Enthousiasmant. Aux grands concerts les grands dons de soi. Depuis quelques jours, à l’occasion de son nouveau programme
“A la conquête de l’Ouest” donné hier soir dans une salle Pierre-Aimé Touchard résolument comble au Théâtre d’Orléans, l’Orchestre symphonique d’Orléans est allé à la rencontre du public lors d’instants musicaux chaleureux et festifs. Ce fut le cas dès ce jeudi à la médiathèque avec un directeur artistique et musical , se mettant au piano pour expliquer les œuvres au programme et se livrant à une malicieuse et vivante description du travail de direction d’orchestre.
A l’auditorium de l’établissement, il ne cessa de rendre hommage à ses musiciens fantastiques et de faire ressentir ce que respiration, tension , focalisation de tous et espoir sont quelques-unes de clés du succès.
Les musiciens accueillent vendredi leurs mécènes cl MT
Un enthousiasme qui va Crescendo
Vendredi, lors de la répétition générale, c’est devant le Club d’entreprises Mécènes de l’Orchestre Symphonique d’Orléans, Crescend’O, que l’ensemble présente pour la première fois son nouveau programme après avoir animé différents lieux du Théâtre. Et c’est enfin ce samedi soir, devant le grand public que concert fait définitivement assaut d’une éblouissante douceur tellurique. L’œuvre irisée de Charles Ives (The Unanswered Question) ouvre le bal avec trompette en cœur de salle et petite harmonie côté cour de la scène. C’est sans interruption que le Lullaby pour cordes,de Gershwin, lui succède avant que le scintillant virtuose saxophoniste Vincent David entre en scène pour la Hot-Sonate d’Erwin Schulhoff. Ici l’osmose entre l’orchestre et le soliste est totale et souriante.
Jazz virevoltant et décoiffante intensité
Marius Stieghorst joue pour Crescend’O cl MT
Jazz et sensualité sont à l’affiche d’une œuvre sentimentale au rythme ciselé et distillé avec humour par l’orchestre et le soliste. Tous jouent de concert, sur la pointe d’un regard, l’oreille comme à l’affût, et le sourire venant souvent couronner le tout pour le plus grand plaisir des mélomanes. Vincent David, qui fait ce samedi un triomphe, donne en rappel une improvisation sur le Libertango de Piazzolla donnée avec une expression sensible et une vélocité stupéfiante qui forcent de nouveau l’admiration, dont celle de Marius Stieghorst qui n’a pu se retenir d’écouter ce rappel assis parmi ses musiciens.
Une vision musicale des plus inspirées
Des cuivres à faire frémir à l’entrée du Théâtre cl MT
Suit la Circus Polka de Strawinsky, œuvre rubiconde écrite à l’origine pour les éléphants du cirque Barnum et comportant la gaillarde reprise du thème de La marche militaire, de Schubert. Après l’entracte, voici un moment de grâce, celui où Marius Stieghorst dirige, sans partition (!) , seulement à la baguette et au cœur à nu, la somptueuse Symphonie n°9 en mi mineur de Dvorak, celle dite “Du Nouveau monde”. Elle nous emportera, au fil des mouvements, dans un univers serti de remarquables soli et d’instants d’une puissance enchanteresse. Impossible de ne pas citer la douce mélodie du largo avec Christine Asso au cor anglais, la petite harmonie où les flûtes hautbois et la clarinette font sans cesse merveille, la profondeur et le chant des cordes, ou encore un magistral pupitre de cors dont la beauté de son fait frémir.
Ce samedi, Marius Stieghorst est venu avec un immense talent nous rappeler que la musique était porteuse d’une émotion infinie. A Orléans, elle fut à nouveau le fruit de la vision d’un très grand chef œuvrant en harmonieuse respiration avec ses musiciens.
Jean-Dominique Burtin.