Chauffe Marseille, capitale européenne de la culture en 2013

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Le Vieux port.

Peuchère, c’est parti! Marseille est tout au long de cette année 2013 “capitale européenne de la culture”. Un an pour flinguer l’image noire de la cité phocéenne,  capitale française de la rafale de kalach et du trafic de drogue en brochettes et en boulettes.

Une centaine de millions d’euros seront consacré à ce ripolinage d’une ville singulière, métissée, expansive, terre d’échange avec les régions voisines de la Méditerranée. En fait, ce grand remue-méninges culturels ne se limitera pas à la Cannebière, au Panier et autres quartiers nord. C’est toute la Provence qui participe à la fête, d’Aix-en-Provence en Arles, d’Aubagne à la Ciotat…au total 73 communes associées.

Bien sûr qu’il ne s’agit pas seulement de gommer la réputation sulfureuse (et à la sulfateuse) de Marseille capitale du crime et des mafias et de repeindre la cité phocéenne aux couleurs jaunies de la partie de cartes de Pagnol (“tu me fends le coeur”) et à celle des vieux clichés “bouillabaisse, pastis, pétanque, farniente“. Pas plus que la sardine, les maquereaux du vieux ports ne doivent boucher l’image contemporaine de Marseille.

Le MuCem un peu en retard

Le fameux MuCem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), conçu par Rudy Riccioti, n’ouvrira qu’en juin, la faute à un peu de retard. La passerelle qui le relie au Fort Saint-Jean et plus tard au quartier du Panier, symbolise bien le lien de cette année 2013 avec le riche passé de la ville.

A l’autre bout de l’hexagone, Lille, une autre ville superbe, en 2004 capitale européenne de la culture, avait foisonné d’initiatives, reçu 9 millions de visiteurs, et  a bénéficié des retombées économiques estimées à 10€ par euro investi.

Marseille tu cries trop fort

En même temps que commençaient à se dérouler le programme des manifestations artistiques (expositions, arts de la rue, cirque, concerts, spectacles en tout genre) tout a commencé samedi par une immense clameur. Décidément Colette Renard qui en son temps chantait “Marseille tais-toi Marseille, tu cries fort” est bien démodée.

Impossible de  rendre compte ici de toutes les festivités qui vont émailler cette année 2013 en Provence. En échantillons,  nous avions pu fin 2012 prendre la température de cette évènement qui aura peut-être aussi comme vertu de montrer aux Germanopratins bornés que la culture en France n’est pas cantonnée à Paris. Mais il faut être réaliste, là ce n’est plus un pari c’est un défi. Presque insurmontable.

Christian Bidault

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Arles : complètement barge de ses vestiges romains

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Claude Sintes présente le fameux buste de César.

Il faut rendre à César et une visite consacré à Arles ce qui lui appartient : un grand moment dans le rétro de l’histoire que cette plongée dans le Rhône d’avant hier.  Claude Sintes, le passionnant conservateur présente César, la vedette du Musée départemental Arles antique en est le guide. Un musée qui accueille les milliers d’amphores retrouvées dans ce port Rhodanien, une vraie « poubelle » entre le 1er et le 8 ème siècle après JC, et surtout une barge datée du règne de Néron et qui est en pleine rénovation pour « dégorger » l’eau de ses bois, dans le laboratoire atomique de Grenoble.

10.000 objets ont été retrouvés durant une campagne de six mois, un trésor, et cela seulement sur 400 mètres de long et 80 mètres de large, au coeur d’Arles.

Arles antique

Ces trésors archéologiques sont conservés dans un beau musée, “Arles antique” à deux pas du Rhône, en cours d’agrandissement pour accueillir la fameuse barge romaine découverte en 2007 dans le fleuve. Coût de la construction du bâtiment, 6 millions d’euros, la fouille de la barge et sa restauration revenant à 2,8 millions.

Les grandes écoles à cheval

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Marc Jalabert, ,le directeur des arènes d’Arles.

Dans les sublimes arênes d’Arles,  à l’été, le spectacle équestre des grandes écoles européennes (Saumur, Vienne, Jerez, Lisbonne)  sera  l’ un des fers de lance  (et à cheval) de Marseille 2013 décentralisé, et organisé par le très médiatique Marc Jalabert, le directeur des arènes, l’homme qui parle aux oreilles des chevaux.

Le musée Réattu sur un nuage

Au musée Réattu,  les costumes de Christian Lacroix et les 57 dessins de Picasso, étaient jusqu’à décembre 2012 au coeur d’une exposition résolument contemporaine. En 2013, plus de 150 oeuvres venus des plus grands musée, George Pompidou, Guggenheim de Bilbao, Tate modern de Londres…seront au Réattu. Le nuage, la rêverie  la méditation constitueront le fil rouge d’oeuvres de René Magritte, des montages de Brassaï. “Le projet “nuages” ‘s’intéresse aux structures anthropologiques de l’imaginaire” dit Michèle Moutasshar, directrice du musée Réattu.

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Le Corbusier, Pouillon, avec les génies de l’architecture

Peu d’architecte auront marqué leur époque de quelques envolées urbaines de génie. Oscar Niemeyer, le Brésilien qui vient de mourir et les Français Le Corbusier et Pouillon en font partie.

A Marseille, la Cité radieuse reste un témoignage unique de ce visionnaire de Le Corbusier, que dans les années 60 l’on trouvait un peu fada, barré comme on dit de nos jours.  Cette grande barre de béton aux allures de phalanstère avec son école maternelle, son gymnase, son système écolo avant l’heure de tri des déchets, était un monument d’avant-garde. De nos jours on peut y vivre ou visiter des cellules du studio au duplex de 220m2.

Radieuse cité

Du grand vaisseau d’hier signé le Corbusier qui n’a jamais coulé, jusqu’au paquebot de demain, le MuCem (le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) et ses façades en devenir en nid d’abeilles, il n’y a qu’une passerelle dans le temps et et qui mène jusqu’au musée bis du Fort Saint-Jacques. Comme souvent en Méditerranée on prend son temps et le MuCem a un peu de retard, mais ce parcours du combattant a montré ses immense baies vitrées donnant sur une mer ce jour-là déchaïnés, ses planches de bois clair…A voir encore le Frac, la villa Méditerranée…

La station sanitaire

Autre chantier en cours,  la réhabilitation de la Station sanitaire, œuvre d’un autre visionnaire Fernand Pouillon (et René Egger) en 1948, un architecte qui a construit tant de merveilles au-delà de la Méditerranée en Algérie, et dont la Station rénovée ouvrira le bal des grandes expositions dès février.

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Au cœur des cultures urbaines

« Plus belle la vie » dit-on chez les téléphages. Rafale de kalachnikov dit- on chez les « faits diversiers » abonnés de l’ «Evêché » (le » commissariat de Marseille pour les incultes). Quel est le vrai visage des Arts de la rue façon Marseille, bluette fleur bleue ou implacable loi du milieu dopée au trafic de came, genre “Tonton flingueur” mais en moins drôle?

La Belle de mai en incubateur

Ville cosmopolite et viscéralement dynamique, Marseille a su agiter le cocktail des cultures et transformer par exemple la Belle de mai, une friche industrielle en incubateur, en pépinière d’artistes ou 70 entreprises inventent et diffusent de nouvelles expressions artistiques. Le théâtre Nono, troupe déjantée qui fait passer Jérôme Savary pour un créateur de spectacle de patronage et qui a choisi de vivre à Marseille, en est la plus belle illustration.

Révélation capitale : en matière culturelle, il n’y a pas que « là haut » (à la capitale) que ça se passe. Malgré son handicap génétique (n’être pas à Paris), la création régionale phosphore tous azimuts et produits des dizaines de petits et grands évènements. Le théâtre l’a déjà crié… Comme dans les fameux quartiers nord où l’on sait générer autre chose que Zidane le génie des pieds (et parfois du coup de tête) : c’est ici qu’est né le Centre national des arts de la rue qui réinvente les cultures urbaines.

Le théâtre Nono : du Savary encore plus déjanté

IMG_9461Déglingué, délirant, déjanté, extravagant, déroutant, talentueux…Les adjectifs manquent pour raconter, mais c’est impossible, le spectacle du Théâtre Nono. Si/si, tout le monde en redemande, sous la baguette d’un Monsieur Loyal aux faux airs de Jérôme Savary -mais est-ce un hasard ?- se succèdent des figures d’un burlesque fou, loufoques, avec des personnages affublés de déguisements tout aussi barges de savant fou, de bellâtre latino, de lapins roses qui tournent sur une piste autour des convives dînant dans la fosse.

Le chapiteau a eu beau ce jour-là hurler sous les bourrasques de la tempête, Nono et les siens ont suscité des torrents de rires. Quel cirque!

Ch.B

Tout le programme sur www.mp2013.fr

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