Peu avant d’accompagner Emmanuel Macron dans sa visite du salon Viva Tech, jeudi porte de Versailles, Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au Numérique, avait fait son coming out pour, a-t-il dit au Parisien, “lutter contre l’homophobie“. Au risque de paraître politiquement incorrect, on a envie de lui dire « rien à battre ». Nous aurions préféré, quant à nous, que M. Mahjoubi fasse parler de lui pour son activisme dans la lutte contre l’impérialisme des GAFA, en particulier sur l’impunité fiscale dont bénéficient les géants du net. Ou pour avoir soutenu, au hasard, la presse numérique. discriminée dans les annonces légales par exemple.
Mounir Mahjoubi lors d’une visite à Orléans.
Dans une récente enquête, Le Monde passait en revue la popularité et le rôle des ministres issus de la « société civile », puisque c’est ainsi qu’on les baptise, chacun dans leur domaine de compétence.
Qu’on apprécie ou pas les façons plus ou moins foutraques avec lesquelles elle exprime ses convictions, Marlène Schiappa elle, fait avancer sa cause, celle de l’égalité femme-homme. Que fait Mounir Mahjoubi ? Sans doute excelle-t-il dans l’inauguration des salons high tech et autres french tech, ou ces grands messes comme Vivatech à Paris où l’on se prosterne devant ces boites créatrices d’« appli » géniales qui mettent en relation les crépeuses de chignons avec les marchands de barrettes et les vendeurs de vent avec les fabricants d’éolienne.
La dernière fois que l’on a entrevu Mounir Mahjoubi dans la région c’était pour se féliciter de l’installation d’ordi à hauteur de gamins dans une école de Fleury les Aubrais et pour baptiser un énième machin à générer des réunions, du nom de « conseil régional du numérique » dont personne n’a plus entendu parler depuis.
Les boutiquiers de Facebook
Plutôt que d’entendre parler des tendances sexuelles de Mounir Mahjoubi, -comme disait vulgairement Jacques Chirac lorsqu’il était au mieux de sa forme, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre »- nous aurions aimé qu’il fasse entendre sa voix sur les pratiques de boutiquiers des réseaux sociaux comme Facebook en matière de vente des données personnelles. Mais sans doute en a-t-il touché un mot à Marc Zuckerberg qui a daigné honorer la France de sa présence… Ou, au hasard, qu’il s’exprime sur le contrôle de nos législations françaises et européennes contre l’embrigadement djihadiste ou la propagation des attaques racistes comme celles dont a été victime Mathilde qui figurait Jeanne d’Arc le 8 mai. Un « spécialiste » de l’ambassade de France est, paraît-il, allé demander des comptes aux dirigeants de ces réseaux. C’est quoi le résultat ? Mounir Mahjoubi est-il seulement au courant ? Le numérique façon Mehjoubi vit dans un monde de bisounours.
Une presse numérique indépendante
Le nouveau monde D’Emmanuel Macron, il l’a dit en 2017, passait par une nouvelle approche du numérique. Dommage qu’il ait oublié d’en parler à Mounir Mahjoubi. Récemment tous les ministres sont allés défendre la première année du gouvernement Philippe au quatre coins de la France. Si Mounir Mahjoubi avait “fait le job”, il aurait pu expliquer à ses collègues que désormais, à côté de la presse papier, il existe une presse numérique indépendante, ca s’appelle des “pure players”, et même en région.
D’accord nous plaidons pour notre paroisse, mais nous ne sommes pas les seuls en France reconnu par le ministère de la Culture et de la Communication comme site d’information IPG (Information Politique et Générale)…Raté, tous les ministres ou presque, en préambule à leurs visites, ont donné des interviews « exclusives » dans la presse papier (la PQR), c’est le nouveau monde de chez Macron, le roi du “tech for good” l’homme qui fait un tabac chez les startuper…Il est vrai que, côté intérieur du périphérique (parisien), il n’existe qu’un seul site d’information indépendant, médiapart. Ailleurs, ce serait le désert français…
Mounir Mahjboubi estime certainement que la presse c’est uniquement l’affaire de sa collègue de la Culture et de la Communication. Elle s’appelle Françoise Nyssens et on ne peut pas dire que cette éditrice remarquable dans une vie précédente, crève l’écran dans le registre “ministre de la société civile”, elle non plus. Homosexuel n’est pas un métier, pas plus qu’actrice noire.
Ch.B