Magnifiquement restauré, le Saint-Thomas de Velasquez a regagné le Musée d’Orléans

Événement des plus rares et bien entendu admirable. Après une restauration majeure , c’est avec infiniment de précaution assurée que le “Saint-Thomas”, un chef-d’œuvre qu’ a peint Diego Velásquez à Séville entre 1610 et 1620,  a retrouvé ce jeudi matin, dans son sobre cadre en bois sculpté du XVIIe,  les cimaises du deuxième étage du Musée des Beaux-Arts d’Orléans.
Inestimable, cette toile , entrée dans les collections du musée entre 1825 et 1837 a, en effet,  passé les dix-huit derniers mois au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, dans le pavillon de Flore au Louvre, entre les mains expertes des restaurateurs Cinzia Pasquli  (qui a déjà restauré la Sainte-Anne de Léonard de Vinci) et Roberto Merlo. Ainsi, la maîtresse œuvre “a pu être débarrassée d’anciens repeints débordants et vernis oxydé et incrusté de crasse qui empêchaient de percevoir tout le jeu chromatique” explique le musée.
A noter, ce qu’a volontiers souligné Olivia Voisin, conservatrice et directrice des Musées d’Orléans, que cette restauration d’un montant de sept mille euros a été rendu possible grâce au mécénat de IT&M Régions et de son président directeur Pascal Grégoire. A noter que l’œuvre de cet artiste est avec le “Démocrite”  du Musée des Beaux-Arts de Rouen Métropole,  le seul tableau du maître  du grand siècle d’or espagnol dans les collections publiques françaises.

Une mission de restauration qui relève du courage

A l’occasion du retour de cette œuvre aux cimaises du musée d’Orléans, Olivia Voisin ne cachait pas son bonheur mais se situait à mille lieus de faire un coup d’éclat. Enthousiaste et rayonnante, cette dernière devait en profiter pour insister  sur le travail,  ce devoir de précieusement poursuivre,  pour protéger , conserver au mieux et mettre en valeur à destination du public les œuvres du musée, une politique et une mission de restauration qui relève parfois de courage quand il convient de faire revivre des pièces comme le Saint-Thomas dont la côte pourrait être au minimum  estimée à quarante millions d’euros.
Vivant l’œuvre dans ses moindres détails,  avec science et sens du partage, Olivia Voisin ne peut s’empêcher de préciser, ce jeudi,  le bénéfice de la restauration: ” Grâce à cette dernière , à cette alchimie, ont voit ainsi le peintre se promener avec son pinceau, nous retrouvons la dimension sculpturale de l’œuvre et des nuances d’une infinie subtilité qui étaient disparues. C’est en septembre octobre que nous organiserons une série de présentations de cette toile. Dès aujourd’hui, nous sommes heureux de rendre aux Orléanais un chef d’œuvre absolu, celui d’un artiste pivot dans l’histoire de l’art et qui a inspiré jusqu’à Bacon.  A Orléans, nous avons la Loire et nous avons Velázquez, c’est ainsi que s’offre à tout un chacun un moment magique et unique. Après, découvrir un œuvre d’art est juste une question d’émotion”. 
Belle leçon de vie et de pédagogie sensible. Pour la beauté et le romantisme du geste.
Jean-Dominique Burtin

Une belle nouvelle n’en gâche pas d’autres

Cette semaine, le musée des Beaux-Arts d’Orléans vient tout récemment d’acquérir pour la somme 21.590 euros, à Drouot, grâce à la lucidité d’Olivia Voisin, dans une vente non cataloguée du mobilier et tableaux du château de Dampierre en Yvelines,  le “Portrait de la dame duchesse de Luynes” peint par Léon Cogniet (1794-1880).
Les nouveaux propriétaires du château de Dampierre ont en effet décidé de vendre à Drouot, dans une vente étonnante ,les meubles et tableaux du château de la famille Albert de Luynes, une des principales collections du XIXe siècle. Parmi les œuvres figurait le monumental portrait de la Duchesse de Luynes, dont Léon Cogniet réalisa le portrait dans les années 1860. Ce qui justifie la pertinence de cet achat patrimonial , est que  musée des Beaux-Arts conserve le fonds d’atelier du peintre romantique dans lequel figure une esquisse de ce tableau de la fin de sa carrière.
Il sera prochainement et longuement restauré pour évoquer, dans les salles du musée, à la fois un aspect de la carrière d’un des plus grands peintres de son temps, qui a donné 1300 dessins et 200 esquisses à la Ville d’Orléans, et les Albert de Luynes, famille de grands commanditaires qui ont construit un décor mythique aujourd’hui démantelé, mais qui revivra au musée d’Orléans, grâce à l’acquisition de ce portrait d’une des maîtresses des lieux. L’œuvre sera présentée à partir de 2020 dans les nouvelles salles du XIXe siècle actuellement en rénovation.
Toujours au chapitre des bonnes nouvelles, soulignons  que Pascal Grégoire, président directeur de  IT&M qui  a permis la restauration du Saint-Thomas, n’avait pas offert que sept mille euros mais 12.000 euros,  ce qui a permis la restauration d’un œuvre d’Antigna.
Soulignons encore que puisque la priorité d’un musée est la conservation , ce qu’affirme Olivia Voisin, que c’est ainsi que dans un futur proche que deux toiles des collections du musée seront elles aussi restaurées: “Bacchus et Ariane”, des frères Le Nain (1635) et L”allégorie de l’astronomie” de Laurent de La Hyre (1649).

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