Le réalisateur Gérard Mordillat a présenté, le 24 janvier dernier, à Orléans et en avant première son film au cinéma Les Carmes. Voici, actuellement dans les salles, une revendication frénétique qui offre au lyrisme de l’écriture une envergure de taille.
C’est le 23 Janvier dernier que le cinéma Les carmes d’Orléans ouvre les portes dans les profondeur d’une œuvre politique et engagée. Gérard Mordillat, réalisateur de ce projet cinématographique, livre avec panache et exaltation les doléances forcenées d’un monde économique et politique caché, clos et sombre. La pièce ” Le grand retournement ” écrite en alexandrin par Frédéric Lordon a la grandeur d’inspirer à la fois irritation, rire et questions.
Images apocalyptiques
Cette danse des comptes et des calibres, des raisonnements grotesques et des apparences mouvantes, confronte le spectateur durant une heure vingt dans les débris cachés d’une usine désaffectée – seul décor principal du film – qui révèle la dégringolade désespérée d’une société occidentale. La crise nous est formellement exposée par les alexandrins qui résonnent mieux qu’à l’ordinaire à notre oreille affûtée, et par des images ” apocalyptiques ” et percutantes !
« Nous avons pris le soin, avec l’accord de l’auteur qui à toujours été présent lors de l’ouvrage, de faire un travail de ré – écriture pour certaines parties du film » confie Gérard Mordillat. La langue si particulière nous est ainsi rendue de manière intelligible et accessible. Pour les non-convaincus : n’ayez crainte, si vous pensez ne pas comprendre tout le vocabulaire économique et politique qui requiert des mots bien spécifiques, vous en comprendrez le sens global grâce à cette langue qui nous est à la fois si familière et si étrangère.
Un Hamlet des temps modernes
Quant au casting et à l’incarnation des personnages, nous demeurons sans voix. Chacun résonne à l’écran et porte sa revendication avec frénésie, ce qui offre au lyrisme de l’écriture une envergure de taille. Coup de chapeau à Elie Triffault, jeune comédien originaire de la région, qui après ses classes au conservatoire supérieur d’art dramatique de Paris, nous touche dans le rôle d’un jeune président de la République, tel un Hamlet des temps modernes qui nous pose question.
Entre naïveté, impertinence, et frivolité, le jeune homme se livre à nous tantôt avec légèreté tantôt avec clairvoyance, toute en finesse dans ce rôle de chef de l’Etat.
Entre traders, banquiers, journalistes et conseillés, nous nous plaisons à vagabonder dans cette étude économique et sociale. Quelques derniers mots de Gérard Mordillat pour conclure:
« Françaises, Français enfin voilà au cinéma Le Grand Retournement qui vous laisse baba. Pour que retentisse sur le territoire Un cri unanime : c’est jubilatoire ! J’ai besoin de vous tous, de toutes aussi bien sûr Pour qu’il vive longtemps et couronne l’aventure D’un succès que d’autre voudront nous contester : Critiques, rédactions, parti des cul serrés…A nous rire vengeur, oui, mobilisation Battons-nous pour le film, vive la Révolution ! »
Ana Elle