C’est devant un aréopage d’une trentaine d’artistes orléanais que Sophie Ferkatadji, directrice de la culture à la Mairie d’Orléans, a présenté ce jeudi au musée des Beaux Arts, une sorte de rapport d’étape du projet de réhabilitation des vinaigreries Dessaux dont les travaux viennent de commencer, en présence d’Abel Moittié adjoint aux arts plastiques et avec le soutien actif de Jacqueline Febvre, directrice de l’ESAD.
Il faut dire que le projet orléanais se distingue des autres sites d’art contemporain qui se sont développés en région Centre-Val de Loire, depuis quelques années comme les Tanneries à Amilly, l’Emmetrop à Bourges, bien sur le FRAC à Orléans et tout récemment le rutilant CCOD de Tours: le site des vinaigreries d’Orléans, sur une idée que soutient depuis fort longtemps l’association d’artistes Couleur Vinaigre, se veut d’abord un lieu de création artistique. À l’écoute de cette idée, la ville d’Orléans a développé une démarche plutôt originale de consultation du milieu artistique* pour définir la structuration des lieux (environ 2.500 m²) centrée sur la création d’ateliers d’artistes qui trouveront là des locaux adaptés à leurs travaux complétés par des moyens techniques dont les besoins seront définis dans le cadre de l’avancée projet.
C’est ainsi une véritable “fabrique” artistique qui s’installera sur ce site industriel restauré, incluant évidemment des espaces d’expositions et de rencontres ouverts au public, l’ensemble étant confié à une structure de gouvernance déléguée qui aura aussi pour mission, de favoriser les échanges avec les artistes venus du monde entier. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé par la ville pour trouver la structure ad hoc pour co-animer cette future ruche.
Les travaux de réhabilitation, quant à eux, promettent d’être complexes: le bâtiment des vinaigreries est formé d’un enchevêtrement patrimonial qui va du pan de mur d’enceinte de 11m. de haut construit au XIVe siècle, à la halle dite Eiffel en passant par les restes de l’activité industrielle, ou la collection de graffes couvrant les murs intérieurs (le mur extérieur de la rue Saint-Flou étant conservé comme espace de création pour le street art), sans parler des fouilles qui pourront se révéler fructueuses dans ces lieux habités depuis l’antiquité… Quatre agences ont été retenues en avril pour présenter leurs projets de réhabilitation en septembre prochain. La ville souhaite une ouverture des lieux à l’été 2019, mais la Biennale d’Architecture y fera une première incursion en septembre prochain.
Après la disparition de plusieurs galeries d’art orléanaises, avec la réhabilitation de cette verrue urbaine que constituaient ces vinaigreries, les orléanais retrouveront un lieu d’animation artistique qui s’insérera dans un environnement où l’on trouve déjà le 108 rue de Bourgogne, l’église Saint-Pierre-le-Puellier, bientôt “La Ruche en Scène“, sans oublier l’atelier de gravure de la rue des Africains (qui cherche désespérément un repreneur…), dessinant ainsi un futur quartier des artistes au cœur d’Orléans.
Conclusion désinvolte d’un artiste anonyme à la sortie de la salle : “De toute façon on avait rien, donc c’est forcément bien !”
GP
*Les partenaires consultés:
Nicolas Royer pour “Mixar”
Philippe Bel pour ” Le Grenier à Sel “
Jean Michel Ouvry pour ” SacréBleu”
Noëlle Mirande et Isabelle Thion pour ” Autoportrait”