Dans le film de John Sturges, sorti en 1957, « Règlement de comptes à OK Corral », le shérif apprend que son ami a retourné sa veste…Dans « Bérénice » tragédie de Jean Racine, l’empereur Titus, qui ne veut pas mettre en danger sa mission à la tête de Rome, fait le choix de quitter Bérénice, sa passion illégitime. Du western ou de la tragédie historique de Jean Racine, que va revivre Orléans ?
Par Jean-Paul Briand
La relation sociale qui lie un élu avec sa ville impose un lien spécifique de loyauté qui garantie une gestion honnête et de confiance des fonds publics. La conduite des élus et en particulier du premier d’entre eux doit être exemplaire et éthique. Dans sa vie privée et publique, l’élu doit garder un comportement digne et intègre. Cette obligation devrait être une préoccupation constante du conseil municipal. Si cette condition n’est pas respectée, par amalgame, sans doute injuste, elle entame le crédit et la légitimité de tous les élus. Tout manquement peut entraîner un rejet des édiles au sein de la population d’une commune voire une décomposition destructrice d’un conseil municipal. Ce qui se passe actuellement au coeur du conseil municipal orléanais en est une pitoyable et délétère démonstration.
Un avantage à une tierce personne
Olivier Carré sur le terrain.
Les manquements les plus souvent reprochés aux politiques sont les liens et conflits d’intérêts. Ce sont toutes ces situations où un élu utilise ou cherche à utiliser les attributs de sa fonction pour en retirer un avantage ou pour procurer un avantage à une tierce personne. De la même manière, il existe des situations d’interférences scabreuses lorsque qu’il y a cumul d’un exercice professionnel et de la fonction, d’élu sur le même territoire et sur le même secteur d’activité…
Un poste de déontologue
On oublie que la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 oblige, tout autant, les fonctionnaire à respecter une déontologie dans leur pratique professionnelle. Les attentes des usagers sont légitimement exigeantes à l’égard des administrations, y compris territoriales. Afin de renforcer la confiance des citoyens, il est impératif que dignité, impartialité, intégrité et probité, sans oublier l’obligation de neutralité et le principe de laïcité soient respectés sans faille dans les services municipaux.
La démocratie n’a pas changé les hommes. Aussi certaines grandes villes ont pris l’initiative de créer un poste de déontologue pour moraliser la conduite de ses élus et de ses personnels. Paris a ainsi créé, en 2014, une « Commission de déontologie des élus du Conseil de Paris ».
Depuis 2011, l’Assemblée Nationale, emploie un déontologue. Afin d’éviter d’être en situation aussi délicate et « breneuse », il aurait été particulièrement bénéfique que notre maire s’inspire de son dernier rapport, « Un nouvel élan pour la déontologie parlementaire » remis le 30 janvier 2019 au Président (https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/194000114.pdf).
Une mission appropriée pour Eric de Montgolfier
Comme il semble bien difficile à certains élus locaux de distinguer ce qui est possible et permis de ce qui ne l’est pas, il serait sans doute utile de créer cette fonction de référent en déontologie à Orléans. J’ai un candidat pour cette charge. Il y a quelques jours, de retour de Paris, par le train et en 2ème classe, j’ai eu le plaisir de serrer la main du célèbre et médiatique Eric de Montgolfier, auteur, en autres, de l’ouvrage : « Une morale pour les aigles, une autre pour les pigeons ». Voici pour notre intransigeant procureur de la République, aujourd’hui retraité, une mission des plus appropriée…
J’oubliais : Le western se termine par une spectaculaire fusillade particulièrement meurtrière. La pièce de Racine ne se conclut pas tragiquement. Bérénice, maîtresse délaissée par Titus pour raison d’Etat, retournera sagement dans sa ville de Césarée et Titus restera l’empereur de Rome…
JPB juin 2019