A la tête du vélo club de Montrichard depuis 2002, Dominique Pézard est passionné de cyclo-cross. Avec le team Murillo, il a mis en place une structure unique en France pour accompagner les jeunes champions.

Dominique Pezard un dirigeant engagé pour le cyclisme
Dominique met le pied dans le cyclisme dans les années 60 à Persan dans le Val d’Oise. Son père Serge, collaborateur et ami proche du Baron Bich, propriétaire des stylos Bic, va en effet participer à la belle aventure de la célèbre équipe cycliste professionnelle Bic. L’équipe au maillot orange et blanc accueillera notamment dans ses rangs Luis Ocana vainqueur du Tour en 1973 et d’autres champions comme Johny Schleck.
« Bic s’est retiré du cyclisme pro en 1974 mais a continué de soutenir le club de Persan, un club référence en matière de cyclo-cross. Le CSM Persan-Bic a ainsi conquis un titre de champion de France avec Bruno Le Bras en 1991 (1) et a compté dans ses rangs de grands spécialistes des sous-bois comme les frères Blanchardon, Thierry Casas, Alain Daniel, Miguel Martinez… » se souvient Dominique avec un brin de nostalgie.
Après la disparition de Serge en 1998, Dom a pris les rênes de l’association. Directeur sportif de l’équipe amateur, il côtoie de près quelques grands noms comme Thor Hushovd ou encore Frédéric Moncassin maillot vert sur le Tour. « Sa victoire sur Paris-Roubaix amateur en 1989 est l’un de mes meilleurs souvenirs. C’est extraordinaire de conduire la voiture suiveuse « raconte-t-il.
Muté professionnellement en Loir-et-Cher, le contrôleur des impôts « vacciné avec un rayon de vélo » ne va pas mettre la machine au clou. Loin de là ! Il va faire profiter les coureurs locaux de son expérience et de son réseau en créant au début des années 2000 le club de Montrichard. Avec le soutien de la Municipalité et de plusieurs partenaires, le club (aujourd’hui Montrichard Val de Loire Contrôle Habitat) se construit un joli palmarès sur les routes régionales.
Bernard Hinault parrain du team Murillo

Comme les pros, le bus du team Murillo
Loin d’être éteinte sa passion pour le cyclo-cross le rattrape. « J’avais dans l’idée de construire une équipe de cyclo-cross depuis plusieurs années avec pour philosophie de faire émerger de jeunes talents. Avec l’accord de la Fédération Française de Cyclisme et le soutien financier de l’entreprise de Steeve Murillo (Val de Loire Contrôle Habitat) et de plusieurs partenaires dont Podiocom qui prête un bus équipé, nous avons lancé le team le 30 septembre » explique Dom qui sait faire jouer ses relations.
Bernard Hinault, « le blaireau », son ami de longue date, parraine aussi l’équipe dirigée sportivement par l’ancien spécialiste Anthony Colas. 6 coureurs endossent donc le maillot noir pour une 1ère saison qui s’est achevée le 31 janvier. Tous amateurs, ces jeunes espoirs ont bénéficié d’une structure efficace et d’un encadrement digne des pros avec mécano et ostéopathe.
« Nous sommes satisfaits de cette 1ère saison avec notamment 20 victoires à Châtellerault, Lanarvily (la Mecque du cyclo-cross en France), Challans, La Roche-sur-Yon ou encore Onzain en décembre dernier même si nos coureurs auraient pu mieux faire lors du championnat de France. L’objectif est maintenant de pérenniser cet investissement initial de 50 K€ en repartant pour une seconde saison avec des coureurs de 1er plan (en particulier des jeunes) séduits par notre projet sportif », annonce Dom. Réponse le 1er avril prochain.

Les coureurs du team Murillo ont brillé au cyclo cross d’Onzain
Une figure du milieu …
Avec sa gouaille et son franc-parler, Dominique Pezard est connu comme le loup blanc dans le monde du vélo. Pilote de la voiture des commissaires sur le Tour de France pendant 32 ans, Dom a côtoyé de près Antoine Blondin ou encore Jean-Marie Leblanc, un ancien de chez Bic, qui fut directeur de l’épreuve entre 1994 et 2007. « Un jour, il m’a sérieusement engueulé. Il est vrai que j’avais fait fort. Alors que je devais conduire la voiture du commissaire à l’arrivée avant les coureurs, je me suis endormi … on avait fait un peu fort la veille » se souvient-il.
Durant ces belles années, il fut aussi proche des plus grands champions. « Lance Armstrong ne passait jamais sans me dire bonjour. Comme Alessandro Valverde, le champion du Monde 2018 pour qui j’ai le plus grand respect ou encore Sylvain Chavanel. Aujourd’hui, avec la jeune génération, ce n’est pas vraiment comme ça. Ils sont moins accessibles avec les oreillettes et le casque sur les oreilles … « déclare Dom qui reste proche de Marc Madiot ou du Blaireau avec qui il partage une certaine conception de la course.
Autre temps, autres mœurs. Le Tour lui aussi a bien changé. « C’est devenu du business. La convivialité a disparu …le culte de la performance, à l’image de l’équipe Sky qui a mis en place des suivis médicaux ultra poussés, l’emporte désormais “ regrette Dom.
Julian Alaphilippe, la relève ?
Verra-t-on un jour un coureur français remporter le Tour, 34 ans après Bernard Hinault en 1985 ? Dom n’y croit pas : « Nous avons pris du retard sur les méthodes d’entraînement. Des coureurs comme Bardet ou Pineau peuvent faire des coups d’éclats mais de là à gagner … ». Dom regarde plutôt du côté de Julian Alaphilippe qu’il connait bien pour l’avoir suivi pendant 2 ans chez les espoirs. « Il s’entraîne vraiment dur, il va se bonifier, c’est sûr. Je le vois bien gagner les Mondiaux ».
Comment relancer un cyclisme français à la peine ? sur ce sujet, Dom est lucide. « Notre élite est restreinte. Le vélo est un sport qui coûte et nécessite des éducateurs bien formés pour encadrer les jeunes. Sans parler des difficultés financières de la FFC. Dans le football, la fédération soutien les clubs, dans le vélo, c’est l’inverse ! La FFC va mal » regrette Dom un brin fataliste.
(1) Le champion a aussi conquis 2 médailles de bronze aux Championnats du monde (1990 et 1991).
(2) La tête d’affiche est l’ancien pro Arnold Jeannesson . A ses côtés, les jeunes espoirs et spécialistes de VTT Thomas Gachignard,
Valentin Guillaud, Richard Demay et la féminine Lyse Girault.