N’ayant pas assisté à la présentation en mairie d’Orléans de la délégation d’influenceurs qui se rendra à Yangzhou en avril prochain, c’est en lisant le blog d’une “influenceuse” orléanaise que j’ai découvert que c’était à la demande des autorités chinoises que les journalistes professionnels avaient été bannis de ce voyage de promotion de la ville du Jiangsu, propos de Martine Grivot, adjointe au tourisme et organisatrice du voyage, confirmé à la lecture de notre confrère de la République du Centre.
Yangzhou: le pont des cinq pavillons et la pagode blanche
Mais qui n’aime pas les journalistes ?
Que la République Populaire de Chine n’aime pas les journalistes, on n’en serait pas surpris pour un pays qui est classé 176° sur 180 (juste avant la Syrie) par l’ONG Reporters sans Frontières pour la liberté de la presse, mais que la ville d’Orléans obtempère à cette injonction de la mairie de Yangzhou laisse rêveur quant à la servilité de la ville d’Orléans, prête à brader tous principes démocratiques pour d’hypothétiques touristes chinois…
Mais les autorités chinoises contactées ne semblent pas assumer cet ostracisme à l’égard des journalistes étrangers que, d’ordinaire, la Chine accueille sans difficulté tant qu’il s’agit de faire la promotion du pays. Alors qui ment ?
La question se pose d’autant plus crument qu’il s’agit en l’occurrence d’inviter des “personnalités” qui seront chargées de “parler”, autrement dit de faire la promotion de la ville de Yangzhou auprès des Orléanais, en évitant bien sûr les questions qui fâchent ! Ça se complique donc avec le paradoxe d’une invitation à visiter Yangzhou pour favoriser la venue des touristes chinois dans notre bonne ville d’Orléans. Une rétro-promotion en quelque sorte !
L’empire en marche
George Macartney
Toutes proportions gardées, cette abdication municipale me rappelle l’anecdote racontée par Alain Peyrefitte dans son livre “L’empire immobile” (Fayard 1989), qui relate la rencontre en 1793 de Lord Macartney, ambassadeur de sa Majesté George III, et de l’empereur Qianlong qui souleva une délicate question de protocole: le Fils du Ciel exigeait que l’on mit deux genoux à terre devant lui, et Lord Macartney répondit que seul devant Dieu il se pliait à cette exigence.
La rencontre faillit être annulée mais dans son compte rendu au roi, Macartney affirma qu’il n’avait pas cédé devant l’empereur, alors que ce dernier consignait à l’encre rouge (réservée à l’empereur) dans ses notes quotidiennes que l’Anglais s’était plié à la tradition chinoise.
L’honneur était sauf de part et d’autre, et si l’on ne saura jamais qui a menti, il reste certain que l’empereur du plus grand pays du monde, n’avait sans doute pas perçu que cette délégation diplomatique irrespectueuse de la tradition séculaire chinoise, apportait avec elle ce qui allait ruiner pour deux siècles l’empire du Milieu, l’opium, dont le commerce allait justifier la guerre victorieuse de ces diables d’Anglais.
GP