Les associations de défense des majeurs étrangers déçues par l’attitude de la préfecture du Loiret

Une trentaine de personnes se sont retrouvés le jeudi 5 septembre à Orléans en fin de journée devant la préfecture du Loiret pour demander au nouveau préfet des mesures fortes pour soutenir les 137 majeurs étrangers qui survivent dans le Loiret en cette rentrée. Toutefois la délégation est ressortie déçue de son entretien avec le secrétaire général de la préfecture. Compte-rendu de cette rencontre avec Chantal et Nelly, du COJIE

La manif pour les mineurs isolés

« Aucun jeune (étranger) à la rue le 1er septembre ». Cette phrase forte du nouveau préfet du Loiret Pierre Pouëssel a mis du baume au coeur aux associations du COJIE. Ce collectif de soutien aux Jeunes Isolés Etrangers du Loiret n’a pas ménagé sa peine cet été pour faire entendre les problèmes de ces « sans-voix » avec rappelons-le le décès d’un jeune étranger à Orléans (

Le préfet s’est donc engagé à trouver un toit pour ces 137 jeunes « au cas par cas ». Un préalable nécessaire mais pas suffisant, rappelle le COJIE, pour ces jeunes qui à 18 ans ont perdu le 31 août dernier le soutien financier et administratif de l’Aide Sociale à l’Enfance financé par le département. C’est pourquoi une délégation composée de trois jeunes et de deux membres du COJIE a été reçue en préfecture le 6 septembre, non par le préfet lui-même mais par Ludovic PIERRAT, le secrétaire général et Sylvie Gonzalès, la directrice des sécurités.

Des jeunes étrangers qui vivent dans une insécurité permanente

Une entrevue de plus d’une heure et demi, au cours de laquelle les trois jeunes majeurs ont pu exprimer l’insécurité permanente dans laquelle ils vivent concernant leur avenir, leur hébergement. Avec un parcours du combattant incessant au quotidien que l’on a du mal à imaginer pour se nourrir, obtenir des fournitures scolaires ou des tickets de bus ou de tram. Ils ont aussi évoqué leurs difficultés pour trouver un travail, une place en lycée mais aussi pour payer les cartes de séjour délivrés par la préfecture (340 euros pour un visa de régularisation).

Nombreuses revendications de la part du COJIE

De leur côté, les deux membres du COJIE ont rappelé les promesses du préfet et les mesures qu’il faudrait prendre rapidement pour assurer à ces jeunes adultes des conditions de vie décentes dans notre pays : réintroduction de l’APJM (aide pour les jeunes majeurs), titres de séjour “Vie privée et Familiale”  ou “Salarié” et non “étudiant”, mise en place d’un accompagnement éducatif et social jusqu’à une sortie en autonomie (séjour, travail, logement…), attribution d’une aide financière pour le paiement des taxes liées au titre de séjour, régularisation des jeunes majeur·e·s qui sont frappé·e·s depuis plusieurs années par des refus de titre de séjour. Pour les plus anciens toujours sous statut « étudiant » : changement pour un titre « salarié. Et enfin que l’hébergement des un·e·s ne résulte pas d’une mise à la rue des autres.

Quelques avancées côté préfecture.

Le secrétaire général a lui rappelé certains principes : les majeurs doivent justement quitter les hôtels pour laisser la place aux mineurs isolés, rappelant toutefois que par « souci d’humanité »le préfet  a stoppé la mise à la rue des jeunes majeurs le 31 août.
La préfecture travaille aussi sur la mise en place de dispositifs pour remplacer l’hébergement à l’hôtel avec le recrutement de quatre travailleurs sociaux pour la gestion des démarches administratives.
La préfecture a aussi donné des titres de séjour mais là aussi « au cas par cas » mais ne pouvant influencer le conseil départemental, les jeunes sont invités à se tourner vers les associations d’aide d’urgence pour subvenir à leurs besoins.

Le COJIE dénonce un entretien ponctué de phrases culpabilisantes

Les trois jeunes étrangers présents à cet entrevue ont essuyé des commentaies du genre « vous demandez à être mieux traités que les Français » ou à propos des frais des titres de séjour : « Les Français se payent eux-mêmes leur passeport et leur visa » . Il leur a été dit toujours selon les membres du COJE de faire preuve de bonne volonté, d’adaptation (“gentils, ponctuels, pas fainéants…”) pour fournir de la main d’oeuvre aux entreprises du bâtiment et de l’agriculture qui manquent de bras.
La délégation est ressortie de la préfecture sans aucun calendrier, ni de véritables réponses à leur revendications.
Très déçu le COJIE a résumé en ces termes la réunion : « Le préfet tant salué pour son entrée « humaniste » à Orléans renvoie le COJIE vers le pire des cadres de la préfecture. “Discours cadré et refus de dialogue.”
La soirée, elle, s’est achevée par un repas solidaire avec les jeunes, chacun ayant apporté un repas pour soulager ces jeunes « symboliquement » au moins un soir.
Sophie Deschamps

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