Dans une chambre d’hôtel, un homme et une femme s’aime intensément. Orlando a 57 ans, Marina a 20 ans de moins que lui. Mais qu’importe pour eux. Quand Orlando se réveille en pleine nuit et fait une attaque brutale, Marina fonce l’emmener à la clinique. Mais il sera trop tard. Marina, effondrée, va non seulement faire face au choc de la mort, déchirant, mais aussi aux suspicions policières d’une enquête, et au rejet abominable que lui fait subir la famille du défunt.
Avec une maîtrise grandiose de la mise en scène, des émotions et des dialogues, Sebastián Lelio fait d’une histoire sensible un puissant sujet identitaire. Le spectateur ne peut qu’être pris au piège d’une résilience impossible. Une tension sublime éclate au cœur de l’intrigue, touchant avec rage contre l’injustice. Marina est délicate, intrigante et extrêmement courageuse : ce qu’elle cache est absolument imperceptible.
C’est une personne fantastique qui l’incarne : une interprétation au sommet. Le film remue ce sort malheureux, et la sauvagerie humaine inapte ni à supporter ni à comprendre ce qui la dépasse. Sous fond de règlements de compte et de suivis policiers humiliants, Une femme fantastique est donc bien une réflexion identitaire, un refus de parjure et de rédemption contre les cracheurs de venin, un hurlement intérieur. On retient fortement nos larmes, on accompagne sa peine, et celle de telles femmes fantastiques que l’on ne croise pas dans nos vies.
Ce film est magnifique.
Stéphanie Joye
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