Petits travaux d’automne au conseil départemental

La déviation de Jargeau, le retour aux 80km/h, et une éclaircie sur le front social ont animé une petite session au Département.

Le futur pont sur la Loire cristallise des oppositions

Avant la session de décembre réservée au vote du budget primitif les conseillers départementaux se retrouvent toujours en octobre pour une session d’ajustements, de mises à niveau et de rallonges budgétaires. La dernière séance n’a pas failli à la règle avec une rallonge de 3 millions d’euros pour le RSA. Sur ce sujet l’optimisme est presque revenu : certes le département consomme encore 90 millions d’euros pour ce revenu versé à 15 000 familles. Mais un nouveau dispositif mis en place pour l’insertion (avec le recrutement d’une directrice venue du privée et le renfort de 19 conseillers en insertion professionnelle) commence à porter ses fruits. Ainsi alors que le nombre de nouveaux bénéficiaires a cru de 8,5% entre 2018 et 2019 le taux de sorties a progressé de 13,5%. En septembre les services ont ainsi enregistré deux fois plus de sorties que de nouveaux entrants.

Fiscalité volatile et instable

Des crédits ont également été affectés au 3ème âge et aux personnes handicapées mais pour la première fois les crédits pour les mineurs étrangers non accompagnées ont reculé de 1,2 million, fruit de moindres arrivées, de la mise en place d’un fichier national et de l’ouverture d’un centre d’accueil à Ouzouer-sur-Loire.

La semaine prochaine tous les présidents de départements se retrouveront à Bourges pour le congrès de leur association nationale. Une occasion de mettre à nouveau les pieds dans le plat de la fiscalité. Pour compenser la perte par les communes de la taxe d’habitation le gouvernement va transférer la taxe sur le foncier bâti des départements aux communes. Dans le même temps les départements recevront une part de TVA. « Mais ce sont des recettes volatiles et fragiles a insisté le président Marc Gaudet, que l’activité se rétracte et nous aurons moins de recettes ». On n’en est pas là aujourd’hui : les droits de mutation ont progressé de 5 M€ et les recettes de 11 ce qui a permis de réduire l’emprunt de 19 millions.

Désinformation, manipulation ?

Marc Gaudet, président du conseil départemental

Les débats du département en fait ont avant tout porté sur le retour aux 90km/ sur une partie du réseau routier, en fait sur 480 km seulement. La minorité écologiste et socialiste de l’assemblée a refusé ce retour en arrière. Autre débat encore sur la déviation de Jargeau et sur les polémiques nées de ce projet de franchissement de la Loire : « on a défriché 4 ha de forêt plaide Marc Gaudet mais la surface des forêts françaises a doublé en 200 ans. Les opposants usent de désinformation, d’irrationnel et souvent de manipulation ». Les préparatifs des travaux se poursuivent donc avec le lancement des études archéologiques en 2020. Pas question en effet de revenir sur ce projet qui va « permettre de contourner des habitations et de réduire ainsi les nuisances des riverains ».

J.-J.T

Commentaires

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  1. On peut être pour ou contre la déviation de la RD 921 dite « de Jargeau » et le pont sur la Loire qui l’accompagne, mais il convient, comme le réclament d’ailleurs les uns et les autres (!) d’éviter la désinformation et la manipulation.
    Monsieur Gaudet minimise la surface boisée récemment défrichée à Latingy, sur la commune de Mardié (il oublie les défrichements antérieurs dans le Bois des Comtesses à Saint-Denis de l’Hôtel) en expliquant que la forêt française ne cesse de croître depuis deux siècles – ce qui est tout à fait vrai, à cause de la déprise agricole. Mais ce que M. Gaudet ou les technocrates qui l’inspirent oublient, c’est que la valeur environnementale d’une étendue boisée ne se mesure pas qu’en hectares, ni même seulement par la qualité des essences ou des sujets qui la peuplent.
    Il se trouve que le Grand Bois de Latingy, tout comme le Bois des Comtesses, sont des forêts fort anciennes, âgées de beaucoup plus de deux siècles. Ce qui signifie que leurs sols sont intacts de toutes pollutions ou transformations liées à l’agriculture moderne. Ils sont très riches en espèces végétales ou animales très variées, pas forcément spectaculaires, mais que l’on ne trouve pas dans les friches ou plantations boisées récentes gagnées sur les zones de culture. La plante classée comme patrimoniale et “découverte” dans le Bois des Comtesses n’est pas seulement intéressante en elle-même : elle est le signe de la présence d’une biodiversité riche et originale. L’étude d’impact effectuée sur le tracé de la déviation notait d’ailleurs parfaitement cela pour les deux ensembles boisés – aucun compte n’en a été tenu.
    D’autre part, il suffit de regarder une carte, ces bois sont en quasi continuité avec la forêt d’Orléans et mènent jusqu’à la Loire. Ils forment non seulement une “ceinture verte” (et globalement très sauvage) à l’Est de la métropole orléanaise, mais aussi un corridor biologique fondamental entre la Forêt et la Sologne via la Loire : les traversées du fleuve par les grands mammifères à cet endroit sont relativement fréquentes. C’est vrai aussi pour des espèces moins repérables. Comment ne pas croire qu’une route large, où les véhicules circuleront nombreux et à vive allure, ne formera pas une barrière supplémentaire qui s’ajoutera à celle de la RD2060 ? Et, au-delà, ce sont encore des dizaines d’hectares supplémentaires qui seront artificialisés et imperméabilisés.
    La déviation pose aussi des problèmes par la construction du pont, le risque karstique et les modifications, totalement imprévisibles, qui s’en suivront sur la circulation des eaux souterraines. On est dans une des zones de « perte » les plus importantes qui, depuis la Loire, alimentent les nappes du Val sud et le Loiret.
    L’argument selon lequel il faut construire la nouvelle voie sur ce tracé parce qu’il n’y a (presque) pas d’habitants le long est tout aussi faible : c’est justement, et au contraire, parce qu’il n’y a que très peu d’activité et d’emprunte humaine qu’il faut préserver ces lieux. Non par sentimentalisme irrationnel ou amour de la nature déconnecté des réalités, mais parce que, à l’inverse, il devient urgent de préserver, conserver, ces “réservoirs” relativement peu anthropisés – sauvages pour dire les choses autrement.
    Les arguments qui s’opposent à la déviation, et singulièrement sur le tracé choisi, ne sont donc pas irrationnels si l’on veut bien les regarder honnêtement. On peut, bien sûr, leur préférer ceux qui vont dans le sens de la fluidité (et donc de l’augmentation) de la circulation automobile, et singulièrement de celle des poids-lourds entre la RD2060 et le Sud de l’agglomération orléanaise. Il s’agit là, en fait, de la véritable motivation de ce projet, beaucoup plus que la tranquillité que l’on fait miroiter aux habitants de Saint-Denis ou Jargeau et qui n’en sera qu’un effet collatéral, bien évidemment très positif pour eux.
    Il est donc permis d’être favorable à la réalisation de cette déviation si, excusez-moi, on raisonne à courte vue. Mais prétendre, comme le font les responsables du Département, qu’elle respecte l’environnement, qu’elle est “écologique” sous prétexte que l’on prend quelques précautions et que l’on embauche un écologue pour suivre les travaux relève soit de la naïveté, soit de l’enfumage (pour ne pas dire désinformation). Ou des deux à la fois, on peut le craindre.

  2. Bonjour,
    Coté désinformation, la balle est dans le camps de Marc Gaudet, le projet de pont et de déviation ne réglera ni les problèmes de circulation ni les nuisances (cf l’étude trafic commandé par le conseil général à la Sormea https://frama.link/etudetraficdeviationjargeau), 200 ha de forêt “industrielle” n’est pas à mettre en regard de 5ha de forêt en bord de Loire, site naturel unique classé à l’UNESCO, tout cela en tout cas ne justifie pas le fait que le conseil général consacre l’équivalent de son budget annuel d’investissement pour un projet qui ne concerne qu’une petite partie du département et surtout sans avoir étudié de façon sérieuse les alternatives à cette déviation et ce pont.
    Cdlt

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