On le savait mal-aimé des historiens , ce roi voyageur qui consacra sa vie à unifier le royaume de France. Que n’a-t-on écrit sur ces “fillettes”, ces cages étroites dans lesquelles il enfermait ses ennemis, et l’évêque de Lisieux de le décrire comme un « fourbe insigne connu d’ici jusqu’aux enfers, abominable tyran d’un peuple admirable“. Pourtant Louis XI aimait Orléans et y résida à plusieurs reprises au cours de son règne (1461-1483) laissant dans le patrimoine de la ville une maison et une promenade au dessus de la Loire où le roi aimait déambuler, situées de part et d’autre du cloître Saint Aignan alors à l’extérieur de la ville, libérée par la Pucelle quelques décennies plus tôt.
Et voilà qu’en quelques mois, on porte sans vergogne atteinte à ce patrimoine historique classé: alors qu’ il y a un an, à la surprise générale c’est la promenade Louis XI qui disparaissait derrière un immeuble de rapport la dominant de deux étages, détruisant ainsi à jamais la vue sur la Loire, aujourd’hui l’on découvre la construction d’une verrue accolée à la maison de Louis XI dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne respecte pas grand chose du style de la construction originale.
L’ancien puits ou ce qu’il en reste
Renseignements pris, il s’agit d’une extension du groupe d’enseignement privé Saint Paul qui a racheté le bâtiment en vue d’y ouvrir une école primaire pouvant accueillir 200 élèves. Ce projet d’équipement scolaire privé qui ne fut en aucune occasion présenté en assemblée de quartier est visiblement mené dans une certaine précipitation avec un permis de construire dont une partie est encore en cours de validation!
Mais pour le service d’urbanisme de la ville tout est en ordre et peu importe qu’il s’agisse du périmètre d’un monument historique puisque l’Architecte des Bâtiments de France a donné son aval au projet sous deux conditions: toiture Mansart et crépi couleur pierre. Il n’est pas utile d’avoir fait de longues études d’architecture pour savoir que Mansart, c’est deux siècle après Louis XI, quant au crépi de façade dans le prolongement de la façade en briques, nous laissons les Orléanais en juger…
Contacté une nouvelle fois, Pascal Parras, l’architecte des Bâtiments de France signataire, s’il n’hésitait pas à critiquer l’autorisation donnée par son prédécesseur quant à la promenade Louis XI, se refusait cette fois à tous commentaires concernant ses choix architecturaux pour le moins surprenants. On est loin de la co-construction tant prônée par le maire d’Orléans et, en tout état de cause, on peut légitimement s’interroger sur l’extrême tolérance accordée à ce bâtiment lorsque l’on connaît la réglementation drastique concernant les secteurs classés de la ville allant jusqu’à définir la largeur du petit bois en épaisseur d’une fenêtre rénovée…
Et il serait temps qu’Orléans, au delà des rénovations de façades, se dote d’une vraie politique de mise en valeur patrimoniale, et pas seulement pour nos amis touristes.
GP