Instant rêvé. Ce samedi, au Théâtre d’Orléans , en ouverture de sa saison, l’Orchestre symphonique d’Orléans placé sous la direction de Marius Stieghorst donne un concert au programme “Embarquement immédiat” miroitant de mille feux et de mille jeux de musiciens. Tout débute par le “Tahiti Trot” de Chostakovitch qui s’empare du fameux thème “Tea for Two“: le charme est pétillant, merveilleusement enlevé; il s’agit là d’un véritable sourire musical enivrant qui ne peut que susciter l’enchantement .
Survient ensuite la délicate Petite Suite “En bateau” , de Debussy , pièce orchestrée par Henri Büsser, oeuvre caressante et aérienne à la flûte délicieusement moirée, à la justesse harmonieuse et à la remarquable sensibilité des pupitres. Il s’agit là d’une oeuvre mouvante et émouvante qui laisse déjà présager que ce concert n’aura de cesse de faire la part belle aux différents solistes sans faille de l’orchestre.
Lui succède le “Colliwogg’s Cake-Walk” de “Children ‘s corner”, de Debussy, orchestré par André Caplet . Tout est ici profondément malicieux. Voici une ronde subtile tour à doucement bondissante ou penchant vers l’abandon.
Maroussia Gentet , pianiste à l’émouvante virtuosité
Eblouissant est ensuite le
“Concerto pour piano et orchestre, en sol majeur “, de Maurice Ravel. Dés les premières mesures
Maroussia Gentet nous emporte en toute limpide intimité dans l’âme de l’oeuvre. Ici, cette interprète semble effleurer le clavier de l’instrument lumineux et parfois ombrageux, n’a de cesse de dialoguer avec les différents pupitres , celui si doux de la harpe , ceux étincelants des cuivres (où le trompettiste Vincent Mitterrand est résolument l’un des nombreux soleils de tout ce concert de rentrée).
Sans cesse , Maroussia Gentet se love au creux de la respiration commune avec un jeu d’une fluidité cristalline envoûtante. Ensorcelante fée qui se fait les griffes ou les ailes sur les touches , elle fera naître dans l’Adagio assai, une souveraine mélancolie. Ici le temps se suspend à son envol offert avec flamme et pureté tant elle semble s’effacer devant la merveille de l’instant musical émouvant qu’elle fait cependant naître. Longuement applaudie, tant par la salle que par l’orchestre, la grande lauréate du
Concours international de piano d’Orléans 2018 donnera en rappel, toute sensibilité déliée et furtive à la clé , le
“Noctuelle” des Miroirs, de Ravel. Nouveau ravissement.
Festin musical et panache enthousiasmant
Place en seconde partie aux immenses
“Tableaux d’une exposition “, lame de fond musicale de Moussorgski dans une orchestration de 1922 signée Maurice Ravel . De cette œuvre fleuve,
Marius Stieghorst offre une vision opératique. Lors de cette promenade au cœur de tableaux semblant prendre chair musicale, nous nous trouvons devant une sorte de ballet enflammé , vision d’un chef unissant les timbres de l’orchestre dans un même frémissement . En vérité, ce peintre inspiré de la direction d’orchestre, suscite la fulgurance , cisèle la puissante architecture d’une œuvre, cathédrale de puissance et de douce orfèvrerie.
Célébration et festin musical magistral, tel est ce qu’il nous livre en toute osmose avec de beaux interprètes captant de concert toute intention. Ce samedi, non content d’avoir soulevé l’enthousiasme et l’admiration du public, l’Orchestre donne sans férir en rappel rien de moins que “La danse du sabre“, de Khatchatourian, tirée de “Gayaneh”. Une nouvelle fois le souffle audacieux de l’orchestre est radieux. Et son panache de virtuosité, enthousiasmant.
Jean-Dominique Burtin.
Photos de répétition: M.T.
Nouveau concert dimanche 13 octobre, 16 heures ,
Salle Touchard, Théâtre d’Orléans.
A noter: à l’entracte, Maroussia Gentet vient à la rencontre du public dans le grand hall du Théâtre et dédicace son disque “Invocations”, Concours Orléans live, opus où elle interprète des œuvres de Marco Stroppa, Maurice Ravel, Alex Nante, André Jolivet, Philippe Schoeller.