Une vision du malaise existentiel que vit, encore, la Roumanie post-communiste.
Prix de la mise en scène à Cannes, « Baccalauréat » est un drame d’une intensité touchante, toute à fleur de peau, comme une caresse planante.
Un homme, bon, un père, une forte empreinte, est prêt à remuer ciel et terre pour protéger sa fille, quitte à voir sa propre vie se désagréger. Agressée avant de passer ses épreuves du Baccalauréat, pour partir ensuite faire ses études, sa fille va se retrouver face à ses propres choix, et face à ceux que, lui, croit être bons pour elle. Tout, pour son bien…
Un père magnifique (Adrian Titieni, bluffant) pour une histoire de rapport père/fille jamais vue, jamais autant scrutée à la loupe avec une somptueuse sobre tendresse. Car ce qui dénote, c’est l’authenticité accrue qui fait oublier la fiction. On ne regarde presque plus un film, et c’est en cela du grand cinéma. On nous immisce avec les personnages, qui n’ont pas tant d’émoi à revendre, qui se tiennent dans un jeu linéaire, mais si juste parce que, pas tant monotone. Tous sont sur un fil tendu, les tons sont assez neutres, le scénar est un presque-polar, et, pourtant, l’intrigue existe intensément.
A l’instar de Joachim Lafosse, Stéphane Brizé, Philippe Lioret, Jacques Audiard ou encore Ken Loach, Cristian Mungiu ne demande pas à ses acteurs de jouer mais d’être. Et il sont.
Stéphanie Joye
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