La conférence de rentrée est une tradition à laquelle Gérard Larcher, président LR du Sénat, ne déroge jamais. A l’aube de « l’acte deux du Nouveau monde » le patron de la Haute assemblée a livré ses observations, son diagnostic et ses attentes en dirigeant politique « disponible mais vigilant », sans s’inscrire dans une posture d’opposant direct et systématique, mais conscient et soucieux d’incarner un « contre-pouvoir ».
Avec son habileté coutumière, le sénateur de Rambouillet (Yvelines) a commencé par concéder que le G7 de Biarritz « fut une bonne séquence » au plan international. Mais l’observateur attentif qu’il est s’est empressé de souligner, en le regrettant, que « la relation franco-allemande se soit appauvrie et qu’il n’y ait aucune réponse au flux migratoire ».
Puis il a taclé ouvertement le gouvernement « qui a réduit ses ambitions en matière de redressement des comptes publics » avant d’enfourcher son cheval de bataille favori, celui de représentant des territoires qu’il n’en finit pas de sillonner allant à la rencontre des élus et des populations.
Les élus locaux doivent reprendre leur place
Comme toute rentrée celle-ci est pleine de bonnes résolutions. En homme d’expérience, Gérard Larcher attend que l’on « passe des déclarations aux actes » en particulier qu’on « en finisse avec la verticalité » et que l’on retrouve « la vertu du dialogue social ».
Après avoir rappelé son attachement « à l’autonomie financière et fiscale » des territoires, le président du Sénat a martelé, « il faut que les élus locaux reprennent leur place dans la représentation de la nation. C’est le local qui inspire le national ». Sur ce point, « le Sénat sera vigilant » a-t-il affirmé avant de donner quelques exemples glanés dans ses déplacements, le dossier Toyota réglé dans les Hauts-de-France, des solutions trouvées pour traiter le plastique en mer avec des micro-entreprises locales dans le sud. Santé, économie, emploi, environnement, désertification, crise des gilets jaunes en sommeil mais non réglée, « il faut repartir des réussites et des difficultés du pays » a-t-il insisté.
Les menaces et les agressions dont sont l’objet des maires dans l’exercice de leurs fonctions ne le laissent pas indifférents. Au contraire et il a rappelé que le Sénat a lancé, à travers sa commission des lois, une consultation sur ce sujet. A ce jour 2500 contributeurs ont répondu. « On est dans une société plus violente qu’avant. Il faut un accompagnement juridique des maires. Ils se trouvent démunis face à l’exécution des décisions de justice, quand il faut verbaliser. Il faut leur donner les moyens d’être respectés »,a-t-il répété avec fermeté.
Les municipales
Du résultat des municipales dépendent l’élection des sénateurs qui seront par moitié renouvelés en septembre 2020. Conservera-t-il sa majorité ? On peut faire confiance à Gérard Larcher pour s’y employer. Aussi multiplie-t-il les initiatives pour rassembler autant que possible la droite et le centre. Le 12 septembre il rencontrera Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France qui a quitté LR pour lancer sa propre formation « Libres ». Il a également mis sur pied une série de conventions régionales qui se concluront le 10 octobre par une convention nationale.
Aussi, en ce qui concerne les municipales, Gérard Larcher affirme qu’il ne faut pas s’en tenir aux résultats des européennes. « Ces élections sont de natures différentes. Je le sais par mon expérience antérieure. Un an après les mauvais résultats aux Européennes de la droite amenée par Nicolas Sarkozy, j’ai largement été élu à la mairie de Rambouillet (71% en 2001). On constitue des équipes pour les villes, cela obéit à une autre logique, l’alchimie est différente » a-t-il expliqué.
Françoise Cariès