Devant les départements, Edouard Philippe dans le flou

Avant de gagner Bordeaux pour y rencontrer Alain Juppé, Edouard Philippe a fait étape, vendredi à Marseille avec la ferme intention de se rabibocher avec les départements. Mission périlleuse pour ce nouveau Premier ministre confronté à la puissante et compétente Assemblée des départements de France.

Il lui fallait apporter une réponse constructive à une motion commune de la droite et de la gauche mettant « quatre conditions sine qua non » à l’ouverture de discussions avec le gouvernement sur la baisse des dépenses publiques : maintien d’un fonds d’urgence pour les départements en difficulté pour financer les allocations individuelles de solidarité (AIS), financement par l’Etat de la prise en charge des mineurs non accompagnés, respect de la libre administration des collectivités territoriales, assouplissement du recours à l’expérimentation.En rédigeant cette motion, les présidents de conseils départementaux tendaient la main au dialogue. Il estiment qu’il n’est jamais bon de se fâcher.

Un fonds de soutien sans montant

Le Premier ministre a bien annoncé la reconduction d’un fonds de soutien comme les années précédentes mais sans en préciser le montant et les modalités d’attribution. Toutefois, il a précisé qu’une loi de finances rectificative serait votée avant la fin de l’année et invité son auditoire à travailler « ensemble, dans ce calendrier » .

Une mission pour les mineurs non accompagnés (MNA)

La manifestation pour les jeunes majeurs devant le conseil général du Loiret.

Edouard Philippe a rappelé l’engagement du président de la République de prendre en charge « l’évaluation et l’hébergement d’urgence des personnes se déclarant mineurs et entrants dans le dispositif jusqu’à ce que leur minorité soit confirmée ». L’annonce n’est que partiellement nouvelle, le gouvernement s’était déjà engagé à prendre en charge le coût de l’évaluation et 30% de celui de l’hébergement avant confirmation de l’âge du jeune. Mais les modalités de prise en charge des supposés mineurs en attente d’évaluation restent inconnues. Le Premier ministre a simplement indiqué, « Il nous faut mettre en place des dispositifs d’accueil et un processus de prise en charge scientifique, adapter des dispositions législatives, clarifier la question des coûts » avant d’annoncer la création d’une mission d’expertise commune, composée de représentants « des corps d’inspection de l’Etat et des cadres supérieurs des Conseils départementaux, bons connaisseurs de ces sujets », avec des conclusions pour la fin de l’année.

Prévention des inondations

L’évacuation des voitures piégées par les inondations sur l’A.10

Marc Fesneau (>MoDem, Loir-et-Cher).

Au chapitre de la réforme territoriale, Edouard Philippe a réaffirmé qu’il n’envisageait pas « une grande opération de mécano institutionnel » à part des assouplissements de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations. Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur mènera ces travaux avec le secrétaire d’Etat auprès de la transition écologique et solidaire. Le président du groupe Modem à l’Assemblée et député du Loir-et-Cher, Marc Fesneau y sera étroitement associé. Celui-ci devrait déposer une proposition de loi en                                                             ce sens dans les prochaines semaines.

Grand Paris

Edouard Philippe a par ailleurs confirmé la relance de la réforme territoriale en ce qui concerne le Grand Paris. L’exécutif passera aux travaux pratiques, lors d’une conférence territoriale particulière qui pourrait se tenir en novembre. « Tous les scénarios sont sur la table à part le statu quo ». En clair la fusion des trois départements de la petite couronne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne avec la métropole du Grand Paris n’est pas exclue, perspective que combattent sans relâche les élu des trois départements concernés .

Patelin, le Premier ministre s’est dit « incroyablement fier d’avoir été élu local » mais cela n’a pas suffi à compenser le flou de ses déclarations. Il y avait de la déception dans les rangs de l’Assemblée des départements de France, pas assez cependant pour déclencher une colère qui demeure latente. Marseille n’a pas ressemblé à Orléans et une possibilité de dialogue demeure.

F.C.

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