Quatre mains pour un piano chinois

Le duo des sœurs Xie est formé par les pianistes chinoises Ya-ou Xie et Yashuangzi Xie, la musique contemporaine chinoise et la musique impressionniste française tiennent une place importante dans leur répertoire.
Ya-ou Xie est notamment lauréate du Concours international de Piano d’Orléans, où elle remporte en 2004 le Prix Sacem, le Prix Albert Roussel et le Prix des étudiants du Conservatoire d’Orléans.

Interview d’Isabella Vasilotta directrice d’Orléans concours international

C’est la première fois que les matinées du piano proposent un concert à quatre mains ?

Isabella Vasilotta directrice artistique et Marianna Abrahamyan

IV Non, je pense qu’il y a déjà eu des concerts à quatre mains, je ne connais pas tout l’historique, les matinées du piano existent depuis quelques années mais c’est la première fois depuis que je m’occupe des Matinées.
A l’origine, il y a donc Ya-Ou Xie qui est une pianiste, lauréate de prestigieux prix internationaux et du Concours d’Orléans, je crois en 2004. Je l’ai rencontrée l’an passé à Paris et elle m’a proposé cette idée, et l’intérêt c’est qu’elle travaille sur la musique contemporaine et la musique du début du XXe siècle et aussi sur la musique chinoise actuelle.

Ya-Ou Xie réside souvent en Europe à Berlin où elle a fondé, avec le pianiste Prodromos Symeonidis (également lauréat à Orléans en 2006), l’Ensemble Berlin Piano Percussion, ce qui montre l’intérêt du concours international d’Orléans pour créer des contacts entre les musiciens, mais aussi pour garder des liens avec nous, ce qui permet de proposer au public orléanais un programme très beau et intéressant.

Et au programme de ce dimanche ?

IV Ya-Ou Xie et sa sœur Yashuangzi Xie interpréteront donc dimanche cette surprise musicale du compositeur Xiangping Zou, Kui-The Legendary Chinese Musician from Ancient Times écrite en 1999, qui sera précédée par Six épigraphes antiques qui est une pièce de Debussy écrite à quatre mains, et au final elles interpréteront le Sacre du Printemps de Stravinsky, que tout le monde connaît et qui a fait un scandale énorme à l’époque et ce qui est intéressant c’est que l’on va passer par un piano à quatre mains ce qui va faire du piano une véritable réduction de l’orchestre. C’est un programme brillant et intéressant et surtout qui va nous faire découvrir la musique classique en Chine d’aujourd’hui.

Ce sera donc une découverte de la Chine pour les Orléanais !

IV C’est aussi une découverte pour moi, nous connaissons bien la musique contemporaine coréenne, la première lauréate du prix de composition, Unsuk Chin, était coréenne et elle est aujourd’hui la plus grande compositrice de Corée, le Japon aussi est bien connu, mais la Chine on ne connaît pas très bien même s’il y a des interprètes chinois en Europe, et c’est là je crois que l’interprète a un rôle important, c’est à dire que l’interprète est quelqu’un qui véhicule la musique de son pays ailleurs, et c’est vraiment l’intérêt de la musique contemporaine c’est d’être une communauté très cosmopolite, qui dépasse les nations, et les interprètes sont les « ambassadeurs » spontanés des compositeurs à l’étranger.

Les Orléanais ont ainsi pu découvrir en juin dernier, la musique chilienne contemporaine avec Maria-Paz Santibañez, elle aussi lauréate du Concours International d’Orléans, et nous préparons quelque chose pour juin autour d’un compositeur syrien.

C’est vraiment le rôle de la musique contemporaine de faire un pont entre les continents et dimanche ce sera vers la Chine avec le compositeur Xiangping Zou, et une œuvre au titre qui fait un peu rêver et l’on va retrouver les échos de la musique chinoise traditionnelle qui était très liée aux symboles, à la numérologie, il y avait très peu de lien entre la musique occidentale et la Chine sans parler des instruments qui étaient très différents.

Ce sera donc une Matinée du Piano comme chaque fois de découverte, et donc à ne pas manquer !

Propos recueillis par Gérard Poitou