Nouveau revers pour le gouvernement : le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, un allié de la première heure d’Emmanuel Macron, a annoncé qu’il envisageait de quitter son poste après les européennes de 2019 pour reconquérir en 2020 la mairie de Lyon. Cette annonce d’un compagnon de route fidèle intervient moins d’un mois après la démission fracassante de Nicolas Hulot, le très populaire ministre de la Transition écologique et à un moment où la cote de popularité du chef de l’Etat ne cesse de plonger. Seuls 19% des Français jugent son bilan “positif”, selon un sondage Kantar Sofres Onepoint publié lundi.
« C’est loin, les municipales. Si d’ici là on ne m’a pas diagnostiqué de maladie grave, je serai candidat à Lyon en 2020 », a déclaré le ministre de 71 ans, dans un long entretien avec le magazine L’Express paru ce mardi. « Je pense que les ministres qui veulent être candidats aux municipales de 2020 devraient pouvoir quitter le gouvernement après la bataille des européennes, fin mai 2019 », a ajouté cet ancien cacique du Parti socialiste avant de conclure « à partir d’une certaine période, il vaut mieux être totalement disponible pour la campagne ».
Une annonce qui tombe mal pour l’Elysée
Son annonce a été faite « en accord » avec Emmanuel Macron et son Premier ministre Édouard Philippe qu’il avait prévenus a t-on fait savoir à l’Elysée. Le retour de Gérard Collomb à Lyon était prédit depuis l
Le ministre lors d’une visite à l’Argonne.
ongtemps. Mais l’annonce de ce futur départ tombe mal pour Emmanuel Macron et le gouvernement confrontés à une rentrée politique difficile : remaniement ministériel contraint à la suite de la démission de Nicolas Hulot, tergiversations sur des mesures fiscales, déclarations présidentielles mal perçues et suites de l’affaire Benalla. L‘Elysée a été contraint de licencier ce collaborateur poursuivi pour violences lors d’une manifestation le 1er mai et plusieurs responsables de haut rang dont Gérard Collomb ont été convoqués devant des commissions parlementaires.
Collomb politiquement affaibli à l’Intérieur
Jurant ne pas connaître l’ex-chargé de mission de l’Élysée et semblant renvoyer les responsabilités sur le préfet de police de Paris et le directeur de cabinet du président de la République, Gérard Collomb était sorti de cette audition politiquement affaibli. Selon un récent sondage BVA, il avait accusé une baisse de 11 points de satisfaction en un an. Plusieurs responsables de l’opposition de droite, dont le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, ont dénoncé le propos « surréaliste » du ministre. « Penser qu’on puisse avoir un ministre de l’Intérieur à mi-temps montre bien la déconnexion du pouvoir sur l’insécurité subie par les Français », a ironisé M. Wauquiez. Même sentiment à gauche, le député LFI (extrême gauche) Eric Coquerel évoquant dans un tweet un « trou de plus au-dessous de la flottaison du #Titanic #Macron ».
Moqué pour son verbe parfois brouillon, Gérard Collomb avait su jusqu’ici tenir la barre du ministère de l’Intérieur auprès de l’opinion publique en dépit de réformes contestées, surtout à gauche : la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui a intégré au droit commun des dispositions de l’état d’urgence, ou la loi asile immigration, critiquée au sein même de la majorité parlementaire. L’annonce du futur départ du ministre, le jour même du lancement officiel de nouveaux renforts policiers pour des quartiers en difficulté, ne devrait pas renforcer son image de « premier flic de France ».Habituel relais discipliné de la parole présidentielle, Gérard Collomb avait toutefois semblé prendre ses distances avec l’Elysée dès le début septembre en osant l constater publiquement un « manque d’humilité » de l’exécutif.
F.C.