Saint-Dyé/Loire : Yoann Dubruque, artiste lyrique en devenir

Le 4 novembre dernier, invité par l’Association de Lutte contre la Douleur du Centre hospitalier de Blois, le voici qui occupe crânement le devant de la scène, artiste lyrique avec un physique de jeune premier, flanqué de son ami l’excellent pianiste accompagnateur Stéphane Trébuchet.

Concert Saint-Dyé/Loire

Yoann Dubruque et Stéphane Trébuchet.

L’enchantement commence avec Mozart, dans des extraits de La Flûte enchantée et Les Noces de Figaro. Yoann soutient aisément la comparaison avec les versions enregistrées que nous avons tous en tête. Voix puissante, bien posée, timbre très agréable. L’air des Puritains (Bellini), parfait exemple de bel canto admiré de Chopin, est tout aussi réussi. L’artiste a le sens des nuances, il sait moduler sa voix pour exprimer les différentes émotions que suggèrent les textes, il vit intensément sa musique.

Mais c’est dans le répertoire français qu’il excelle, comme on l’entendra tout au long de la soirée. Que ce soit dans Hamlet (Ambroise Thomas), Lakmé (Léo Delibes), Thaïs (J. Massenet), il chante avec une diction impeccable. Dans l’extrait de Faust (Gounod), il révèle un ambitus de vaste ampleur, dans lequel les graves (qui ne sont pas, à l’évidence dans sa tessiture favorite) ne perdent rien, ni en puissance, ni en expressivité. Remarquable soutien qui permet d’aborder sans faiblir des phrases musicales de très grande longueur.

Yoann est peut-être un peu moins convaincant dans les baroques : dans l’air de Dardanus (Rameau), on n’est pas tout-à-fait sûr de se trouver confronté à un monstre affreux. Il ne faut pas avoir peur d’en rajouter ! Quant à l’air de Rinaldo (Haendel), il ne convient pas pour être chanté en ce lieu : quels que soient les efforts de l’artiste, qui n’a en rien démérité, les bariolages deviennent un peu confus, en raison d’une acoustique inadaptée. Nous ne sommes pas à la Philharmonie !

Le programme se termine sur une interprétation sensible (sensuelle ?) de la Romance à l’Étoile de Tannhaüser (Wagner). On pourrait s’en tenir là, mais le public à la fois ravi et impitoyable en redemande, sans tenir aucun compte de la fatigue vocale que l’artiste pourrait légitimement éprouver, et il obtient trois rappels desquels se détache l’air de Don Camillo de Carmen (Bizet), retour bienvenu et très convaincant à la musique française.

On retire de cette belle soirée la certitude que Yoann Dubruque se prépare une vraie carrière dans le monde lyrique. Il se murmure qu’il a un engagement pour chanter Don Giovanni à Bruxelles. Est-ce le grand départ ?

Roger Bouchard.

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