Festival du Film Américain de Deauville, vol.42
Au programme: principalement des films indépendants américains (oui, car c’est la thématique) présentés en compétition et/ou en avant premières et accessoirement, défilées de starlettes fringuées (volontairement) par Dior et Chanel; aussi présents à Deauville.
Notre job: visionnage d’une quinzaine de films en compétition et/ou avant premières, jeu de questions-réponses entre journalistes et invités à la gueule de bois arrosé au champagne appelé «conférence de presse» et éventuellement participer au vote catégorie «prix du public».Lectrices, lecteurs, curieuses, curieux, voici in media res le palmarès complet plus ou moins satisfaisant du festival (source: j’ai pompé sur Allociné):
Grand Prix : Brooklyn Village d’Ira Sachs (sortie le 21 septembre, disponible au Cinéma Les Carmes)
Prix du Jury ex-æquo : Le Teckel de Todd Solondz (sortie le 19 octobre) & Captain Fantastic de Matt Ross (sortie le 12 octobre)
Prix de la Révélation : Le Teckel de Todd Solondz
Prix de la Critique : The Fits d’Anne Rose Holmer (sortie le 11 janvier 2017)
Prix du Public : Captain Fantastic de Matt Ross
Prix d’Ornano-Valenti : Willy 1er de Ludovic &Zoran Boukhema, Marielle Gauthier et Hugo P. Thomas (sortie le 19 octobre)
Cette année, Stanley Tucci, Michael Moore et James Franco étaient invités pour recevoir un prix d’honneur; cherchez l’intrus. Et deux d’entre eux venus présenter leurs derniers films: le nouveau documentaire de Michael Moore Where To Invade Next et In Dubious Battle, adaptation du roman de John Steinbeck, de et avec James Franco.
Autant vous le dire, je ne vais pas épiloguer sur tout le festival mais principalement m’appuyer sur deux films qui ont le mérite d’avoir leur place wouayt hire, pardon, right here. Je vais donc vous parler d’une comédie musicale et d’un biopic. – Ce teaser censé vous provoquer des frissons –
Mardi, regroupait entre autre tout une panoplie de films ayant pour thématique la musique; merci Bruno Barde, idée très originale. Tadatadatada dam (roulement de tambours façon Twentieth Century Fox): je vous présente le Mardi Music Day.
Mardi Music Day (MMD) – qui n’existe pas en vrai –
Jour spécifique en ce Mardi 6 Septembre puisque comédie musicale et biopic très jazzy étaient à l’honneur. Sur la programmation, nous pouvions lire: Sing Street de John Carney, Miles Ahead de et avec Don Cheadle et Born To Be Blue de Robert Budreau (que je n’ai malheureusement pas pu voir, vous pouvez me huer). Eh bien, que penser de ces films?
Si nous devions résumer Sing Street en une phrase: une bande de ringards modèle têtes d’ampoule veulent former un groupe de musique. Autrement dit, Grease rencontre Les Beaux Gosses. Dernier film de John Carney (Once, New York Melody), Sing Street, présenté en compétition et très très bien accueilli (le baromètre d’applaudissement était au bord de l’éclat), est une ode manifeste à la culture pop des années quatre vingt dit eighties. «Semi autobiographique avec quelques prises de libertés» selon Lucy Boynton, le réalisateur, malgré sa désinvolture, dresse à la fois un portrait de l’Irlande d’époque perdue, frappée par la pauvreté, le chômage, connaît une révolution à la fois des mœurs, où ambition et optimisme sont de rigueur, et surtout artistique.
C’est l’époque des jeans délavés, du fluo, des coiffures avec une touffe de mauvais goût, du synthé style K2000. Un seul remède pour y remédier: la musique. Nos protagonistes prépubères Cosmo (Ferdia Welsh-Peelo) et Raphina (Lucy Boynton) parfaits illustrateurs de cette jeunesse perdue, sont en quête d’assurance et surtout d’espoir. L’optimisme, ingrédient récurrent chez John Carney, est le déclenchement et l’effet catalyseur allant en opposition à ce pessimisme ambulant. Nos héros prennent le courage à deux mains et affrontent la dureté de la vie.
Musicien, également metteur en scène et scénariste (artiste accompli?), il n’en demeure par moins que sa réalisation et sa trame linéaire soient itératives. Prenez le générique d’intro de New York Melody et Sing Street: même typographie, même bande sonore (ambiance rock, pas toujours évident de placer «Stay Clean» de Motörhead). De même pour l’aspect scénaristique qui se résumerait de la façon suivante: une envie soudaine de monter un groupe car passionné de musique, un peu d’amour et d’eau fraîche et happy end.
En parlant de musique, le film se distingue plus particulièrement par sa bande son plus qu’originale. Il feature entre autre The Cure, Duran Duran, A-Ha, The Clash, Hall & Oates, Spandau Ballet et The Jam. Le réalisateur Irlandais est un amoureux de la musique et il nous le fait savoir. Rien qu’à jeter un coup d’oeil à sa filmographie, toutes les époques et genres musicaux sont représentés: de la folk (Once) à la new wave (Sing Street) en passant par la pop (New York Melody). En bref, John Carney signe un feel good movie frôlant la perfection s’incluant involontairement dans le teen movie, dommage. Sortie le 26 Octobre 2016.
Remakes, «fausses» suites, biopics, l’industrie du cinéma hollywoodien souffre d’une huge (qui veut dire énorme en anglais) crise générale; surtout des scénaristes. Il n’est pas anodin de voir en tête d’affiche des «machin truque bidule 2» ou des titres cultes ayant marqués notre jeunesse au format VHS mis au goût du jour.
Dans le catalogue des artistes musicaux, rubriques jazz, Miles Davis n’avait pas encore eu droit à son adaptation sur grand écran. «So What?» nous dirait-il. Sur la liste, Don Cheadle se propose candidat. Le projet n’est produit que «s’il engage un acteur blanc à ses côtés», partage t-il dans une interview dans le Rolling Stone datant de Mars dernier*. Après avoir bataillé contre les producteurs afin d’obtenir un financement, il cède finalement à ce chantage et engage Ewan Mc Gregor. Miles Ahead voit enfin le jour dont il réalise, co-produit et est interprète.
Si nous devions résumer Miles Ahead en une phrase: Miles l’alcolo-camé et son acolyte reporter «blanc» partent à la recherche de son enregistrement volé par des producteurs concurrents (des mafieux en fait). Et autant vous le dire, ça ne vole pas très haut. Une impression de regarder un épisode de Funky Cops. Le film aurait pu être d’autant plus intéressant mais le réalisateur a fait le choix de se focaliser sur un épisode en particulier, sa fin de carrière, et le présente sous la forme «d’un gangster». Miles, dégaine de loubard, voix rauque, ridé, porte un flingue, tire quand ça lui chante et pas de façon impromptue, sniffe, carbure au whisky. Du jamais vu.
Mais où est donc passé l’auteur de Birth of the Cool? Principalement dans les flash backs. Ne nions pas les remarquables transitions. Tu peux remercier tes techniciens de FinalCut Pro, Don. Malheureusement, ce camouflage ne permet pas au film de remonter la pente même si nous apprenons beaucoup de choses sur l’artiste, notamment son côté tyrannique, son addiction à l’alcool et aux femmes; même si nous comprenons davantage le contexte lié à l’album «Someday My Prince Will Come», un des albums phare de l’artiste…
Les morceaux clés de l’artiste sont présents, Don Cheadle imite Miles à la perfection et introduit «une histoire avec une petite touche d’improvisation» (cf. affiche du film). Ironiquement, le film souffre et manque de rythme.
Prochainement diffusé sur OCS le 1er Novembre 2016, à 20h40.
Sélection éclectique et intéressante,
Tu proposes. C’est ainsi que tu t’achèves, toi,
Festival du Film Américain de Deauville.
Comprenez ma passionnante
Envie de partage.
Place aux nouveaux pas
Sur de nouvelles pages.
Et comme dirait Tarantino: «Vive le cinéma!»
Charlie Tamperry
* lien de l’interview
http://www.rollingstone.com/movies/news/don-cheadle-why-i-had-to-make-a-miles-davis-biopic-2016031