Séverine Chavrier, directrice du Centre Dramatique d’Orléans, présentait ce mardi à la presse les temps forts de cette nouvelle saison théâtrale dont le thème sera cette année l’enfance: avec les enfants, pour les enfants, sur les enfants, les points de vue varieront tout au long de cette programmation 2019/2020.
Henrietta Lacks © magda-hueckel
Pourtant le premier spectacle de la saison proposé cette semaine serait plutôt la queue de comète de la saison précédente consacrée aux femmes dramaturges ou metteuse en scène, avec le spectacle d’une créatrice polonaise, Anna Smolar, spectacle qui interroge la bioéthique à propos des cellules prélevées à une femme noire américaine qui servirent en culture à tous les labos de recherche à travers le monde:”ce spectacle permet des monuments à ceux envers qui nous avons une dette”. L’occasion aussi de découvrir la création polonaise contemporaine à l’heure où le prix Nobel de Littérature a été remis à une autre auteure polonaise engagée, Olga Tokarczuk, en même temps qu’au grand dramaturge autrichien Peter Handke.
En guise de transition
Sylvia c Hubert Amiel
Et puis en forme de transition, le CDN proposera “Sylvia”, une pièce de théâtre montée comme un film en cours de tournage, sur le destin tragique, comme un écho dramatique au texte de Virginia Woolf, “Une chambre à soi”, de la poétesse Sylvia Plath déchirée entre sa nécessité d’écrire et son désir de répondre aux codes américains des années cinquante de la bonne épouse et de la bonne mère, déchirure qui la conduira au suicide à 31 ans. La mise en scène de Fabrice Morgia propose un “cinéma-théâtre opératique” accompagné par la chanteuse An Pierlé et son quartet avec sur le plateau une quinzaine de femmes actrices, techniciennes, ou musiciennes reconstituant les fragments d’une vie de femme à la fois ordinaire et borderline.
Et deux créations en décembre
Première création de la saison, puisque comme le rappelle Séverine Chavrier l’accueil de création fait aussi partie des missions du CDN, avec “Kind” de Peeping Tom, troisième volet après “Vader” puis “Moeder” sur les émotions cachées dans les constellations familiales. Et deuxième création en décembre, avec Mohamed El Khatib, le metteur en scène orléanais, déjà programmé à plusieurs reprises au théâtre d’Orléans qui revient une nouvelle fois avec un travail intitulé “La Dispute”, invitant les enfants de parents séparés à prendre la parole, une fiction sur le réel, au beau milieu de cette déchirure amoureuse vécue et dite par des enfants.
Retour en force des Soli
Les Soli reviennent en force pour cette saison sous la forme de trois épisodes pour explorer une nouvelle forme théâtrale qui peut s’intituler “conférence” ou pour certain conférence gesticulée, bref il s’agit de textes plus ou moins improvisés, plus ou moins joués portant sur un sujet ou pas de sujet, une forme qui interroge, sous-tendant parfois une forme d’engagement de l’artiste, une forme dans l’air du temps puisque les aficionados de la Dispute de France Culture ont pu entendre Lucile Commeaux consacrer sa chronique à ce qu’elle appela la “non-fiction”.
Trois séquences qui s’étaleront sur les mois de janvier et février, dont certaines seront hors les murs du théâtre, avec “Qui a tué mon père” d’Edouard Louis,, “La Conférence sur rien” de John Cage, “Le pas grand chose” de Johann Le Guillerm et quelques autre curiosités solitaires à découvrir, dont une proposition originale pour le jeune public: “Simon et la méduse et le continent”.
D’autres créations sont au programme de cette saison 2019/2020 du CDNO avec en prime un spectacle surprise, et bien sûr fin avril, la création de Séverine Chavrier “Aria da Capo”, sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir…
GP
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