“Retour à la case départ” : rien que du plaisir

Peut-on revenir à la case départ ? Qui ne s’est posé cette question surtout en été pendant la sieste. Stephen Mc Cauley a transformé cette interrogation en affirmation et en a fait un roman plein d’allant et de finesse.

Stephen McCauley n’est pas aussi connu en France qu’il le mérite. Cet auteur américain, ancien agent de voyage, est reconnu aux USA comme le spécialiste de la comédie de mœurs de son pays. Plusieurs de ses romans ont inspiré le cinéma. « L’objet de mon affection », son premier roman a ainsi été adapté avec Jennifer Aniston dans le rôle-titre et un autre « L’art de la fugue » en France avec Laurent Lafitte.

Stephen McCauley n’est pas un stakhanoviste de l’écriture. Il produit un livre tous les quatre ou cinq ans. C’est dire s’il prépare et approfondi ses sujets.

Des personnages haut en couleur

David n’était pas un homosexuel assumé quand il a épousé Julie. Depuis, ils ont divorcé. Pour lui, du côté boulot ça va très bien : il a créé une boîte de conseils qui permet aux parents friqués d’envoyer leur progéniture forcément géniale dans les meilleures universités. Mais côté vie privée ce n’est pas la joie: il vieillit, il vient de se faire larguer par son petit ami. La maison qu’il loue à San Francisco depuis des années, qu’il adore, va devoir être vendue et son locataire prié de vider les lieux….

Côté Julie, son ex-femme qui habite sur la côte est avec son second mari dont elle est en instance de divorce, ce n’est pas mieux. Sa maison, une baraque à la Hopper, a besoin de multiples réparations. Pour joindre les deux bouts elle en loue une partie en chambres d’hôtes. Pour la garder car elle y tient beaucoup elle espère racheter les parts détenues par son futur ex-mari.

Et puis il y a Mandy, leur fille, qui doit entrer à l’université. Mais laquelle et pour y faire quoi ? Elle n’en a aucune idée. Aussi Elle appelle David à la rescousse qui contre toute attente fait ses valises et s’installe chez son ex. Retour à la case départ ? Définitif ou pas ?

Pourquoi on lit cette histoire ?

Parce que, à nouveau, Stephen McCauley prouve qu’il sait raconter la middle class américaine comme personne, avec ce qu’il faut de critique sociale pour la faire accepter. On y entre très vite, on s’installe. On fait partie de la famille, on adopte tous ses membres y compris le chien à trois pattes unique dans son genre.

C’est là le talent de McCauley qui ne force jamais le trait et pratique la demi-teinte comme personne. Avec quelle habileté il manipule les personnages secondaires qui, chacun à leur manière, jouent un rôle non négligeable. Mine de rien ce super marionnettiste fait réfléchir sur l’amour, l’amitié, la famille, les échecs, le temps qui passe et la solitude. A chaque page il se passe quelque chose.

C’est plein d’humour et très tendre, intelligent, subtil et très humain. Une parfaite réussite.

FC

« Retour à la case départ »

Stéphen McCauley

Éd. Robert Laffont,

424 pages 21,50 €.

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