“C’est un gâchis ahurissant” résume Bruno Besson à propos du conflit entre Emmanuel Macron et le général de Villiers qui a débouché sur la démission du patron des armées.
Au centre Bruno Besson, à sa gauche Pierre de Villiers
Bruno Besson sait de quoi il parle. Vice-président puis président de l’Association des Journalistes de la Défense, Bruno Besson journaliste au bureau régional de la Nouvelle République du Centre-ouest à Orléans, a côtoyé et s’est même lié d’amitié avec Pierre de Viliers alors jeune capitaine, officier de cavalerie à Saumur (Maine-et-Loire). “C’était un homme très brillant, hors norme. J’avais fait un média training au régiment, il était incollable”. Bruno Besson comprend la levée de boucliers générée par les paroles d’Emmanuel Macron, pour lui des propos et une décision de “petit chef”.
Missile trivial
Bruno Besson
Quant au missile trivial décoché à l’origine par Pierre de Villiers devant la commission de la Défense Nationale de l’Assemblée, Bruno Besson a recoupé ses sources, “à aucun moment il s’en est pris à Macron. Il a dit , ‘je ne me laisserai pas baiser comme ça par Bercy'”. Dès lors il pointe le dysfonctionnement au sein du pouvoir exécutif, “Est-il normal que le chef d’Etat major des armées apprenne qu’on va lui piquer 850 millions dans son budget par une interview de Gérald Darmanin dans le Parisien“. Bercy a t-il “grillé” Macron qui s’est ensuite comporté pour Bruno Besson, “comme un gamin qui veut jouer les petits chefs”.
Pas d’explication politique
Le ministre du budget a t-il parlé trop vite? Sans l’assentiment du chef de l’Etat? Bruno Besson avait rencontré Pierre de Villiers qu’il tutoie, en janvier. “Quel que soit le gouvernement je resterai pour appliquer une politique bonne pour le armées“, avait dit le général. En juin, Emmanuel Macron avait reconduit Pierre de Villiers nommé par François Hollande et Jean-Yves le Drian dans ses fonctions. Ce qui exclut toute explication politique du bras de fer entre les deux hommes, Pierre de Villiers étant le frère du souverainiste Philippe de Villiers, le Vendéen.
Qui peut remplacer vraiment de Villiers apprécié de tous les militaires pour ses connaissances et sa pratique hors pair de la chose militaire, qui se sentait responsable de l’état des armées quitte à se cabrer et à commettre des maladresse? François Lecoitre nommé en conseil des Ministre “a des états de services remarquables, mais il ne connait pas les arcanes ” estime Bruno Besson.
Posture gaullienne
La genèse de ce conflit remonte en fait à la constitution du gouvernement et à l’éviction de Jean-Yves le Drian, le tout-puissant ministre de la Défense de François Hollande. Lors d’un précédent projet de coupe budgétaire des armées, Jean-Yves le Drian avait réussi à retourner le Président. A la grande satisfaction des militaires. “Macron, lui, ne veut pas de personnalité au gouvernement qui puisse lui faire de l’ombre. Alors il a nommé tour à tour Sylvie Goulard puis Florence Parly qui n’y connaissent rien en affaire militaire”. Et Jean-Yves le Drian, muet depuis le début de l’affaire, un des poids lourds socialistes rallié parmi les premiers à Macron, a été exilé aux Affaires étrangères. “Macron ne veut personne entre lui et les militaires, il veut être le chef tout seul”.
Pour Bruno Besson, “Macron, orgueilleux et têtu a cassé quelque chose”. Cet excès d’autorité d’Emmanuel Macron ne traduit-il pas une nouvelle posture gaullienne du jeune Président? Ne prend-il pas après tout la constitution de la V ème République au pied de la lettre qui fait du Président le chef de armées sans partage? Sauf que de Gaulle était général et avait quelques états de services à faire valoir. Conclusion de Bruno Besson, “c’est la vraie première faute politique d’Emmanuel Macron.”
Ch.B