Quel souffle ! A 86 ans, « Papa Manu » en a encore dans le cornet. Le plus grand saxophoniste vivant a fait passer un souffle d’Afrique, de jazz, de groove, de soul, enfin ce syncrétisme musical dont il a glané les influences toute sa vie, entre son Cameroun natal (à Doula), le Zaïre et y compris en passant par Chartres où il a passé une partie de sa jeunesse, les ingrédients électrisés dont il a donné un superbe aperçu samedi soir dans la cours du Château de Sully.
Belles soirée au château de Sully.
Manu Dibango.@Dominique Chauveau
Devant 600 personnes conquises, le record pour l’instant d’un concert du Festival de Sully, des quadras, des quinquas, voire bien au-delà, le saxophoniste a régalé son monde. Comme il l’avait fait à Orléans il y a quelques années lorsque le Campo Santo célébrait encore le jazz, le nez dans l’herbe.
Seule fausse note de la soirée et pas plus Manu que les organisateurs –, le Conseil départemental- n’en sont responsables, le vent frisquet pour une mi-juin, qui a soufflé sur la cour du château où ce seigneur du jazz avait planté son chapiteau.
« Je célèbre tout au long de l’année cette saison mes six décennies de musique et de passion. Je suis d’autant plus heureux que j’ai l’opportunité de présenter au public une autre variation autour de la musique classique avec un spectacle symphonique Afrique-Europe… », dit Manu.
«Il faut boire jusqu’à l’ivresse sa jeunesse », chante le papy du saxophone juste avant un tour à Kinshasa et là d’un coup de sax et surgies des cordes des deux guitares, le public se retrouve dans un maquis africain, les couleurs musicales se parfument des rythmes irrésistibles du continent noir.
Quelle formation!
Sur scène dans sa tunique bigarrée à l’Africaine sur un jean ordinaire, lunette noir, crane rasé, Papa Manu, entre deux traits d’humour et une giclée de sax avec lequel il fait corps, dialogue du sourire et de la note, avec sa formation. Et quelle formation !
Au Clavier Juilen Agazar échange à la perfection avec Manu et les autres sont au diapason, Raymond Doumbe à la basse, Guy Nwogang à la batterie, Patrick Marie-Magdelaine à la guitare et mentions spéciale aussi pour les deux magnifiques choristes, Isabel Gonzalez et Valérie Belinga.
Un public conquis
Comment rester assis quand ça swingue ainsi et que Manu et sa bande de jeunot y prennent visiblement plaisir. Les 600 spectateurs se sont mués en fin de concert et ravis de se réchauffer un peu à l’invitation de Manu Dibango en 600 danseurs, y compris le président du Conseil départemental et son grand orchestre d’élus loirétains. Manu, reviens quand tu veux.
Ch.B