Il avait fait la campagne d’Alain Juppé au premier tour de la primaire à droite. Alors Mathieu Schlesinger, le maire d’Olivet, dont il est proche l’avait fait venir à Orléans pour soutenir le maire de Bordeaux lors de cette campagne. Humour pince-sans-rire, tête bien pleine mais pas la grosse tête, cool mais bourreau de travail, ancien prof à la fac de Droit d’Orléans, en mai 2017 une fois Emmanuel Macron entré à l’Elysée, le maire du Havre était donné favori pour Matignon. Retour sur cette courte période où le Président de la République constitue son équipe. En même temps à droite, en même temps à gauche et en même temps… au centre.
Première parution le 14 mai 2017.
Edouard Philippe, 46 ans, fait aujourd’hui figure de favori pour entrer à Matignon. Emmanuel Macron doit annoncer lundi le nom de son Premier ministre. Le maire du Havre, juppéiste convaincu, connait bien notre région, et en particulier Orléans, où il avait animé une réunion le 16 mars 2016, il y a plus d’un an. A l’époque la droite et le centre faisaient campagne pour la primaire.
Edouard Philippe, le maire du Havre (Seine-Maritime) et Matthieu Schlesinger, le maire d’Olivet (Loiret).
Et le délégué d’Alain Juppé , grand favori à l’époque, Matthieu Schlesinger avait convié Edouard Philippe dans un café du centre d’Orléans devant les membres des premiers comités Juppé. Ce jour-là le maire du Havre qui fut directeur général de l’UMP du temps d’Alain Juppé avait raconté sa proximité avec Orléans. “J’y ai enseigné le droit administratif à la fac d’Orléans la Source”, c’était entre 1997 à 2 000, et le maire du Havre expliquait ce jour-là que les navettes Paris-Orléans étaient bien plus pratiques que les Paris-le-Havre. Un de ces “turbo-profs” comme Orléans en a connu beaucoup, à l’image d’un Jean Guarrigues qui donne ses cours une fois par semaine à la fac de droit.
Ce n’est pas à cette époque que Matthieu Schlesinger, -le maire d’Olivet est plus jeune qu’Edouard Philippe- a connu le maire du Havre. Il raconte: “J’animais un club de réflexion à Paris du temps de Normal sup et Sciences po qui s’appelait la Tortue”, dont faisait partie Mael de Calan autre Juppéiste, venu lui aussi lors de la primaire dynamiser les équipes du Loiret avec son ouvrage contre le FN. “Un jour nous avons invité Edouard Philippe, il avait 33 ans à l’époque et il était directeur de l’UMP du temps où Alain Juppé présidait le parti”.
Maire du Havre, après avoir été adjoint d’Antoine Rufenatcht, Edouard Philippe a transformé sa ville, “comme Bordeaux, Nantes, il l’a dotée du tramway et surtout l’a tournée vers le port”. Ensuite Matthieu Schlesinger et Edouard Philippe ont continué à se fréquenter au Conseil d’Etat et puis lors des primaires de la droite, “nous nous sommes vus toutes les semaines durant deux ans”. Le maire d’Olivet était en effet l’une des plumes d’Alain Juppé.
Le soutien à Charles-Eric Lemaignen
Pourquoi Emmanuel Macron désignerait-il Edouard Philippe comme son Premier ministre. “Politiquement pour déstabiliser la droite”, lance Matthieu Schlesinger. Mais le plus jeune maire de la métropole d’Orléans refuse de donner un blanc seing à celui qui reste son ami. “Sa nomination à Matignon et l’entrée au gouvernement de Bruno Le Maire ne me suffiraient pas…S’il y a une recomposition il faut qu’elle se fasse avant les législatives, il faut un signal vers la droite, il faut un projet clair”. Alors, pour l’instant, pas question pour Matthieu Schlesinger de “basculer” vers la République en Marche. Il reste fidèle à son camp à quelques semaines des législatives: “sur la 1ère, je continue de soutenir Charles Eric Lemaignen, et Alexandrine Leclerc sur la 6.”
Un bourreau de travail avec le sens de l’Etat
A 46 ans, Edouard Philippe qui a fait des allers-retours entre privé et public, a “de l’expérience et le sens de l’Etat”, estime Matthieu Schlesinger qui souligne que son ami pour lequel il a “de l’estime” a une “vraie vision un projet politique, il sait construire des compromis, c’est un bourreau de travail, et il a le sens de l’Etat”, qui, comme Alain Juppé a fait ses preuves en transformant sa ville. Au plan philosophique, “c’est un libéral comme Emmanuel Macron, mais “en plus conservateur”.
Et ce qui ne gâche rien, le quadra au look décontracté, chemise ouverte, barbe de trois jours, au aussi le sens de l’humour.
Le maire d’Olivet est-il définitivement fermé à monter en marche avec Emmanuel Macron et les siens? “Il faut voir, si ce n’est que du débauchage… J’ai des convergences au plan économique avec le Président, en revanche sur certains points comme la famille je ne suis pas d’accord avec son programme”.
Début de réponse ce lundi.
Ch.B