Bon. Comme annoncé et attendu, c’est bel et bien un concert à couper le souffle qu’a offert ce dimanche matin, salle de l’Institut, la jeune pianiste Nour Ayadi, lauréate du Prix Alfred Cortot 2019 jeune femme qui poursuit par ailleurs ses études à Sciences Po et qui nous a offert, en ouverture de son récital, rien de moins que ce morceau de bravoure que constituent les Etudes Symphoniques opus 13 et Variations Posthumes, de Robert Schumann. Quarante minutes durant, excusez du peu, devant une salle quasi comble qui ne ménagera pas ses applaudissements et rappels à l’issue, Nour Ayadi excelle dans ce programme romantique au long-cours faisant varier avec une présence de chaque instant les mille et un climats.
Tout est ici tour à tour éthéré, d’une implacable intensité, louvoyant de miroitements abandonnés, proche de la danse, animé d’un souffle inspiré qui ne peut que nous aspirer, faire tourner la tête et battre fermement le cœur.
Pur et saisissant toucher dompté avec âme
Outre cette pièce à la puissante, bruissante et délicate architecture, Nour Ayadi interprète également trois préludes de Debussy puis les quatre Miniaturen de Johannes Borowski, pièce contemporaine, et enfin Liszt.
L’enchantement est sans cesse là, avec élan, justesse de toucher affûté, rondeur pleine de velours. Souvent, on croirait cette belle artiste toquer de la touche à la porte du ciel avec une pudeur et une précaution infinie. Elle ne fait ainsi qu’offrir de manière magistrale une suite de partitions cousue de perles d’eau. Quel saisissant et pur toucher dompté avec âme !
Au sein du programme mis à la disposition du public, Orléans Concours International, initiateur de ce rendez-vous, avait tenu a mettre, merveilleuse attention en direction du public, une note écrite de l’artiste.
En voici un extrait: “Ce choix de programme est d’abord un reflet de mes goût personnels. Il s’agit aussi pour moi de montrer la dimension orchestrale de l’instrument, tant par l’écriture virtuose de Franz Liszt que par l’esprit symphonique et imaginatif de Schumann. Les palettes sonores et les différentes couleurs mises en avant par les deux compositeurs transparaissent à travers le timbre d’un seul instrument et leur génie permet de retrouver cette grandeur et cette plénitude qui sont à leur comble”.
Humble et rayonnante rencontre avec le public
Enjouée et rayonnante de simplicité, Nour Ayadi viendra ce dimanche matin, à l’issue de son concert , lors du cocktail offert volontiers par
Orléans Concours International, à la rencontre du public et nous confiera à quel point elle a ressenti
“la chaleur humaine” de cette salle qui bénéficie, merveilleusement, avouons-le , au fil du temps , d’une patine sonore de tant et tant d’interprètes et d’applaudissements du public.
Dans le grand hall de l’Institut, elle y recevra de dimanche matin, les hommages conviviaux des uns et des autres dont celui de la dessinatrice Geneviève Mansu, mélomane qui n’aura pu résister à lui offrir les lignes de ses dessins , portrait en harmonie, selon elle, avec les ondes du récital.
Patrick Nachbaur / Nour Ayadi
Bref, Orléans Concours International, dont ce premier concert a été présenté avec précieuse attention, souriante prestance et élégance par Patrick Nachbaur, secrétaire de l’association, a souligné combien, comme le désire Isabella Vasilotta, directrice artistique d’OCI , combien les jeunes étoiles du piano ne sont qu’invitées à officier, “main dans la main”, avec des organisateurs qui n’ont pour seul désir de les valoriser et de combler les mélomanes.
Jean-Dominique Burtin.