aselqo et l’Université et des lectures  de “Souvenirs et Solitude” de Jean Zay le dernier jour du Festival avec Arthur Nauziciel et l’historien Patrick Boucheron…

Un événement cinématographique exceptionnel, populaire, festif et mémoriel en hommage au ministre visionnaire que fut Jean Zay.

GP

“Cannes 1939”

du 12 au 17 novembre au cinéma des Carmes et au Théatre d’Orléans et un peu partout dans la ville d’Orléans

Le programme des projections et la billetterie: 
https://www.festivalcannes1939.com/

 

Commentaires

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  1. Et toujours rien concernant la venue à Orléans des actuels responsables du Festival de Cannes. Boycott ?

    Quant au ministre de la culture, viendra-t-il ? Craindrait-il quelque chose après la nomination très controversée, et c’est peu dire, du nouveau Directeur du CNC, que certains accusent d’être le fossoyeur du cinéma d’auteur ?

    • Pour info, Thierry Fremaux, délégué général du Festival de Cannes a décliné l’invitation pour le jury mais sera présent à l’ouverture de Cannes 1939.

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