Pas de doute, Thierry Lhermitte prouve une nouvelle fois son immense talent de comédien dans ce personnage d’homme doublement blessé par un accident d’autant plus tragique qu’il est invraisemblable.
Paul Sneijder est un quinqua français établi à Montréal qui travaille à la SAQ (traduction: Société des Alcools du Québec, boutiques de vente d’alcool et de vin contrôlées par les provinces au Canada). On ne sait pas grand chose de ce choix d’expatriation après un remariage, juste découvre-t-on que sa béquille et sa déprime font suite à un accident où sa première fille venue de France a trouvé la mort et où lui-même a survécu miraculeusement.
Paul Sneijder est confronté alors à un double défi: se reconstruire et “faire le deuil” (expression ô combien stupide !) de sa fille, double défi auquel il répond doublement non: non il ne reprendra pas son travail et non, il n’effacera pas la blessure irréparable de la perte de sa fille, cet “oubli” fut-il assorti d’une indemnité qui s’apparente au gain du loto. Ce film construit, dans ce double refus, un personnage aussi sensible que déterminé, qui n’est pas décidé, malgré les pressions familiales à faire de la vie et de ses sentiments un échange marchand, dans une belle leçon d’humanité.
Les décors un peu sinistres de la banlieue de Montréal en hiver contribuent au climat de ce film un brin méditatif avec ses longues promenades de chiens, mais c’est finalement regrettable que ce film français, expatrié dans la Belle Province, pêche par de lourds défauts de vraisemblance, depuis le jeu “plate en maudit” de l’épouse adultère au vouvoiement qui sonne bien faux dans les relations professionnelles au Québec, jusqu’à une fin à la symbolique surchargée.
Mais ce coté un peu “bricolé” du film ne met-il pas que mieux en exergue l’émouvante sensibilité d’un Thierry Lhermitte blessé par la vie…
Gérard Poitou
“La nouvelle vie de Paul Sneijder” un film de Thomas Vincent 1 h 54
Avec Thierry Lhermitte, Géraldine Pailhas, Pierre Curzi