Ils en sont tous « tombés de l’armoire ». « Ils », ce sont les trois députés de la majorité et surtout Eric Lepêcheur, 57 ans, le candidat LREM affirmé depuis des semaines sur Saint-Jean-de-la-Ruelle.
Eric Lepêcheur.
En prenant connaissance d’un communiqué envoyé par les services de Christophe Chaillou, le maire PS de Saint-Jean-de-la-Ruelle avec trois mandats au compteur et candidat presque déclaré à un quatrième. Christophe Chaillou a eu « une réunion de travail constructive à Matignon » entre Edouard Philippe et une dizaine d’autres maires. Un échange qualifié de « fructueux, ouvert et sans langue de bois avec Edouard Philippe, le Premier ministre ». Et le communiqué est agrémenté d’une photo où posent Philippe et Chaillou avec un sourire complice. « Pour nous faciliter le travail c’est réussi » lance Eric Lepêcheur, qui laboure le terrain depuis des semaines avec son équipe de LREM.. Car non seulement, cet ingénieur d’études en restauration est depuis des semaines le candidat de LREM du Loiret mais c’est en plus le suppléant de Caroline Janvier, la députée marcheuses de la deuxième circonscription, la tombeuse de Serge Grouard. Chaillou va t-il mordre à l’hameçon macroniste, Lepêcheur lui reste sur sa ligne
Le hiatus entre Paris et la base
Entre la base du parti macroniste et LREM à Paris, il y a clairement un hiatus. Chez Edouard Philippe et à la commission d’investiture, on a le nez plongé dans les résultats des municipales de 2014 et des autres scrutins. Or pour s’enraciner localement le Parti du président mise sur des valeurs sûres, favorites aux municipales, plus ou moins en délicatesse avec leur camp ou leur parti, récupérables au « centre ». A droite, on mise à Paris sur Olivier Carré (SE mais ancien LR) pour Orléans, que les locaux renâclent à soutenir, surtout après les papiers du Canard ; Les “frondeurs” macronistes, par la voie de Jihan Chely, référente de LREM pout le Loiret dans le Monde, expliquent, “les professionnels de la politique depuis vingt ans doivent laisser leur place”. A gauche, il y a belle lurette qu’un Christophe Chaillou n’affiche plus qu’un socialisme très pale. Cible idéale. Carré-Chaillou, deux macron-compatibles, qui pour Paris ont l’avantage d’être sortants et favoris.
“Un Premier ministre et un gouvernement conscients des enjeux”
Dans son communiqué Christophe Chaillou tresse des lauriers à Edouard Philippe en ce termes: “Le Maire de la ville a plaidé pour la présence forte de l’État sur tous les territoires pour lutter contre les fractures : police, école, services publics (notamment La Poste ) et la santé en évoquant les dossiers de Saint Jean de la Ruelle. Il a invité le Premier Ministre à être ferme sur le pacte républicain et la laïcité. Au delà de la courtoisie républicaine, Christophe Chaillou a eu le sentiment d’un Premier ministre et d’un gouvernement conscient des enjeux et ouverts aux solutions et se dit fier d’avoir porté la parole des stéoruellan.e.s à Matignon.”
Christophe Chaillou et le Premier ministre, Edouard Philippe.
Avec quelle équipe et pour quel projet Eric Lepêcheur veut-il déboulonner Christophe Chaillou, l’indéboulonnable maire élu au premier tour depuis trois mandats.
De gros poissons sur la liste Lepêcheur
Au plan de l’équipe, Eric Le pécheur ne cache pas qu’il va sortir de gros poissons de la municipalité Chaillou désireux d’aller sur sa liste. Il n’en donne pas les noms pour l’instant mais Kadéjat Dahou-Fredi, 4e adjointe, (Environnement et service public de l’eau), en fait partie. Mais c’est surtout la présence sur la liste Lepêcheur de Lucien Deniau que Magcentre révèle qui va faire du bruit à Saint-Jean-la-Ruelle.
Lucien Deniau, sera sur la liste opposé à Christophe Chailou.
Certes l’ancien premier adjoint de Christophe Chaillou durant deux mandats ne sera pas en position éligible, « je suis trop âgé », dit-il, mais c’est tout un symbole. Connu comme le loup blanc à Saint-Jean-de-la-Ruelle, Lucien Deniau n’avait pas apprécié que le maire ne lui propose qu’un poste à inaugurer les chrysanthèmes en 2014. « Après tout ce que j’ai fait pour lui, en le remplaçant notamment pendant ses nombreuses absences ». Des stéoruélans présentent Christophe Chaillou « comme un maire à mi-temps ». C’est aussi ce que Lucien Deniau reproche à son ancien maire, le cumul des mandats, maire, vice-président d’Orléans métropole depuis qu’Olivier Carré a ouvert la gouvernance aux socialistes, coneiller départemental. De surcroît, Christophe Chaillou a un métier « dans le civil », il est directeur du CCRE (Conseil des communes et régions d’Europe) ce qui signifie de nombreux déplacements notamment à Bruxelles et à Strasbourg.
C’est panique à bord
Pour Eric Lepêcheur, autour du maire sortant, selon lui, « c’est panique à bord ». Nathalie Bruant, la fidèle directrice de cabinet prend sa retraite alors qu’elle aurait pu continuer. Julien Farion, le directeur général des services a été remercié en conseil municipal, d’autres directeurs de service seraient prêts à prendre la tangente. Depuis des mois Eric Lepêcheur revendique d’avoir consulté les habitants, sonné aux portes, fait du boitage. « Je ne vous promets rien, je vous promets d’animer la ville avec vous », dit le challenger.
« Depuis 98, on a bétonné a ville et vendu les bijoux de famille », assure Lepêcheur. Ainsi le stade du FCO devenu un nouveau centre commercial. « Sur le projet de Renault, la mairie a perdu quinze ans. Le maire dit qu’il a concerté avec les habitants, alors que cela s’est limité à une réunion avec 80 personnes et maintenant le projet est ficelé. Il aurait mieux valu faire un grand théâtre de verdure en bord de Loire plutôt que de bétonner, sans parler du problème de la circulation qui n’est pas réglée ».
Des comités d’habitants
Le futur quartier de Saint-Jean-de-la-Ruelle.
A la place du « management solitaire du maire », Lepêcheur lui, propose des comités d’habitants (six, un par quartier) qui viendraient « travailler les projets avec le conseil municipal. , il faut aussi redynamiser le associations et pas seulement doubler les subventions aux clubs sportifs en vue des municipales »
« Les gens qui nous rejoignent venus de tous horizons n’ont pas forcément l’étiquette En Marche…Je ne crois pas que Chaillou puisse être investi par LREM quand on gouverne avec le PS, le PC, les Verts et qu’on critique sans arrêt la politique de Macron », estime le candidat macroniste.
Alors les slogans de campagne d’Eric Le Pêcheur sont un peu « bateau », estampillés marcheur, comme « l’élection ne doit pas être la fin d’un projet participatif mais le début de la vie démocratique ». Ou encore, « la vie de la commune ne se décide plus uniquement intérieur des murs d’une mairie ».
Comme Olivier Carré qui l’a sans doute introduit dans ce cénacle de douze maires reçus à Matignon, Christophe Chaillou est- il à la recherche d’un « parrainage » de la majorité nationale?
A Saint-Jean-de-la-Ruelle comme à Orléans, les Marcheurs veulent eux tirer un trait sur “l’ancien monde”. Eric Lepêcheur, avec un nom pareil, le challenger peut aller à la pêche aux voix, dont celles des abstentionnistes, des jeunes qui, estime t-il, pourraient bien faire la différence.
Christophe Chaillou, citadelle imprenable? L’exemple de Serge Grouard sur cette même circonscription et de sa concurrente, Caroline Janvier, venue de nul part et élue aux législatives montre que tout est possible. Même les pêches miraculeuse;
Ch.B
Portrait
Eric Lepêcheur, 57 ans, deux enfants, est né à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).
Il a atterri dans le Loiret par Bricy la base aérienne, après être passé lors de formations tournées vers la restauration collective par Lyon, Blois, Tours. Croix du combattant pour une’opération au Tchad, Eric Lepêcheur est aujourd’hui directeur de la restauration de l’université d’Orsay (Essonne). Il est président de Resto’Co, association de la restauration collective en gestion directe.