Commencées le 15 juin et inaugurées le 21, les 15e Promenades photographiques de Vendôme montrent sans conteste toute la diversité et l’attractivité de l’art photographique. Programmées sur neuf lieux pendant 3 mois, elles ont tout pour plaire au public. Mais leur avenir est compromis par une récente décision de la DRAC !
Une inauguration sous tension
Ce vendredi 21 juin, alors que la Fête de la musique battait son plein dans les rues de la ville, la 15e édition des Promenades photographiques de Vendôme s’ouvrait en fanfare à la presse et au public, dans une touchante harmonie prouvant que le monde de la photographie est une famille formidable, aurait pu dire, par exemple, Annie Duperrey, l’une des invités exposantes. Mais, à l’issue des discours officiels, l’assistance était toutefois un peu sonnée par les annonces des élus. Car l’espérance d’une 16e édition en 2020 semble fort compromise si la DRAC, propriétaire du Grand Manège, site majeur de la manifestation, persiste dans sa décision de leur en retirer l’usage, pour le destiner à d’autres projets, telle une exposition d’art contemporain.
Léonard et la lenteur
Tout photographe, même amateur, sait que pour réussir une bonne photo, il faut penser conjointement vitesse et ouverture. Cette année, l’ouverture aux nouveaux talents étant toujours de règle, c’est à la lenteur qu’était dédiée cette nouvelle édition, invitant chacun à prendre son temps pour regarder les autres et le monde, les clichés présentés et ceux qui les ont réalisés. Des auteurs qui, comme Payram, occupant privilégié de la Chapelle St Jacques, ou Barbara Wolf, l’auteure de l’affiche, invitée au musée de Vendôme, semblaient plus préoccupés ce vendredi soir par la volonté d’immortaliser l’instant que par celle de figurer à côté des officiels. Quand la passion vous guide, rien ne peut vous retenir, et c’est ce qui amène à l’excellence.
Cette édition 2019, peut-être encore plus que les précédentes, se veut exceptionnelle par la qualité des 900 œuvres exposées, sur 9 lieux répartis dans la ville, et même hors la ville (à la gare TGV). 900 œuvres qui témoignent toute de la volonté de montrer le réel à travers le prisme des plus de 40 regards réunis pour l’occasion, au style différents, entre reportage et intimité familiale, architecture et souvenirs personnels, voire en diversifiant les techniques, des procédés anciens au numérique en passant par les collages.
Rien de commun, à première vue, entre les clichés noir et blanc réalisés en Iran par Payram et la modernité des tirages couleur exposés dans le parc des tilleuls, réalisés à l’EPHAD ? Bien au contraire. Ils racontent tous la vie, comme tous les autres auteurs. La vie, avec ce qu’elle apporte à chacun de subjectivité et d’émotion,d’inventivité et d’implication, ou de distanciation, selon les goûts et les circonstances. Tout autant de composantes qui auront marqué l’œuvre de Léonard de Vinci, d’où la logique d’avoir inscrit ces 15e promenades photographiques dans le cadre des manifestations célébrant le 500e anniversaire de sa disparition.
Barbara Wolf au Musée
Annie Duperrey au Grand Manège
Une édition 2020 compromise par la DRAC
Ainsi placée sous l’égide de la Renaissance, l’édition 2019 devrait-elle être la dernière ? Etrange paradoxe qui bruissait dans les allées et autour de la tribune officielle, ce 21 juin. « Nous sommes la seule manifestation photographique nationale de la région. Nous ne pouvons disparaître », clamait Laurent Brillard, le maire de la commune, soutenu dans sa volonté de combat par la métropole et le député de la circonscription. « La commune est prête à racheter le site à la DRAC, si c’est la seule possibilité pour le récupérer. Et, soyez assuré que s’il le faut, j’irai faire un sit-in devant leur siège social». Des propos de soutien propres à rassurer l’équipe organisatrice, à commencer par Odile Andrieu, la directrice artistique, qui n’imagine pas d’autre lieu pour ces Promenades photographiques, tout autant que la centaine de bénévoles qui œuvre toute l’année pour la réussite de la manifestation, mais qui jetèrent comme un trouble sur tout le travail effectué, « pour en arriver là ».
En 15 ans, ces Promenades Photographiques ont beaucoup contribué à l’image de la ville comme au renouveau du quartier, et leur disparition parait proprement inimaginable. Il serait effectivement dommage qu’un tel rendez-vous culturel disparaisse, même si, peut-être, pour la population locale, la programmation parait parfois un peu « élitiste ».
C’est ce qui différencie l’art photographique de l’artisanat, et c’est tout son intérêt…pour la construction du futur.
Jean-Luc Bouland
Promenades photographiques, du 15 juin au 1er septembre.
Prolongation jusqu’aux Journées du patrimoine sauf au musée et à la chapelle Saint-Jacques.
Week-end d’inauguration du 21 au 23 juin.Site :
www.promenades photographiques.com .