Le maire Oliver Carré en discussion avec les membres de la communauté juive d’Orléans.
Six cent personnes manifestaient ce mardi soir place de la République à Orléans, toutes (ou presque) tendances politiques unies pour dénoncer cette recrudescence de ce mal millénaire, en l’absence remarquée d’une population jeune qui semble (?) indifférente.
Belle protestation unanime certes nécessaire, mais pendant ce temps là, on (les jeunes peut-être, mais pas que) pouvait toujours s’abreuver de littérature raciste et antisémite en toute “liberté” sur des sites de l’internet qui échappent, de toute évidence, à tout contrôle de la justice proférant ce qui n’ est pas en France une opinion mais bien un délit puni par la loi.
Jeanne d’Arc 2018
Il se trouve que nous avons, à Orléans, pu mesurer le degré d’impunité de ces sites (rappelons-le accessible à tous sans aucune difficulté), lors de l’élection de la Jeanne d’Arc 2018 qui par son “origine”, agita beaucoup ce que l’on a coutume d’appeler “la facho-sphère”. Un site que nous appellerons “DP” pour ne pas en communiquer l’adresse, a ainsi publié un article qui révélait le complot “judéo-béninois” (sic) justifiant l’accession d’une jeune fille métisse au statut de Jeanne d’Arc. L’explication était étayée d’une photo piratée sur le site Magcentre prise lors d’une conférence de presse d’Elie Chouraqui en présence de Béatrice Odunlami, adjointe aux événements de la ville d’Orléans.
Trois plaintes ont été déposées au pénal portant tant sur la contrefaçon de la photo que sur les insultes racistes visant l’élue dans l’article qui suivait, les plaintes furent enregistrées et nous fûmes même reçus par le Procureur de la République d’Orléans.
Résultat de cette agitation: un an après, la page en question est toujours accessible sur le site (page31 pour être précis) au milieu d’un torrent quotidien de croix gammées, d’étoiles jaunes au revers des vestons des personnes citées, de caricatures puantes que l’on croyait naïvement oubliées et autres citations de “Mein Kampf”…
Le premier amendement de la Constitution américaine
Ce site, parmi bien d’autres, est hébergé aux Etats Unis et justifie de son impunité en se référant au premier amendement de la constitution américaine, et, si l’on ne s’étonne pas de certaines dérives politiques américaines à la lecture de cette prose qui n’épargne ni les juifs, ni les arabes ni les noirs, il est tout de même surprenant que la loi américaine puisse protéger les auteurs de ce qui en France est considéré comme un délit. La question est d’autant plus grave que “DP” n’est pas un site produit par quelques nostalgiques mais bien un site en français qui dispose visiblement de moyens financiers conséquents et qui publie chaque jour, sur l’actualité planétaire du racisme, des articles, des reportages, des vidéos très documentés.
Pour ne pas répandre cette peste brune, nous ne communiquerons pas ici l’adresse de ce site, en revanche nous communiquerons cette adresse à nos élus responsables, en leur demandant de bien vouloir nous répondre quant à leurs intentions, au delà de l’émotion de la manifestation, pour que cesse la propagation sur l’internat du virus délétère de l’antisémitisme, qui se confond en l’occurrence avec le racisme.
Gérard Poitou