Comme au théâtre de boulevard, le ministre de l’Intérieur voulait quitter la place Beauvau. Le président de la République l’en a empêché. Lundi, en fin de journée Gérard Collomb a présenté sa démission avec effet immédiat à Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat l’a refusée avec une explication officielle. « Face aux attaques dont le ministre fait l’objet depuis qu’il a confirmé qu’il serait candidat, le moment venu, à la mairie de Lyon, le président de la République lui a renouvelé sa confiance et lui a demandé de rester pleinement mobilisé sur sa mission pour la sécurité des Français“, confirme une source proche du pouvoir exécutif.
Le maître des horloges
Mais il semble bien que le maître des horloges ait voulu faire savoir qu’il le restait. Face à une rentrée difficile Emmanuel Macron fait front sur tous les fronts. Pas question de laisser partir à son heure un de ses premiers soutiens, un pilier de la macronie à qui il avait donné le ministère de l’Intérieur dont dépendent les forces de l’ordre, la sécurité et le contrôle des frontières donc de l’immigration. Les 80 km/h puis l’affaire Benalla auraient introduit des grains de sable dans leur relation. L’annonce d’un départ en juin après les Européennes n’aurait pas amélioré le climat. Fin de l’acte un.
Ministre de l’extérieur lyonnais
Gérard Collomb lors de son dernier déplacement dans le Loiret (ici avec Mme la maire de Meung-sur-Loire),
Depuis l’annonce anticipée de cette volonté de départ, les critiques vont bon train. Un ministre sur le départ ferait-il preuve de toute l’efficacité nécessaire ? Du côté des syndicats de police et de l’opposition les commentaires et les interrogations acides vont bon train de quoi mettre très mal à l’aise le ministre de l’Intérieur et de le pousser à hâter sa sortie. Raté. Emmanuel Macron n’y voit que des inconvénients. Il a déjà perdu deux de ses ministres d’Etat, François Bayrou et Nicolas Hulot. Fin de l’acte deux.
Collomb toujours place Beauvau, la majorité ne sait plus comment colmater les fissures et l’opposition parle comme Eric Ciotti qui déclare à qui veut l’entendre, « Gérard Collomb, le ministre de l’extérieur lyonnais ».
Françoise Cariès.
- Au final dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi par l’Elysée, la démission de Gérard Collomb a été acceptée par le Président de la République. En attendant la nomination d’un successeur au ministre d’Etat, c’est le Premier ministre qui assurera l’intérim. Notamment pour le conseil des Ministre qui a lieu ce matin comme tous les mercredis.