Après Kirikou et la sorcière (1998), Princes et princesses (2000), Azur et Asmar (2007), ou Les Contes de la nuit (2011), Michel Ocelot revient en France avec Dilili à Paris où, dans le Paris de la Belle Époque une jeune Kakank va déjouer un mystérieux gang de « mâles-maîtres » qui font régner la terreur sur la ville. Et vanter l’émancipation et la libération des femmes, le tout avec une galerie de portraits foisonnante et des décors somptueux.
Dans le Paris de la Belle Époque, en compagnie du jeune livreur à triporteur Orel, Dilili, jeune Kanak née en Nouvelle-Calédonie et élevée dans une famille bourgeoise du cœur de Paris, mène l’enquête sur de mystérieux enlèvements de fillettes qui disparaissent dans les entrailles de la capitale sans laisser de trace. C’est l’ouvre d’une bande qui fait régner la terreur, les « mâles-maîtres », dont personne ne sait réellement qui ils sont, mais qui vont d’enlèvements en braquages sans que la police ne parvienne à s’en saisir. Commence alors une déambulation dans Paris, en suivant Dilili et Orel, qui vont rencontrer une sacrée galerie de portraits des illustres de la Belle Époque : Marcel Proust, Henri de Toulouse-Lautrec, Gustave Eiffel, Picasso, Claude Monet, Louis Pasteur, Erik Satie… Mais aussi Louise Michel, Sarah Bernhardt, Marie Curie, la Goulue, Suzanne Valadon, Emma Calvé, qui toutes à leur manière participent à l’émancipation des femmes dans un monde dominé par les hommes. C’est justement cette émancipation que cherchent à arrêter les « mâles-maîtres », en enlevant les petites filles de Paris et en les faisant ramper à quatre pattes ou transformées en tabourets pour s’asseoir, vêtues de noir.
Reconstitué en 3 dimensions à partir de vraies photos de Paris, Dilili à Paris de Michel Ocelot (présenté en ouverture du festival d’Annecy) offre aux spectateurs une promenade dans le Paris de la Belle Époque, magnifiquement reconstitué, où l’on croise de célèbres personnages illustrés en à-plats de couleurs vives. Le film prend parfois l’allure d’une leçon d’histoire mais ne perd pas son charme grâce au romanesque, à la vivacité et sagacité de la jeune Dilili, « trop blanche chez les Kanaks, et trop colorée chez les Parisiens ». Mais Michel Ocelot, tout en nous imposant ce catalogue de figures historiques de la politique, des sciences, des arts et de la littérature, n’en perd pas pour autant sa finesse, et Dilili à Paris est au fond un film plutôt sympathique à voir avec des enfants car, grâce aux deux niveaux de lectures, personne ne s’ennuie…
F.Sabourin