Macron-Collomb : le divorce est consommé

Gérard Collomb a quitté la place Beauvau. Le poste de ministre de l’Intérieur est dévolu par intérim au premier ministre. Du jamais vu sous la Ve République dont on fête les soixante ans constitutionnels. Comme les vieux couples qui se sont beaucoup aimés, Emmanuel Macron et Gérard Collomb, une fois le temps de l’incompréhension venu, se séparent mal et ce d’autant plus que ce divorce s’étale devant le peuple de France. Celui-ci regarde d’un œil désormais amusé ce feuilleton de la Macronie inspiré par bien des aspects du très populaire Guignol lyonnais.

Gérard Collomb est parti  retrouver son siège dans la capitale des Gaules. Reste à Paris Emmanuel Macron,  ce président de la République à qui ses principaux ministres imposent leur départ. Coup sur coup, les numéros 2 et 3 du gouvernement l’ont informé qu’ils tiraient leur révérence. Le tout puissant Jupiter n’a rien décidé, il n’a su et pu ni les dissuader, ni les retenir, ni  anticiper leur départ. Il n’est plus le maître des horloges, tout juste s’il en est le balancier.

La déchirure

Que s’est-il passé pour que Gérard Collomb, le premier de ses soutiens, lâche le Nouveau Monde pour rejoindre son fief lyonnais ? D’après plusieurs sources, dès le printemps dernier, le Premier ministre Édouard Philippe et le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler soutiennent devant le Président de la République que Gérard Collomb gère mal la boutique, n’est pas à la hauteur du travail demandé, et ne protège pas le chef de l’État. Ces propos sont rapportés au ministre de l’Intérieur qui les vit très mal et parle déjà en privé de son retour à Lyon.

Le 18 juillet la situation s’envenime avec l’affaire Benalla révélée par Le Monde. Il  semble bien  que ce sont des policiers qui ont informé le journal de la présence d’Alexandre Benalla le 1er mai aux côtés des policiers. Pour Édouard Philippe et Alexis Kohler, c’est la preuve supplémentaire que Gérard Collomb ne tient pas ses troupes.

Le 23 juillet Gérard Collomb  devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale présente une défense aberrante. « Moi, premier flic de France, je ne savais rien, on ne m’a rien dit, je découvre tout », dit-il en substance. Quand des députés lui demandent s’il connaissait Alexandre Benalla, directeur de la sécurité d’Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle,  mensonge XXL: « Je ne le connaissais pas, je n’en avais jamais entendu parler, je n’en savais strictement rien, je ne l’avais jamais rencontré. » Ces réponses créent une faille  dans la relation entre le chef de l’État et le ministre de l’Intérieur.

Le 10 septembre la rupture intervient, lors d’un dîner à trois personnes à l’Élysée : Gérard Collomb, Emmanuel  et Brigitte Macron. Cette dernière reproche au ministre de les avoir abandonnés dans l’Affaire Benalla.

Le 18 septembre  dans une interview à L’Express, Gérard Collomb annonce son intention de rentrer à Lyon et de quitter le gouvernement en juin 2019. Depuis, Gérard Collomb est chaque jour un peu plus déprimé et  son épouse, Caroline, intervient pour mettre un terme à ce qui est un calvaire pour son mari.

Le 2 octobre, lundi soir, Gérard Collomb s’entretient avec Emmanuel Macron, qui le retourne une dernière fois. Revenu place Beauvau, avec le soutien de son épouse, il mesure qu’il ne peut rester. Mardi,  Collomb maintient  sa démission que Macron ne peut qu’accepter et qui surprend jusque dans le gouvernement.

Depuis des semaines Emmanuel Macron aurait pu faire acte d’autorité et recadrer la place Beauvau. Il ne l’a pas fait. C’est peu dire que la verticalité présidentielle si souvent revendiquée en a pris un coup. Et le coup est d’autant plus rude qu’il touche à ce que ce gouvernement revendique le plus, la solidarité gouvernementale. Le feuilleton Collomb avec ses valses hésitations fait le bonheur des oppositions de droite comme de gauche. Elles voient dans cette crise de l’exécutif les prémices d’un effondrement qui est loin d’être certain.

F.C.

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