Labellisée d’intérêt national par le Ministère de la culture, l’exposition Enfants de la Renaissance sera l’un des temps forts de la saison au château de Blois de par la qualité exceptionnelle des œuvres présentées.
C’est avec beaucoup de solennité que François Bonneau, président de région et Marc Gricourt, maire de Blois ont inauguré le 17 mai dernier cette exposition inédite conçue et organisée avec le concours de la Bibliothèque nationale de France, du Musée de l’armée et de la Fondation Jakober.
Sous la conduite d’Elisabeth Latrémolière, conservatrice en chef du château royal, et de Caroline Zum Kolk, commissaire scientifique de l’exposition, (1) qui s’inscrit dans le cadre des 500 ans de Renaissance(s), les invités ont découvert la facette cachée d’un palais qui fut le berceau de nombreuses têtes couronnées avec la présentation du quotidien des enfants royaux à travers objets et témoignages touchants.
Cercle de Frans Pourbus le Jeune, Portrait d’une princesse © Fundación Yannick y Ben Jakober Collection
Maison d’enfance des deux filles de Louis XII et d’Anne de Bretagne, pouponnière des 7 enfants de François Ier et Claude de France, palais familial pour Henri II et Catherine de Médicis puis demeure de la progéniture tardive d’Henri IV et de Marie de Médicis, le château de Blois n’a cessé de voir grandir des enfants royaux.
Scientifiquement nourrie par les recherches inédites conduites par une équipe d’historiens reconnus, l’exposition aborde pour la première fois les us et coutumes liés à l’enfance de la fin du XVe au début du XVIIe siècle. « Enfants de la Renaissance n’évoque pas seulement l’éducation des enfants royaux mais s’intéresse à celle des enfants en général. La petite enfance, leurs univers, leurs jeux, elle met en exergue la nouvelle place qu’occupent peu à peu les enfants à la Renaissance » souligne Elisabeth Latrémolière.
La partie consacrée à la maternité est particulièrement intéressante avec ses enjeux liés à la mort, aux dynasties et lignages. Les craintes majeures sont alors de ne pas avoir d’enfants et ne pas pouvoir les amener à l’âge adulte. Au XVIe siècle, les statistiques sont sans appel avec 200 à 400 décès pour 1 000 naissances, contre 3,9/1 000 aujourd’hui. On y apprend que la femme à la Renaissance accouche assise sur un siège spécifique ou que le nourrisson est emmailloté durant toute la période d’allaitement pour maintenir une hygiène correcte. (2)
On découvre aussi que naître à la cour de France signifie souvent grandir loin de ses parents pour les dauphins ou futurs princes. Les enfants à la cour des Valois sont ainsi installés dans une maison dédiée et vont grandir, entre les châteaux de Blois et d’Amboise, séparés de la cour et de leurs parents qu’ils ne voient que périodiquement. Tenus à l’écart des complots et des épidémies, ils disposent de plus de 300 personnes à leur service parmi lesquelles les incontournables nourrices, femmes et valets de chambre, gouvernantes, médecins et cuisiniers mais aussi des personnages, plus insolites tels que fruitier, brodeur, ébéniste, sommelier, apothicaire ou encore barbier.
Mélange intime de l’histoire du château et de l’évolution de l’éducation depuis le Moyen-âge, l’exposition réjouira les curieux mais aussi tous les historiens. Au total, plus de 150 œuvres, objets et portraits prestigieux, prêtés par le musée du Louvre, le château de Versailles, le musée de l’Armée ou la Bibliothèque nationale de France, sont présentés dans l’écrin du château de Blois.
Jean Luc Vezon
1 Historienne à l’institut d’études avancées de Paris / Cour de France.fr
2 Mais le futur louis XIII ne prend son premier bain qu’à l’âge de sept ans !
Jean Héroard, Journal de la vie active du roy Louis [XIII], dessin de la main du petit Louis XIII © BnF