L’ancienne candidate à la présidentielle de 2007 est sévère avec la gestion de la crise des « gilets jaunes » par le gouvernement. A l’occasion de la sortie de son dernier livre « Ce que je peux enfin vous dire » Ségolène Royal a accepté de nous rencontrer pour un entretien informel, pas une interview.
Comment ne pas évoquer la crise des « Gilets jaunes » ? Le discours d’Emmanuel Macron sur la transition énergétique est loin de la satisfaire. « On n’a pas le droit d’utiliser l’écologie pour faire des impôts ! J’attendais un retrait des taxes au moins le temps de rétablir le dialogue avec les Français en colère », s’écrie-telle sans détour avant de compléter son exclamation par un couplet sur l’un de ses thèmes favoris « l’écologie punitive » qui a mis les Français en rage. Elle souhaite la réussite d’Emmanuel Macron mais elle s’inquiète.
Recherche d’un compromis
Elle s’insurge contre la posture droit dans ses bottes, « un truc de mec ! Les femmes ont beaucoup moins de difficultés à rechercher un compromis et si besoin à reculer pour mieux repartir ». Et elle enchaine sur un exemple donné dans son livre. « J’ai évité trois mois de barrages routiers » par les bonnets rouges et les camionneurs en renonçant aux portiques pour l’écotaxe. Un patron m’avait prévenue : « Quand les gars vont chercher les merguez et le charbon de bois, c’est qu’ils s’installent pour longtemps ». Un exemple dont l’actuel chef de l’Etat ferait bien de s’inspirer, du moins de son point de vue. Elle se désole de le voir faire « les mêmes erreurs » que son prédécesseur avec la loi travail par exemple. « Penser que l’injonction à faire des réformes oblige à faire n’importe lesquelles pourvu que ça bouge est absurde! », conclut-elle.
Bande de « machos »
Au cours de notre entretien comme dans son livre Ségolène Royal est tout autant critique avec son prédécesseur et les ministres mâles qu’elle a côtoyés et dont elle a collectionné les remarques sexistes. Les gouvernements Valls et Cazeneuve, « une bande de machos avec des poussées de testostérone » et avec au passage un petit coup de griffe qu’elle donne dans le livre sans dire quels sont les deux ministres à qui il est adressé mais qu’elle nomme dans l’entretien, Ms Le Guen et Sapin.
Des souvenirs retrouvés
Dans son livre Ségolène Royal raconte ses combats féministes et écologiques pour lesquels elle a dû replonger, l’été dernier dans ses souvenirs de la présidentielle 2007. « Ca été dur, dit-elle, j’avais occulté plein de choses. J’ai lu pour la première fois ‘L’impasse’, le récit dans lequel Lionel Jospin critique sans nuance sa campagne. ‘L’impasse’, c’était moi », ricane-t-elle avant d’ajouter « c’est quand même d’une violence… »
Un tour de France
Ségolène Royal s’apprête à faire comme François Hollande : aller à la rencontre des lecteurs un peu partout en France. Depuis qu’elle a quitté le ministère de l’Ecologie, Ségolène s’occupe de son ONG « Désirs d’avenir pour la planète ». Avec un « désir d’avenir » aux élections européennes ? Le PS lui fait avec insistance les yeux doux même si elle n’a plus sa carte. « Je ne veux plus de confrontations électorales. Je ne m’intéresse plus à la vie des partis et je ne rentre plus dans les cases. J’ai fait ma carrière politique ».
Mais avec une liste élargie, peut être ira-t-elle ? Elle botte en touche. Décision en janvier. Cependant quand elle dit à propos de l’Europe : « on assiste passivement au chaos annoncé », elle laisse entendre qu’elle pourrait reprendre du service actif en politique.
F.C.
« Ce que je peux enfin dire »
Ségolène Royal Ed Fayard 22 euros