Sénatoriales dans le Loiret: vers la continuité sans le changement

Une élection chasse l’autre: après le couple Présidentielle-législatives du printemps, les sénatoriales vont désigner dimanche les trois représentants du Loiret au Palais du Luxembourg. Le Loiret (comme l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher en région) fait partie des départements renouvelables (170 sièges sur 348). Huit listes sont en lice à ces élections qui se dérouleront à la proportionnelle.

Jean-Pierre Sueur et ses co-listiers. De gauche à droite, Bernard Delaveau, Anne Besnier, et Denis Thion.

Scrutin indirect puisque seuls 1667 “grands électeurs” sont appelés aux urnes, ces élections n’ont que peu intéressé les Français. A l’inverse des deux précédentes scrutins, ces sénatoriales devraient échapper au “dégagisme”, au renouvellement, voire au chambardement qui a caractérisé les deux précédentes. Et devrait se traduire au final par la reconduction de deux sortants sur trois, Jean-Pierre Sueur (PS) et Jean-Noël Cardoux (LR). Le troisième sortant, Eric Doligé (LR) ne briguait pas de troisième mandat. Mais il a tenu à être présent sur la liste de Jean-Noël Cardoux investie par LR, pour bien montrer son désavoeu vis à vis de la candidature concurrente d’Hugues Saury (ex-LR), candidat “dissident” de la droite et du centre. Selon toutes vraisemblances ces trois hommes devraient représenter le Loiret au Sénat et les femmes devraient, sauf énorme surprise, passer leur tour, malgré la loi chabada qui oblige à une alternance femme-homme sur les listes.

Huit listes dans le Loiret

Le ticket officiel de LR, Jean-Noël Cardoux, Muriel Sauvegrain.

Seules deux listes sur huit seront menées par des femmes: celle du Parti communiste avec Dominique Tripet conseillère municipale d’Orléans, préférée à Franck Demaumont le maire de Chalette qui est deuxième et celle de La République en marche avec Aline Mériau.

Au début de l’été François Patriat le patron de LREM au Sénat comptait faire passer son groupe de 30 à 70. sénateurs. Depuis, les premières mesures impopulaires, pourtant dans le programme d’Emmanuel Macron, ont changé la donne. D’autant que comme aux législatives, la candidature de Benoit Lonceint a brouillé les cartes dans le camp de la majorité présidentielle. A la différence près que, cette fois, le dissident de LREM qui s’estimait plus légitime que la chef d’entreprise de Fay-aux-Loges, Aline Mériau, a maintenu mordicus sa candidature.

Sur la trentaine de candidatures reçues par la CNI (Commission nationale d’investiture), Aline Mériau a été choisie d’abord parce qu’Emmanuel Macron voulait des têtes de liste femmes. Elles ne seront que 7 en France à LREM. Quant aux militants et élus locaux du Loiret, notamment les maires qui avaient signé pour Macron à la Présidentielle, ils se plaignent de ne pas avoir été consultés sur ce choix.

Deux rivaux chez les marcheurs

(de g. à d.) : Nathalie Lucas, Éric Golhen, Aline Mériau, Éric Delfieu, Béatrice Ondulami.

Peu connue dans les communes qui font l’essentiel des grands électeurs, Aline Mériau qui a fait une campagne axée numérique a sans doute perdu la petite chance qu’elle avait d’aller au Palais du Luxembourg avec la concurrence de Benoit Lonceint qui, à l’image d’un Jean-Pierre Sueur dont il est proche, a labouré le terrain. De là à suggérer que le maintient de cette candidature kamikaze de Benoit Lonceint aurait été suggérée par le sénateur sortant socialiste…

Pour le sénateur sortant qui n’a pas mis son drapeau socialiste dans sa poche, le danger d’érosion aurait pu venir de la candidate de LREM. Gros bosseur durant son mandat, l’ancien président de la Commission des lois sous la précédente majorité socialiste à la Chambre haute,  connu et archi connu dans tout le Loiret, Jean-Pierre Sueur récolte à chaque fois des voix d’élus de droite et du centre. Dimanche, certains élus de LERM, dont d’anciens socialistes, n’excluent pas de voter pour lui.

Le cas Grouard réglé à Paris

A droite les choses n’ont pas été simples non plus. Le cas Serge Grouard s’est réglé à Paris à la CNI (Commission nationale d’investiture) de son parti Les Républicains. Pas de session de rattrapage des battus des législatives… L’ancien maire d’Orléans qui ne semble pas avoir bien compris le message des électeurs aux législatives, se voulait légitime à briguer un siège de sénateur. Mais pas question pour lui d’occuper une autre place sur une liste de droite que la première. Alors exit Serge Grouard.

Eric Doligé, sénateur sortant LR qui a accepté de “pousser” la liste Cardoux.

D’autres postulants ont fait un tour de piste, comme Frédéric Cuillerier qui en tant que président des maires du Loiret aurait pu aussi logiquement faire figure de candidat apte à recueillir les voix des élus locaux. Michel Martin (LR) le grand argentier d’Orléans et de la métropole avait crié haut et fort qu’il serait sur la ligne de départ avant de renoncer.

C’était sans compter avec Hugues Saury. Le président du conseil départemental élu dans le fauteuil d’Eric Doligé en 2014 au département, a décidé d’abréger ce mandat puisque, s’il est élu il ne pourra cumuler et choisirait le Palais du Luxembourg. Exclu de facto de LR faute d’avoir payé sa cotisation, l’ancien maire d’Olivet, recentré et de coeur rallié aux “constructifs” de l’Assemblée nationale, ne pouvait espérer être élu en s’alliant avec Jean-Noël Cardoux puisque, parité oblige, il n’aurait pu figurer qu’à la troisième place.

Hugues Saury en candidat libre

Hugues Saury

Alors il y va en candidat “libre” avec la caution en deuxième position de Monique Bévière, une “historique” du RPR et de l’UMP et le soutien affirmé d’une pléiade de maires du Loiret dont les communes ont bénéficié des subsides du département. Quant à la succession d’Hugues Saury à la tête du département il semble bien que Marc Gaudet (ex-UDI) qui s’était effacé devant Hugues Saury en 2014 soit l’homme de la situation. Eric Doligé n’a pas vraiment apprécié la “désertion” d’Hugues Saury du département dont il lui avait confié les clés, et il a voulu marquer le coup en s’inscrivant en cinquième position sur la liste légitimiste de Jean-Noël Cardoux.

Barrage aux femmes

Dominique Tripet (PC).

Dans de nombreux départements ces deux listes LR ou assimilées avec des hommes à leur tête barrent objectivement la route à l’élection d’une femme. Car bien qu’adoubé très officiellement par le national, Jean-Noël Cardoux, le sortant LR aura bien du mal à embarquer sa deuxième de liste Muriel Sauvegrain, la fidèle première adjointe  de Serge Grouard puis d’Olivier Carré, au Palais du Luxembourg.

Cette élection indirecte étant la “troisième mi-temps” logique des élections locales (municipales, régionales, départementale), le socle électoral plus qu’étroit du Parti communiste qui n’a sauvegardé des élus qu’à Saran et Chalette-sur-Loing, et qui n’en n’a plus ni à la région ni au département, ne laisse que peu d’espoir à l’autre femme tête de liste Dominique Tripet de bien figurer dimanche soir. Même chose pour le Front national, malgré son gros bataillon à la région, qui présente pour l’affichage son secrétaire départemental, Charles de Gevigney, en plain psychodrame sur fond de couscous.

Maison de retraite

Trois hommes pour représenter le Loiret durant six ans au Sénat dimanche soir dont deux septuagénaire, la chambre haute risque bien une fois encore de se voir traiter de “maison de retraite” de la classe politique. Alors que dans le cadre de nos institution, elle joue un rôle clé, ne serait-ce qu’un rôle coercitif en verrouillant les réformes constitutionnelles puisqu’il faut les 3/5 ème des parlementaires (députés plus sénateurs) pour réviser un article de la 5 ème République.

Qu’elles soient justifiées ou pas, les baisses de dotation de l’Etat envers les collectivités ont du mal à passer chez les élus locaux. Le verdict de dimanche soir constituera un sondage grandeur nature de ce malaise et sans doute un avertissement à Emmanuel Macron et Edouard Philippe.

Ch.B

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Au Tribunal

Le scrutin relatif aux élections sénatoriales aura lieu pour le département du Loiret qui désigne trois sénateurs, à Orléans au Tribunal de Grande Instance rue de la Bretonnerie. Le vote est obligatoire pour les 1667 grands électeurs. Les votants sont les Parlementaires, les conseillers régionaux (du Loiret), les conseillers départementaux, les délégués des conseils municipaux (à Orléans vile de plus de 30 000 habitants les conseillers municipaux, les adjoints et le maire ainsi que des délégués non élus qu’ils ont désignés). Le vote aura lieu de 9h à 15h et les résultats seront proclamés en fin de journée au Palais de justice par la Présidente du Tribunal de grande instance.

L’élection a lieu au scrutin de liste à un seul tour à la représentation proportionnelle, suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel.

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Les listes

Dynamisme des territoires et ruralité: Jean-Noël Cardoux, Muriel Sauvegrain, Jean-Claude Bouvard…

Reconnaissane des élus locaux: Philippe Le Dem, Isabelle Roquet Ghali, Alphonse Proffit…

A vos côtés: Hugues Saury, Monique Bévière, Jean-Jacques Malet

Pour le Loiret et ses communes: dynamisme et solidarité avec Jean-Pierre Sueur: Jean-Pierre Sueur,Anne Leclercq, Denis Thion.

Majorité présidentielle avec Emmanuel Macron: Benoit Lonceint, Fabienne Leproux, Alain Aché…

Liste bleu marine pour la défense de nos communes et de nos départements: Charles de Gevigney, Jeanne Beaulier, Philippe Lecoq…

Loiret, territoire d’avenir: Aline Mériau, Eric Delfieu, Béatrice Odunlami…

Des moyens pour nos communes et nos services publics locaux avec Dominique Tripet: Dominique Tripet, Franck demaumont, Maryvonne Hautin…

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