En ce mercredi 13 décembre, après le Conseil des ministres et la remise du rapport sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, accompagné de 13 ministres et de l’ensemble de son cabinet, Edouard Philippe se délocalisera pour 48 heures dans le Lot, département rural de 170 000 habitants dans la région Occitanie. « Il m’est apparu qu’il pouvait être utile, non simplement de venir, de participer à une réunion et de repartir, mais de rester un peu sur place et d’en profiter pour discuter, pour rencontrer, pour échanger avec des acteurs de ce département », a expliqué le chef du gouvernement à l’Assemblée nationale.
Au cours de ce déplacement, le Premier ministre présidera à Cahors la deuxième Conférence des territoires du quinquennat. Lancé par le chef de l’Etat alors que la fin du cumul des mandats affaiblit les liens entre la capitale et les élus locaux, ce nouveau rendez-vous semestriel veut donner un cadre au dialogue Etat-collectivités locales. Des représentants des principales associations d’élus seront présents, Association des Maires de France (AMF), Assemblée des Départements de France (ADF) et associations du bloc communal. Après le clash de septembre au sujet du gel des dotations et de la baisse des emplois publics, les relations avec les Régions de France se sont assouplies et Hervé Morin leur nouveau président (UDI) participera à cette deuxième session. Jeudi matin, les échanges se tiendront dans un comité restreint d’une soixantaine de personnes. L’après-midi, ils seront étendus à 400 personnes dont de nombreux élus du Lot.
Cette seconde conférence sera surtout employée à faire le point sur le pacte financier proposé par l’Etat qui épargne les petites et moyennes communes et concentre les efforts sur les grandes collectivités. Si les dotations augmentent un peu ce sont les régions, les départements et les grandes villes qui supporteront l’essentiel des 13 milliards d’économies demandées par l’exécutif. La refonte de la fiscalité locale, le droit à l’expérimentation des collectivités et le statut de l’élu devrait également être abordé
Après un « dîner républicain » mercredi soir à Cahors et un autre jeudi avec des chefs d’entreprise toujours à Cahors, vendredi, le Premier ministre abordera l’éducation à Gourdon, la culture à Figeac, le Tourisme à Rocamadour, la réforme de l’Etat à Biars-sur-Céré. Un vrai marathon en forme de tour du Lot.
Sortir le pouvoir de Paris
Cette sortie du pouvoir hors de la capitale est loin d’être une nouveauté. Valéry Giscard d’Estaing avait en son temps mis à la mode la délocalisation en région du Conseil des ministres, en 1993 le gouvernement Balladur avait tenu un conseil interministériel d’aménagement du territoire à Mende en Lozère, Nicolas Sarkozy avait ensuite délocalisé des Conseils des ministres. Citons encore les dix jours du ministère du logement « délocalisé » à Lyon par Christine Boutin en 2007 dont le coût (300 000 euros) avait empêché de renouveler l’expérience. Délocalisations oubliées pour lesquelles le succès n’a pas toujours été au rendez-vous. Pour le premier ministre souvent inconnu des Français se sera l’occasion de tester sa popularité. Sera-t-il bien accueilli ? Rien n’est moins sûr. « Si vous espérez trois jours de sinécure gouvernementale, le Lot n’est pas la bonne adresse », l’a prévenu le député LR du Lot, Aurélien Pradié, 31 ans, bien implanté et qui a battu en juin un LER. Par ailleurs, à l’appel de la CGT, une manifestation est prévue jeudi après-midi à Cahors aux abords du parc des expositions où se tiendra la deuxième conférence des territoires.
F.C.