Lundi soir à Ingré, Olivier Faure en campagne pour l’élection à la direction du Parti socialiste a dit à ces camarades venus l’écouter combien l’Orléanais lui rappelait de bons souvenirs. Ceux de ses premiers pas en politique. Il a raconté comment dans ce premier scrutin auquel il s’est présenté, les cantonales 1994 où il avait réussi 14,65% sous la casque PS, il avait été désigné presque par hasard. Michel Guérin l’indéboulonnable maire PC de Saran l’avait emporté et depuis, maintenant à la retraite, l’ancien cheminot communiste passe un coup de fil amical à Olivier Faure.
L’avenir c’est le poste de 1er secrétaire du PS qui se jouera le 29 mars avant le fameux congrès d’Aubervilliers des 7 et 8 avril qu’Olivier Faure n’a pas hésité à comparer lors de la réunion, à celui d’Epinay… sans François Mitterrand.
Dans quel état se trouve le PS aujourd’hui, Olivier Faure répond aux questions de Magcentre.
Vous faites des réunions publiques dans les Fédérations. Dans quel état trouvez-vous le PS, éclaté, découragé ?
Non, avec l’envie d’en finir avec ce qu’ils vivent comme des clivages obsolètes. La guerre de tranchée chez nous a trop duré. Ils ont envie de l’étape d’après, non pas de brûler le livre, mais de changer de chapitre, incontestablement. Il y a une volonté de renouvellement que j’ai même appelé « Renaissance » en référence à la Renaissance italienne…
Néanmoins quatre candidats se présentent, c’est le signe que les clivages existent encore ?
Oui, mais il vaut mieux un parti où l’on a le choix entre 4 candidats plutôt qu’un parti où le chef est désigné par le sur-chef. Je préfère qu’il n’y ait pas de Jupiter et qu’on ait un choix, ce qui donnera d’autant plus de force et de légitimité à celui qui en sortira vainqueur.
Il y a des angles qui s’ouvrent dans votre opposition à Emmanuel Macron, la réforme de la SNCF, la crise agricole, la loi sur l’immigration, l’aménagement du territoire… ce sont des « bonnes nouvelles » pour vous…
Ce sont plutôt des mauvaises nouvelles pour les Français, mais c’est vrai que lorsqu’ils cherchent l’alternative, soit ils vont à droite et ils se rendent compte que la politique que pourrait mener Laurent Wauquiez serait la même que celle que mène Edouard Philippe, qui était dans le même parti il y a quelques semaines. Notre responsabilité c’est de rebâtir une gauche de gouvernement qui puisse être une offre différente et donner aux Français un choix démocratique, devenu aujourd’hui difficile.
Est-ce crédible de proposer une politique de gauche après le quinquennat de François Hollande ?
Il faut que l’on tire nous-même les leçons de notre échec historique : on ne doit pas considérer qu’il ne s’est rien passé. Il ne suffit pas d’attendre pour que les Français à nouveau nous rejoignent. Non, il y a un travail à mener pas seulement entre socialistes car on peut rejouer le match à l’infini, un match que l’on a tous perdu ensemble. Mais il nous faut objectiver avec des intellectuels, des économistes, de syndicalistes, la société civile, organisée ou pas, qui permette de tirer les bonnes conclusions de ce que nous avons raté… C’est ce travail là qui est encore devant nous. Si ce travail n’est pas fait, si l’on explique pas aux Français qu’on a bien entendu leur message de mai et juin 2017, alors il y a peu de raisons qu’il nous écoutent à nouveau.
Dans l’état de déliquescence où semble être votre parti c’est mission impossible, suicidaire de prendre la tête du PS.
C’est ce que beaucoup m’ont dit. Mais depuis plus d’un siècle ce parti a été à l’origine de tous les grands progrès sociaux, de toutes les libertés conquises, et moi je ne me résous pas à voir cette formation politique se déliter et progressivement disparaître. Je ne veux pas d’un pays où le choix serait possible uniquement entre la droite et la droite. Cela suppose de faire renaître cette force de gouvernement qui a été pour beaucoup une espérance et qui ne l’est malheureusement plus aujourd’hui.
Ces élections législatives partielles à Montargis sur la 4 ème des 18 et 25 mars, ce sera un test pour vous ou c’est encore trop tôt ?
C’est trop tôt car notre congrès n’aura pas encore eu lieu. Notre travail de reconquête des esprits et des cœurs va être lent. Mais la présence de Jlila Gaboret dans ce scrutin est importante, car la question c’est quel est le message que les électeurs de gauche vont vouloir adresser au pouvoir en place. Est-ce qu’ils veulent donner un satisfecit à Emmanuel Macron ? Dans ce cas là il faut qu’ils reviennent voter pour sa candidate. Est-ce qu’ils veulent dire que l’alternance qu’ils souhaitent, c’est celle de Door et ses amis, est ce que ce sont les Républicains qui doivent l’incarner, ou veulent ils accompagner une gauche qui est dans une phase de renaissance. Je ne leur demande pas de considérer que nous avons atteint notre objectif. Mais pour ceux qui veulent espérer à nouveau à gauche, il n’y pas d’autre choix que celui de Jalila. Si vous regardez les élections partielles qui ont eu lieu, même lorsque nous nous sommes effondrés, les Insoumis n’ont pas réussi à capter cet électorat qui était autrefois celui des socialistes. Ce électeurs-là ce sont réfugiés dans l’abstention.
Propos recueillis par Christian Bidault.