Le député du Loiret Richard Ramos fond sur la future AOP “Camembert de Normandie”

Afin de protester contre la révision du cahiers des charges AOP du camembert de Normandie, Richard Ramos, député MoDem du Loiret, et Véronique Richez-Lerouge, présidente de l’association Fromages de terroirs, annoncent ce lundi une opération “parachutage” sur l’assemblée nationale le mercredi 13 mars. Ils plaident la cause d’un calendo conçu à base de lait cru.  

Entre les producteurs et les industriels, la hache de guerre semblait avoir été enterrée. Mais la nouvelle Appellation d’origine protégée (AOP) “Camembert de Normandie” est loin de faire l’unanimité. Dès 2021, les camemberts au lait cru et les camemberts pasteurisés seront réunis sous cette même bannière afin de clore le problème de coexistence entre les appellations “Camembert de Normandie” et camembert “fabriqué en Normandie”. Il y aura bien deux catégories, un cœur de gamme et un haut de gamme, mais tous pourront afficher leur origine sur leur étiquette. La disparition de cette nuance est mal perçue par Richard Ramos, député MoDem du Loiret, et Véronique Richez-Lerouge, présidente de l’association Fromages de terroirs, qui expriment leur irritation ce lundi 11 mars dans un communiqué.

“Notre pays si envié pour ses grands fromages, tous des appellations d’origine dont nous sommes fiers de vanter les mérites et la supériorité gustative dans les banquets internationaux ou lors des négociations des accords de libre-échange, avec en arrière-plan l’arme juridique pour décourager ceux qui voudrait copier nos recettes originales, risque bien de se ridiculiser lorsque notre “fleuron” ne sera pas plus intéressant qu’un camembert générique plâtreux et pasteurisé fabriqué au Canada ou aux États-Unis.”

“C’est ouvrir la porte à  60.000 tonnes de camemberts industriels”

Pour Richard Ramos et Véronique Richez-Lerouge, cette mutation opérée dans le secteur du camembert est à l’avantage des industriels dont le fabricant Lactalis, premier opérateur avec 95% de la production. “Au prétexte de régler un problème juridique autour de la dénomination géographique “Normandie” que Lactalis et consors utilisaient illégalement depuis plus de 20 ans sans que l’Institut national de l’origine et de la qualité ne durcisse le ton. Le syndicat normand a décidé de construire une grande AOP pour tous en ouvrant à la pasteurisation, donc, en d’autres termes, la porte aux 60.000 tonnes de camemberts industriels.”

En outre, ils dénoncent “la dégradation d’un cahier des charges qui pourrait entraîner dans son sillage le brie de Meaux, le reblochon, le comté, puis le champagne et toutes les AOP françaises, et pourquoi pas européennes.” Ce mercredi 13 mars, afin d’interpeller les députés de l’Assemblée nationale, les deux auteurs du communiqué distribueront à chacun un camembert AOP au lait cru.

Ce que fixe le cahier des charges du nouvel AOP
La nouvelle charte qui entrera en vigueur en 2021, fixe un cahier des charges précis avec des critères différents pour distinguer le camembert cœur de gamme du haut de gamme.Le cœur de gamme :
– au moins 30% de vaches de race normande dans chaque troupeau
– les vaches doivent être en pâturage au moins 6 mois par an
– présence d’un minimum de 20 % d’herbe toute l’année dans la ration des vaches laitières
– le traitement thermique du lait sera autorisé selon un étiquetage identifié.

Le haut de gamme :
– au moins 65 % de vaches normandes dans les troupeaux
– les vaches doivent être en pâturage au moins 6 mois par an
– présence d’un minimum de 20 % d’herbe toute l’année dans la ration des vaches laitières
– un minimum de 50 mètres linéaires par hectare pour le bien-être de l’animal

Pour les deux versions du fromage, les aliments contenant des OGM seront proscrits dans l’alimentation des vaches.

Yohann Desplat 

Commentaires

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  1. Je soutiens la démarche de Richard Ramos.
    Pour les véritables amateurs de camembert au lait cru de vaches de race normande, je recommande les fromages de l’exploitation Durand à Camembert ( on les trouve dans les magasins Grand Frais) et pour les passionnés de se rendre à la ferme de Champ Secret, à Chansecret dans l’Orne, vers Domfront. Ils pourront se servir sur place et payer le prix dans une boîte mise à disposition, en toute confiance. Les prix sont en conséquence.
    Dégustez avec un bol de cidre fermier brut.

  2. La révision de l’AOP à l’initiative des industriels est un scandale, pour le produit, et surtout pour le consommateur, que, une fois de plus, l’Union européenne s’apprête à tromper. Après tout, que les industriels fassent du camembert industriel, sans vouloir de parer des qualités de l’appellation de Normandie, puisqu’ils ne souhaitent pas s’y soumettre !
    Je profite de ce papier pour rappeler (et certainement pour apprendre à beaucoup d’entre nous) que, même en région Centre, certaines appellations ont déjà été abâtardies. Exemple: l’AOP crottin de Chavignol qui, par décision de la Commission européenne (des gens élus par nous ? Je ne crois pas !) peut désormais être fabriqué avec 50% de caillé congelé, en vertu du règlement d’exécution (oui, cela s’appelle comme cela !) N° 928/2014. Qui plus est: on peut faire du chavignol avec du fromage caillé surgelé vieux de 15 mois. Evidemment, on ne peut attendre les mêmes qualités organoleptiques (gustatives) d’un tel produit et d’un crottin de Chavignol traditionnel. La perversité va jusqu’à dispenser l’industriel qui fabrique des fromages à base de congelé de l’indiquer sur l’emballage.
    Merci, la Commission européenne !
    Quant à l’Institut national des appellation d’origine (Inao), qui, à une époque, a tiré la qualité vers le haut (en matière de fromage, mais aussi, et surtout, de vin), il joue aujourd’hui une bien triste partition.

  3. Une filiale du groupe Lactalis, la Société Fromagère du Moulin de Carel, a rappelé 5800 camemberts infectés par la bactérie E.Coli.
    Le produit a été récemment commercialisé en France sous le N¨L19009C.
    À BON ENTENDEUR SALUT !

  4. J’approuve totalement la protestation de Mr Ramos. Ceci me renvoie à mon enfance pendant la guerre lorsque mes frères et moi, nous traversions sac au dos la forêt d’Andaine pour aller chercher nos camemberts à Champsecret.
    Une remarque : plutôt que l’Europe, les véritables coupables sont les industriels qui ont osé introduire la thermisation et se préparent à pire avec le nouveau cahier des cahier, qui frise le ridicule et tue le camembert.

  5. La thermisation (première étape), mais surtout la pasteurisation, permet aux industriels d’utiliser de mauvais laits (contenant une forte proportion de germes pathogènes), ce que ne peuvent se permettre ceux qui produisent les fromages au lait cru. Evidemment, le traitement thermique ne se contente pas d’éliminer les germes pathogènes: il tue toute vie dans le lait, qui doit donc être réensemencé avec des ferments produits industriellement. D’où la standardisation de ces fromages.
    Cela étant, le lait cru (à condition de respecter les bonnes pratiques) n’a jamais tué personne. Exemple, une appellation vertueuse, qui utilise uniquement du lait cru: le roquefort. Dommage que ce soit un fromage onéreux (lait de brebis, toujours cru, avec affinage en fleurines de Roquefort-sur-Soulzon).

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