“Françoise Sagan ma mère”, bonjour tendresse

Sagan ma mereSagan, le “charmant petit monstre” des années 60 revient sur le devant de la scène littéraire. Ses oeuvre ont réapparu à l ‘étal des libraires.

Pour cette auteure au sujet de laquelle François Mauriac déclarait son “mérite littéraire éclate dès la première page et n’est pas discutable” le purgatoire par lequel transitent presque tous les écrivains et dont beaucoup ne sortent jamais aura duré moins de dix ans. Françoise Sagan est morte à 69 ans le 24 septembre 2004, ruinée, abandonnée de presque tous, laissant derrière elle une oeuvre passionnante et une dette colossale, presque deux millions d’euros dus pour l’essentiel à l’Etat français qui les alourdissaient sans cesse de pénalités.

Après quelques hésitations que l’on peut comprendre , son fils unique, Denis Westhoff a accepté l’héritage et entrepris de faire rééditer les textes de sa mère dont il dispose des droits. Ceux de dix-sept romans dont le mythique “Bonjour tristesse” appartiennent à la maison Julliard qui vient de les rééditer en bloc alors qu’on ne les trouvait plus en librairie. A partir de 2008, une intervention de Nicolas Sarkozy a permis un étalement de la dette. “La spirale des intérêts et des pénalités a été interrompue. Elle est loin l’image de Sagan délinquante fiscale”, dit Denis Westhoff ravi..

Désinvolte et sexuellement libérée

 
Jean-Marc Roberts, responsable des éditions Stock a réédité “Des bleus à l’âme” en 2009, “Un orage immobile” en 2010, “Le chien couchant” en 2011 pour ne citer que ces trois-là.
Flammarion vient de consacrer à cette écrivaine célèbre à 19 ans un beau livre ” Françoise Sagan, ma mère”. Photos inédites et textes de Sagan et de Denis Westhoff nous replongent dans une époque où dominaient l’insouciance, la gaieté et l’humour du moins dans le milieu aisé, désinvolte et sexuellement libéré dans lequel Sagan vivait et qu’elle a su si bien décrire.
Sagan frivole certes, mais il ne faut pas oublier que dès 1960 , elle rapporte les dérives de Castro à la suite d’un voyage à Cuba, qu’en 1961 elle a cosigné l “la déclaration sur les droits à l’insoumission dans la guerre d’Algérie”, qu’elle a signé le “manifeste des 343 salopes” pour le droit d’avorter et qu’enfin elle a abandonné ses droits polonais à Solidarnosc. Sagan, une petite musique mélancolique qu’on ne peut oublier. A lire ou à retrouver absolument.
Françoise Cariès

 
– Françoise Sagan , ma mère
Denis Westhoff (Flammarion) 220 pages 35 euros

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