Par Gérard Hocmard
Une affluence inhabituelle faisait bruire le parvis de l’église St Paterne à Orléans ce samedi matin vers 9 heures. Il ne s’agissait pas d’un enterrement chic comme on en a l’habitude dans le quartier, mais du synode diocésain. Pour les non-initiés, un synode est un peu comme une assemblée générale extraordinaire convoquée par l’évêque pour faire le point et fixer le cap pour les années à venir. Le dernier, initié par Mgr Daucourt, datait d’un peu plus de vingt ans. Autant dire qu’il y avait pour les participants du pain sur la planche, dans un climat d’église affaiblie par la crise des vocations, secouée par les scandales et entourée d’indifférence.
Au cours du synode avec Jacques Blaquart. @diocèse d’Orléans.
Quelque 700 personnes, missionnées par leur paroisse et venues de tout le département, étaient appelées à se pencher sur un certain nombre de thèmes identifiés par des retours de questionnaires, des rencontres et des enquêtes de terrain menées depuis plus d’un an : l’accueil, la transmission du message chrétien, le témoignage en acte de sa réception, la vie liturgique, le tout avec un évident souci de rénovation et d’ouverture vers les plus démunis matériellement et spirituellement.
La logistique était impressionnante et témoignait du travail d’organisation de l’événement effectué en amont. Les participants chaleureusement accueillis se voyaient priés de revêtir un tee-shirt rouge – couleur du feu de l’Esprit Saint – spécialement floqué au sigle du synode et il leur était attribué un mug recyclable en vue des pauses café. Échauffement ensuite avec une séance de « louange », c’est-à-dire d’hymnes chantées (non, ce n’est pas une faute d’orthographe, le mot est féminin en ce sens) sur des rythmes qui lancent d’aucuns – et pas seulement les jeunes, venus nombreux — dans des chorégraphies sur place dignes d’un concert rock. Puis ce qui s’appellerait ailleurs pep talk, soit des interventions destinées à galvaniser les troupes en leur présentant les enjeux de l’opération, se succèdent avant qu’on passe au travail en ateliers, eux-mêmes divisés en petits groupes de huit, où la consigne était de se rassembler entre inconnus, pour un limage de cervelles qu’un Trump (et sûrement d’autres) nommeraient brainstorming.
Les caprices de la Saint-Médard ont fait que le pique-nique prévu au Campo Santo, où était installée la garderie des enfants, a souvent eu lieu sur place, sauf pour ceux qui rejoignaient leur progéniture. Les sandwiches du boulanger d’en-face se sont vendus comme des petits pains.
Le samedi matin ayant été consacré à faire connaissance et à partager dans chaque groupe les observations de chacun sur l’état des lieux et les remèdes envisageables, l’après- midi a été destiné à l’élaboration d’une visée, ce qui a donné lieu à deux sessions de travail intenses, avant que la soirée ne permette aux enthousiastes de tous âges de s’enflammer aux rythmes électriques du groupe Alegria. Ça a swingué à St Pat’ !
Plusieurs milliers de fidèles
La nuit avait porté conseil puisque la session de travail du dimanche matin a fait jaillir une masse de propositions concrètes parmi lesquelles il a fallu trier, ce qui s’est fait par un ingénieux système d’éliminations successives grâce aux boîtiers électroniques distribués aux participants. Ceci a permis de hiérarchiser les priorités parmi les suggestions de l’assemblée. Ce sont elles qui ont été ensuite présentées au public l’après-midi à la cathédrale. Là, il y avait foule et le service d’accueil a eu fort à faire puisque les messes dominicales de l’agglomération d‘Orléans avaient été remplacées par un office à 16 heures à la cathédrale, au cours duquel une centaine d’adultes devaient recevoir la confirmation. Faute de pouvoir pousser les murs, un barnum avait été dressé sur le parvis et des écrans également disposés au Campo Santo. Concélébrée par l’évêque, Mgr Blaquart, en présence
de l’évêque émérite de Verdun, Mgr Maupu et de l’abbé de St Benoît accompagnés des prêtres du diocèse et en présence de représentants des diocèses de Tours et de Bourges et d’autres églises chrétiennes, la cérémonie a, de fait, rassemblé plusieurs milliers de fidèles, repartis le cœur en fête, totalement convaincus de la justesse de la remarque qui leur avait été faite au cours du synode que, comme pour les boxeurs, il y a, pour les chrétiens, plus de joie à donner qu’à recevoir.
GH