« Nous avions le bon projet mais ce n’était simplement pas le bon candidat », explique Serge Grouard à propos de François Fillon dans un livre (Ce que je voulais vous dire, Corsaires Editions) qui vient de sortir. Et devinez qui était le bon candidat pour l’appliquer…Les passages consacrés à la Présidentielle 2017 et à sa préparation sont les seules qui retiennent l’attention dans cet ouvrage. Mais qui au final convergent dans le registre autosatisfaction générale de l’auteur, au local et au national. Dans le Figaro Guillaume Tabard aura déjà réglé son compte, sur la manière, à celui qui ne fait pas preuve d’un « modèle d’élégance » dix-huit mois plus tard, en le descendant en flamme, après que Fillon ait mis bas les masques. “Petit”, estime t-il.
Pour les observateurs qui, comme nous, s’étaient étonnés du peu de cas, voire du mépris affiché par François Fillon vis-à-vis de son « petit personnel », de ses lieutenants, de ses « collaborateurs », comme dirait l’autre, Serge Grouard confirme, « je me suis toujours demandé s’il avait de la considération pour ses proches ou s’il les utilisait pour les besoins de la cause ». Bonne question qui aurait demandé des réponses sérieuses. Que n’en n’a t-il cherchés. Un proche de l’ancien maire d’Orléans était même persuadé que Fillon le « chaleureux » n’avait jamais eu l’idée de payer un café à son fidèle orléanais. Un peu exagéré, si l’on en croit Serge Grouard qui parle dans le livre d’un déjeuner avec Fillon. Le tout est de savoir qui a payé l’addition…
A plusieurs reprises, nous l’avons constaté, Fillon cornaqué en meeting local par Grouard n’avait même pas eu la politesse, sans même allé jusqu’à l’élégance, qu’il réservait à ses costumes et à ses bagnoles, de remercier son garde du corps ou de dire un mot de compliment à l’égard de la ville de son hôte. Le candidat de la droite n’avait même pas eu le commencement de l’idée d’inviter ses lieutenants François Bouvard, Bruno Retailleau, Patrick Stéphanini, pas plus que Serge Grouard dans sa masure de Beaucé, sans doute trop en désordre, encombrée qu’elle était par les dossiers traités par Pénélope…
Pour Serge Grouard comme pour le cercle des « proches », après la primaire l’Elysée c’était dans la poche et l’on se distribuait déjà derechef les ministères. Pour l’ancien maire d’Orléans, enfin reconnu pour ses compétences, ce serait l’Industrie, c’est ce qu’il colportait à Paris. Mais à Orléans il se voyait déjà en haut de l’affiche ministérielle à l’Environnement, Orléans une ville dont il avait, il est vrai, ravalé les façades et briqué les quais durant 25 ans…
Grossier mensonge prétentieux et ridicule
Cette distance, cette froideur, affichée par François Fillon vis-à-vis d’un « proche » comme Serge Grouard laissait à penser aux observateurs locaux que l’ancien maire d’Orléans en rajoutait des kilos, voire des tonnes, sur son rôle auprès du futur président de la République, qui n’aurait été en fait, pensaient-ils, que subalterne. Comment un homme qui donne des leçons à la terre entière, qui a fustigé à longueur de conseils municipaux et de séances à l’Assemblée, la gabegie dont les gouvernances faisaient preuve, qui se présente à l’envi comme un parangon de vertu financière, comment un tel homme n’était pas allé simplement s’informer sur qui était en réalité ce François Fillon, l’homme qui prétendait redresser la France, à grand coup de rigueur et de saignée chez les fonctionnaires. Et qui menait grand train en costumes, grosses voitures et manoir, grâce à l’argent public.
Dans l’ouvrage précité, Serge Grouard affirme encore que c’est lui qui a rédigé le livre signé François Fillon « Vaincre le terrorisme islamique ». En se dévoilant « nègre » de Fillon, Grouard lance t-il une petite bombe avec ce sujet explosif ? « C’est un grossier mensonge prétentieux et ridicule. Il suffit d’avoir lu le livre pour savoir que ce n’est pas Serge Grouard qui l’a écrit » cinglent des anciens proches de Fillon. Si l’on en croit toujours les écrits de Serge Grouard, c’est à la demande de François Fillon que Serge Grouard se met à la rédaction du projet , “si, il faut que tu le prennes en charge”, lui aurait dit Fillon. Puis, après la primaire il tente de faire la synthèse avec le programme des autres candidats et là encore qui écarte Eric Woerth l’ambitieux, qui rédige une grande partie du programme malgré le bordel ambiant ? Serge Grouard toujours.
Grouard le “plan B”!
Serge Grouard et François Fillon en réunion à Orléans
Après les révélations du Canard, et un meeting au Zénith d’Orléans, le rôle de Serge Grouard s’arrête là. Il le dit lui-même, il n’est pas au Trocadéro et ne joue aucun rôle dans la défense finale désespérée de Fillon? Mieux, un Parlementaire du Loiret nous en fera la confidence : alors que la droite est à la recherche d’un plan B, Serge Grouard est même allé jusqu’à annoncer devant les instances dirigeantes de l’UMP, qu’il veut bien être le candidat à la présidence de la République en lieu et place de Fillon, devant un bureau politique médusé par tant d’assurance.! Mais qui connait Serge Grouard hormis des Orléanais, ce qui ne fait pas grand monde en France,il faut en convenir ?
Bon projet, mais pas le bon candidat donc. Qui avait donc rédigé ce grand projet pour la France, celui de Fillon, qui devait sauver le pays ? Serge Grouard, bien sûr. Donc c’était lui Serge Grouard le bon candidat capable de “redresser la France”. CQFD. On en apprend de biens belles dans les livres…
Ch.B